mercredi 13 octobre 2010

Djezzy et les barons du change parallèle : 55 millions de dollars évadés par mois vers l'étranger


Des responsables de Djezzy, premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie, sont impliqués dans diverses opérations de transfert de devises vers l'étranger via des circuits parallèles. Une enquête de la police algérienne, dont les premiers éléments ont été révélés par le quotidien arabophone Waqt El Djazaïr (13 octobre 2010), fait état de 4 milliards de dinars (54,2 millions de dollars) transférés chaque mois vers des comptes à l'étranger. Le pot aux roses a été découvert récemment suite à l'arrestation de plusieurs spécialisées dans le «commerce» de la devise. Djezzy n'a pas démenti pour l'heure cette information.

Le quotidien arabophone indique qu'après une série d’enquêtes des services de sécurité en charge de cette affaire laissent croire que des responsables de la société de téléphonie achetaient de grosses sommes d’argent auprès de plusieurs gros barrons spécialisés dans le change parallèle et ayant pignon sur rue sur une grande place d'Alger. Par l'intermédiaire de ces cambistes activant au vu et au su des autorités, des responsables de Djezzy pouvaient ainsi procéder à des transactions financières au marché parallèle où l'euro s'échange à plus de 120 dinars. Du troc : dinar contre devise. Le transfert de devises de banque en banque étant sévèrement contrôlé en Algérie, gros barrons, intermédiaires et responsables de Djezzy se donnent ainsi rendez-vous à l’étranger pour conclure le deal. Le dinar reste en Algérie, la contre-partie est versées aux dirigeants de l'opérateur en devises à l'étranger.

Surfacturation des achats de matériel de maintenance

Selon une source proche du dossier citée par le journal, l'entreprise échangeait moyennement une valeur de 1 milliard de dinars par semaine, soit 4 milliard par mois, pour en percevoir l'équivalent de 35 millions de dollars par mois à l'étranger. Citant la même source non identifiée, Waqt Al Djazair affirme que l'opérateur usaient d’autres procédés délictueux pour transférer des capitaux à l’étranger, notamment la sur facturation des achats de matériel de maintenance et autres installations. Des enquêtes, ajoute le quotidien, révèlent que des équipements importés par cette entreprise n'étaient pas conforme aux factures présentées tant au niveau de la qualité que de la quantité.

Début octobre, le PDG de Djezzy, Thamer El Mahdi, avait été entendu par la police

Depuis la notification du premier redressement fiscal d'envirn 600 millions de dollars en juillet 2009, les autorités algériennes ont décidé de mettre sous étroite surveillance la gestion de Djezzy, particulièrement ses transactions financières. La Banque d'Algérie a ainsi interdit dès avril 2010 aux responsables de cet opérateur le transfert de ses dividendes vers l'étranger, Djezzy étant jusque là une machine à sou qui génère des centaines de millions de dollars par an. Les services des douanes scrutent également à la loupe les opérations d'importations engagées par les dirigeants de Djezzy. Début octobre, le PDG de Djezzy, Thamer El Mahdi, avait été entendu par la police dans le dans le cadre d'une plainte déposée par la Banque d'Algérie alors que le fisc algérien s'apprête à réclamer 230 millions de dollars supplémentaires pour des arriérés d'impôts non payés.

Silence radio

Le recours aux gros barrons du change parallèle intervient-il depuis l'éclatement de la crise en novembre 2009 entre le gouvernement algérien et les responsables d'Orascom ou est-ce un procédé qui date de plusieurs années ? En clair, les dirigeants de Djezzy s'emploient-ils à accélérer le rapatriement de leurs dividendes par des voies contournées dès lors que cette filiale du groupe Orascom a été cédée au groupe Vimpelcom dans le cadre d'une transaction globale?Une chose parait pour le moins certaine : le gel de la domiciliation des factures de transferts de devises étant effectif depuis avril 2010, le recours aux barrons du change parallèle a dû fonctionner à plein régime au cours du printemps et de l'été avant d'être découvert. Contactée par DNA, la rédaction en chef de Waqt Al Djazaïr affirme ne pas avoir reçu ni démenti ni confirmation de la part des responsables de Djezzy.

L'attitude de cette filiale de téléphonie mobile dont le responsable de la communication compte de nombreux « amis » dans la presse algérienne est tout de même déconcertante. C'est que ces nouvelles révélations ne portent pas sur une banale transaction, mais sur des transfert de devises qui se chiffrent en millions de dollars.

Source : Dernières Nouvelles d'Algérie au 13/10/2010

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