jeudi 4 novembre 2010

Rachat de Djezzy : Le Premier ministre algérien pose quatre conditions, Naguib Sawiris s'en moque


Allo, M. Ouyahia, c'est Naguib Sawiris...Nouveau rebondissement dans l’affaire Djezzy. Naguib Sawiris, le patron égyptien de d'Orascom, propriétaire de la filiale de téléphonie mobile, refuse de se plier aux conditions d'Alger dans le cadre du rachat par les autorités algériennes de Djezzy. Sawiris a révélé, jeudi 4 novembre, à la chaîne de télévision Al-Arabiya, basé à Dubai, avoir eu un entretien téléphonique mardi 2 novembre avec le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia.

Dans son entretien téléphonique avec Ouyahia, le patron de Orascom Telécoms Holding, est brièvement revenu les conditions difficiles rencontrées par sa boite algérienne, qui gère la marque commerciale Djezzy, depuis novembre 2009 et qu’il est en attente d'une date pour entamer des négociations avec le gouvernement algérien. Sawiris ne s’est pas étalé sur la teneur de l’échange avec Ahmed Ouyahia.

Le patron d'OTH a souligné que le conflit sur la filiale Djezzy n'est pas de nature à faire capoter la fusion entre Weather Investments et VimpelCom, le groupe russo-norvégien. La fusion entre les deux sociétés sera totale en février prochain, a précisé l’homme d’affaires égyptien. A la chaîne de télévision arabe, Sawiris a confié qu’il n’est pas tenu de respecter les conditions du gouvernement algérien, préalables à l’entame des négociations.

Devant le Parlement, le Premier ministre algérien avait réaffirmé dimanche 31 octobre la ferme volonté de l’Algérie de racheter «définitivement» cette filiale. «L'Etat algérien rachètera Djezzy quels que soient les obstacles», avait estimé, Ahmed Ouyahia. Par ailleurs, ce dernier avait posé quatre conditions pour solder la conflit entre Alger et Sawiriss. Primo : l'assainissement de la situation fiscale d'OTH. Celle-ci est redevable à l'Etat algérien de 17 milliards DA (233, 6 millions de dollars.). Secundo : le règlement par Djezzy de sa dette contractée auprès d'autres parties en Algérie dont l'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) ainsi que l'assainissement de la situation des travailleurs de la société de téléphonie fixe dissoute «Lacom». Tertio : Djezzy se doit d'appliquer la «décision souveraine» de la justice concernant la plainte déposée par la Banque d'Algérie pour fraude dans le transfert et la législation des changes pour 190 millions de dollars. Quatro : la société Djezzy doit payer 20% de la plus-value à l'Algérie au moment de la vente. En conformité avec la législation algérienne. Réponse de Naguib Sawiris : aux conditions posées par Alger, Orascom n'est pas tenue. Voilà qui va pimenter davantage ce bras de fer entre Algériens et Egyptiens.

Ce n'est guère la première fois que le milliardaire égyptien qui obtenu la licence Djezzy en 2000 prenne de haut les autorités d'Alger. En septembre dernier, Naguib Sawiris avait évoqué des pressions exercées sur lui, la faiblesse de l’Etat de droit et les difficultés d’investir en Algérie. «Nous avons atteint une part de marché de plus de 70% dans les télécoms où il y a trois acteurs. Nous sommes les plus grands et ils ont commencé à exercer des pressions sur nous pour la simple raison que nous étions très rentables et que nous avons réussi», avait-il affirmé, jeudi 16 septembre au sommet des marchés émergents organisé par le magazine économique anglais The Economist.

Selon lui, le gouvernement algérien nourrissait une terrible jalousie pour sa succès story et avait donc lancé une vindicte sur ses intérêts. Dans le même entretien, il relevait également que «la faiblesse de l’Etat de droit le dissuade d’investir dans des marchés émergents comme l’Algérie» en référence à ses déboires : redressements fiscaux, interdiction de transfert de fonds vers l’étranger, opposition d’Alger dans le dossier de vente de Djezzy à l’opérateur sud-africain MTN. Il concluait son intervention en indiquant qu’il est impossible d’investir dans des pays en déficit de démocratie, dont l’Algérie, sans la bénédiction du Numéro I. «Vous devez vous rappeler que vous êtes dans un environnement non- démocratique. Dans aucun pays, vous ne pouvez investir sans la bénédiction du numéro 1. Si vous ne pouvez pas l'obtenir, vous ne devriez pas être là», avait-t-il révélé.

Naguib Sawiris qui avait crée sa filiale de téléphonie mobile en 1997 sait très bien de quoi il parle. Arrivé dans le bagages du Cheikh Mohamed El Shorafa, un vieil ami de Bouteflika, il avait réussi à coiffer sur le poteau de grandes compagnies de télécoms. Merci qui? Merci le président Bouteflika qui a pesé de son poids pour lui octroyer Djezzy. Naquib Sawiris a pu ainsi mettre le grappin sur la première licence d’exploitation de téléphonie mobile en Algérie pour 737 millions de dollars en juillet 2001. Lancé seul sur un marché a grande potentialités, il bénéficiera encore des largesses des autorités algériennes. Tout allait dans le meilleur des mondes jusqu’au jour ou Sawiris a décidé de revendre, deux cimenteries, fiancées par les banques algériennes, au groupe Lafarge pour 8 milliards de dollars avec comme royaltie une plus value de plus de 2,5 milliards dollars. Ce fut le début de la fin de l’empire Sawiris en terre algérienne. Ses protecteurs et ses bienfaiteurs d’hier sont devenus ses pires ennemis d’aujourd’hui.

Source : Dernières Nouvelles d'Algérie au 04/11/2010

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