jeudi 7 octobre 2010

Djezzy : manoeuvres des uns et des autres


La manœuvre à laquelle se livre Sawiris avec les Russes n'est rien d'autre qu'une tentative de rééditer l’exploit" de Lafarge lorsqu'il a revendu, avec une confortable marge, des actifs acquis à vil prix quelques mois auparavant. Il y a une différence de taille néanmoins que Sawiris aurait tort de ne pas prendre en compte qui est que, alors que rien ne lui interdisait de vendre ses parts dans le ciment à Lafarge, il existe maintenant un arsenal juridique qui prohibe la cession d'actifs à des entités étrangères si l'Etat a décidé d'exercer son droit de préemption. En passant outre, Sawiris a foulé aux pieds les lois de la République et à ce titre déjà s'expose, dans un Etat qui se respecte, aux plus sévères sanctions, nonobstant les procédures de redressement fiscal et de violation du contrôle des changes en cours. L'acquéreur non plus n'est pas exempt de reproches puisque la procédure de "due diligence" à laquelle il s'est livré préalablement à l'achat n'a pas pu ne pas lui révéler l'existence de l'hypothèque que constitue le conflit de Djezzy avec l'Etat algérien et qui a du de toutes façons obérer la valorisation de Weather, la société mère de Djezzy. Gageons que l'accord entre les deux parties russe et égyptienne doit contenir une clause confidentielle qui doit sortir du périmètre de la fusion Djezzy au cas ou les manoeuvres d'esbroufe de Sawris et de l'oligarque russe ne réussiraient pas. On le voit, la situation est très complexe et ne s'accommode pas de raccourcis comme ceux qu'empruntent certains commentateurs en qualifiant l'opération récente d'investissement russe en Algérie alors qu'il s'agit en réalité d'une opération dont le caractère hostile envers les intérêts de l'Algérie devrait lui interdire de figurer au menu des discussions d'Etat à Etat au nom des usages diplomatiques les plus élémentaires, sinon pour la réprouver.

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