jeudi 25 novembre 2010

Doutes dans la sélection de la banque d’affaire pour acquérir Djezzy


Dix cabinets conseil et banques d’affaires ont répondu à l’appel d’offres lancé par le ministère des finances algérien pour l’accompagner dans l’opération d’acquisition de Djezzy, le premier opérateur de téléphonie dans le pays. Une analyse rapide des offres confirme ce qui ce que disaient les experts à Alger. Hyper restrictif, l’appel d’offres était mal conçu. Au strict mot, il pourrait être infructueux.

« La confection de l’appel d’offres va priver le gouvernement algérien de 90% des meilleurs banques d’affaires dans la soumission » a prévenu, il y’a quelques jours un expert financier international. Le résultat est là. Hormis HSBC et le groupement Rothschild, il n’existe aucun acteur parmi les 20 premiers mondiaux de son métier au sein des 08 autres cabinets conseil et banques d’affaires qui ont déposé un des plis ouvert ce mercredi 24 novembre au ministère des finances. Deux offres émanent d’ailleurs de purs cabinets d’avocats, celle de Curtis, Mallet-Prevost, Colt & Mosle LLP (US), et celle de Sherman Sterling (GB). Elles sont, ce n’est pas un hasard, les deux offres les plus basses (moins disantes) financièrement avec 1,8 millions d’euros pour la première et 3,6 millions d’euros pour la seconde. Les deux grandes enseignes de cette compétition, HSBC et le groupement Rothschild sont rattrapées, en principe, par les méandres très restrictifs du cahier des charges. HSBC a déjà conseillé le sud- africain MTN dans le rachat de OTH au printemps dernier, elle est en outre un préteur de OTH. Le groupement Rothschild a négocié en 2010 avec les autorités algériennes la confection du cahier des charges qui a fondé l’appel d’offres auquel il a participé. Renaissance Capital + Aramis + 9 advisory +ICE qui a fait une offre de 14,36 millions de dollars est conduit par une banque d’origine Russe qui a déjà monté en octobre 2010 avec Alpha Bank un financement au profit de VimpelCom, l’acquéreur potentiel d’OTH. L’offre de Swicorp (Arabie Saoudite 6,38 millions d’euros), poserait le problème d’un conflit de la société mère tunisienne. Swicorp apparaît comme un véhicule saoudien pour porter une offre tunisienne à Alger. PWC (apparenté Koweït, 10, 43 millions de dollars) est engagé auprès d'OTH comme conseiller en impôt contre l'Etat Algérien dans le litige fiscal avec OTA.

Le tunisien RSM émerge de l’hécatombe

Conséquence de cet écrémage par les conditions très restrictives de l’appel d’offres, c’est le tunisien RMS Ahmed Mansour & Associes, sans grandes références internationales connues, qui parmi, les soumissionnaires, présente le moins de risques de conflits d’intérêt, son dossier, contrairement à de nombreux autres concurrents étant complet et son délais de 2 mois le plus compétitif. RSM n’est par contre pas le moins cher avec 6,58 millions de dollars. Les clauses éliminatoires du cahier des charges, confectionnées curieusement par la direction du budget du ministère des finances, rendent non éligibles à ce marché les banques ou cabinets ayant une relation de comptes, de préteurs ou de conseillers soit avec OTA , soit avec OTH, soit avec Weather investment (actionnaire de référence de OTH), soit avec Vimpelcom ainsi qu’avec tous les autres associés d’OTH et de Vimpelcom, comme Wataniya en Tunisie, ou ailleurs dans les autres opérations dans le monde. Le confrère journal électronique Viva L’Algérie a établit une « petite liste » des non éligibles ; elle comporte : « BNP Paribas, Société Générale, Citibank, Calyon, Crédit Lyonnais, Deutsch Bank, Crédit Agricole, Citibank, HSBC, Morgan Stanley, JP Morgan, Merrill lynch, Goldman Sachs, Crédit Suisse, UBS, Lazars, Barclays Capital, EFG Hermes ». Cette liste est donc amenée à s’étendre encore après l’ouverture des plis de mercredi dernier au point de rendre peut-être l’appel d’offres infructueux. Sauf à piétiner le cahier des charges, pour aller de l’avant… et acheter Djezzy quoiqu’il coûtât.

Source : Maghreb Émergent au 25/11/2010

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