lundi 22 novembre 2010

La transaction sur Tunisiana révèle la gestion à la hussarde du dossier par le gouvernement


QTel Telecom, via sa filiale Wataniya Telecom, a annoncé lundi 22 novembre avoir conclu un accord pour s’emparer de 50% du capital de Tunisia, détenus par Orascom Telecom Holding (OTH). Comme nous l’avions révélé dès le 13 octobre, le groupe qatari a agi à la demande du gouvernement tunisien. Ce dernier voyait d’un mauvais œil l’arrivée du russe Vimpelcom en Tunisie. Il a demandé à QTel, qui détenait déjà 50% du capital de Tunisiana, d’exercer son droit de préemption.

L’opération a été conclue en moins de 45 jours. Et dans la discrétion. Le ministre tunisien des Télécommunications avait même démenti nos informations sur l’opposition de Tunis à l’entrée de Vimpelcom dans le capital de Tunisiana. En parallèle, cette issue dans le dossier Tunisiana met en lumière les errements du gouvernement algérien dans le dossier Djezzy et risque de compliquer sa tâche.

Depuis le début de l’année, le gouvernement peine à trouver une stratégie dans cette affaire. De leur côté, les acteurs concernés – OTH et les actionnaires de Weather Investments - trouvent difficilement un interlocuteur. Toutes les demandes de négociation ou de médiation adressées au gouvernement sont restées sans suite, y compris quand elles émanent de personnalités influentes sur le plan international.

Après avoir confié la mission à un cabinet privé algérien, le gouvernement a décidé en octobre de s’adresser à des experts internationaux pour l’accompagner dans le processus de rachat de Djezzy. Mais là encore, l’appel d’offres a été mal rédigé. Le gouvernement algérien a en effet lancé un appel d’offres pour recruter « un cabinet conseil ou une banque d’affaires ». Or, un cabinet conseil et une banque d’affaires ne font pas le même métier. « C’est comme si un malade appelait une clinique pour dire qu’il est à la recherche d’un dentiste ou d’un cardiologue », explique un expert en fusions-acquisitions.

Ces errements dans la gestion du dossier pourraient coûter cher à l’Algérie. Orascom Telecom Holding (OTH) a déjà obtenu deux offres fermes de la part de MTN et de Vimpelcom qui valorisent Djezzy à près de 8 milliards de dollars. Il vient aussi de vendre 50% de sa filiale Tunisiana à QTel pour 1,2 milliard de dollars, soit 7 fois son ebitda de 2009. Si le même multiple est retenu en Algérie, Djezzy serait valorisée à 6,5 milliards de dollars. Or, c’est connu : la Tunisie est un marché moins important et moins attractif que l’Algérie. Le gouvernement algérien pourrait difficilement expliquer pourquoi il veut racheter Djezzy à 2 milliards de dollars.

En fait, Alger a perdu beaucoup de temps dans ce dossier. Le gouvernement aurait dû fixer un prix dès le début de l’année, après son refus de la transaction entre MTN et OTH. En faisant traîner les choses et en multipliant les procédures fiscales, il espérait sans doute faire baisser la valeur de Djezzy et pousser Naguib Sawiris, très endetté et en difficulté, à céder sa filiale au rabais. Mais Djezzy, comme le montrent ses résultats du troisième trimestre, résiste mieux que prévu. Et Naguib Sawiris semble avoir une longueur d’avance sur les experts qui conseillent le gouvernement algérien.

Source : Tout Sur l'Algérie au 22/11/2010

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