lundi 25 octobre 2010

Visibilité


Depuis que l’affaire a éclaté, comme un des dommages collatéraux de la dégradation des relations algéro-égyptiennes, nous avons assisté à une sorte de dialogue de sourds entre les deux parties sur fond de tractations underground, de menaces et pressions fiscales.

Un député du RND a interpellé hier le Premier ministre sur l’affaire Djezzy, qui fait la une des journaux depuis des mois sans qu’on y voie net ou, plutôt, sans qu’on entende clair, puisqu’il s’agit de téléphonie. Tout porte à croire que l’interpellation du parlementaire, loin d’être une initiative personnelle, est délibérément suscitée pour dérouler le tapis rouge à Ahmed Ouyahia, resté jusque-là aphone sur le dossier, afin qu’il donne sa version.

Car depuis que l’affaire a éclaté, comme un des dommages collatéraux de la dégradation des relations algéro-égyptiennes, nous avons assisté à une sorte de dialogue de sourds entre les deux parties sur fond de tractations underground, de menaces et pressions fiscales.

Du côté algérien, c’est le même leitmotiv qui revient à travers les propos des ministres qui ont eu à s’exprimer sur le dossier, à savoir que l’Algérie est prioritaire pour le rachat de Djezzy, en vertu du droit de préemption instauré à la faveur de la LFC de juillet 2009. Et cela pour tirer le tapis sous les pieds de Naguib Sawiris, qui avait précédemment pigeonné l’Algérie dans la rétrocession de la cimenterie de Aïn Ousséra au groupe français Lafarge. C’est en vertu de ce droit brandi comme une sorte d’argument d’autorité imparable que l’Algérie avait torpillé une première fois les velléités de rachat de Djezzy par le géant de la téléphonie sud-africain MTM. C’est ce même droit qui est encore mis en avant par l’Algérie pour considérer, aujourd’hui, comme nul et non-avenu le passage d’OTA sous la coupe du groupe russo-norvégien Vimpelcom, continuant à considérer le patron de Djezzy comme le seul interlocuteur.

Patriotisme économique, pourquoi pas, mais toute la question est de savoir si au regard des lois du marché, la position algérienne tient la route. Alexandre Isosimov, le patron de Vimpelcom, tout en affichant sa volonté de négocier avec l’Algérie, voire de lui vendre Djezzy pour 8 milliards de dollars, menace néanmoins de recourir à un arbitrage international faute d’un accord avec Alger.

Ce qui est attendu justement de M. Ouyahia, c’est de donner à l’opinion une visibilité sur ce dossier, à travers lequel beaucoup de pays nous regardent. Il s’agira surtout de faire en sorte que cette entreprise qui a apporté à l’Algérie une plus-value et un know-how puisse être sauvée. Pourquoi pas un consortium entre opérateurs publics et privés pour éviter le retour au monopole étatique.

Source : Journal Liberté du 25/10/2010

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