jeudi 7 octobre 2010

Comment le gouvernement s’est mis dans l’impasse : Les maladresses du gouvernement dans le dossier Djezzy


Depuis le début de l’affaire Djezzy il y a près d’un an, le gouvernement Ouyahia a multiplié les maladresses. Les autorités algériennes ont donné l’impression de gérer le dossier comme s’il concernait une entreprise locale détenue à 100% par des capitaux algériens, à l’image de Khalifa ou Tonic emballage. A aucun moment, le gouvernement n’a fait appel à un cabinet d’avocats d’affaires ou d’experts internationaux pour l’assister dans la gestion du dossier. Résultat, il se retrouve aujourd’hui dans une situation complexe.

La principale maladresse concerne le prix de Djezzy. Au lieu de tergiverser et de confier en août au cabinet privé Hadj Ali la mission de définir la valeur de l’opérateur, le gouvernement aurait dû fixer lui-même un prix dès le départ. Ce type de valorisation ne nécessite ni audit ni mission de longue de durée. Quelques jours de travail auraient suffit au gouvernement pour dire que selon lui, Djezzy vaut 1, 2 ou 3 milliards de dollars. Ce prix aurait constitué la base de négociations avec le russe Vimpelcom, nouveau propriétaire de Djezzy. Aujourd’hui, c’est le prix fixé par les Russes (7,8 milliards de dollars) qui est devenu la référence de la négociation. L’Etat algérien pourra difficilement négocier sur une autre base, à moins de décider d’une nationalisation forcée qui changerait complètement la donne avec les Russes.

Avec Naguib Sawiris, le dossier était politique. En plus du différend entre Alger et Le Caire suite au fameux match de football entre les deux pays de novembre dernier et de l’affaire Lafarge, ce sont les bonnes –puis mauvaises- relations entre l’homme d’affaires égyptien et les autorités algériennes qui étaient au cœur du problème. Pour les Russes, le dossier est considéré comme purement économique. D’ailleurs, le président Dimitri Medvedev, en visite mercredi à Alger, n’a pas évoqué le sujet avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. Comprendre : pour lui, Djezzy n’est pas un problème politique mais économique. « Les Russes ont dit : nous aimerions bien garder l’actif mais nous sommes prêts à le céder à un prix équitable. Ce prix est de 7,8 milliards de dollars », explique un banquier d’affaires.

L’autre maladresse commise par le gouvernement est de ne pas avoir compris le sens des tractations entre Naguib Sawiris et les Russes avant la conclusion du deal. Pourtant à Alger, des experts avaient mis en garde le gouvernement sur la nécessité de se préparer à contrer le deal avant sa réalisation. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Mystère. Aujourd’hui, la situation est devenue complexe dans la mesure où Djezzy n’a pas changé de mains. « Orascom Telecom Holding existe toujours. Elle est cotée en Bourse, au Caire et à Londres. C’est son actionnaire majoritaire Weather qui a fusionné avec Vimpelcom », précise le même banquier. Le droit de préemption de l’Etat algérien ne peut donc pas s’appliquer.

D’ailleurs les responsables du groupe russe parlent d’une volonté algérienne de « nationaliser » Djezzy. A aucun moment, le mot droit de préemption n’a été prononcé. Aujourd’hui, une chose est sûre : quelle que soit la solution dans ce dossier, elle sera mauvaise pour l’Algérie. Si le gouvernement renonce à acquérir Djezzy, c’est toute la nouvelle politique économique algérienne qui risque d'en pâtir. Le gouvernement peut malgré tout décider de racheter Djezzy. En négociant un peu, il pourrait faire baisser le prix de quelques centaines de millions de dollars aux alentours de 7 milliards de dollars. C’est sept fois l’ebidta de Djezzy en 2008. Dans le secteur de la téléphonie mobile, un tel multiple de valorisation est raisonnable. Mais l’Etat algérien, qui peine déjà à gérer Mobilis et Algérie Telecom, pourrait-il faire fructifier un tel investissement ? C'est peu probable.

Enfin, l’Algérie pourrait décider de poursuivre son bras de fer avec Djezzy. Dans ce cas, en plus de l’inutilité d’une telle option – Naguib Sawiris est sorti d’Algérie, le problème deviendra politique. Dimitri Medvedev pourrait alors l’aborder avec le président Abdelaziz Bouteflika.

Source : Tout Sur l'Algérie au 07/10/2010

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