mardi 26 octobre 2010

La petite musique tunisienne face à l'éventuel débarquement russe sur Tunisiana


Les Tunisiens ont démenti s'opposer à la venue du russo-norvégien VimpelCom qui se retrouverait, en cas de réalisation de la fusion avec Orascom Telecom, détenteur de 50% de parts dans l'opérateur Tunisiana. Le débarquement russe ne les enchante pas néanmoins. D'où le souhait, inexprimé de voir Qtel, l'autre actionnaire de Tunisiana, prendre plus de place.

La Tunisie ne voit pas d'un bon œil l'entrée de l'opérateur russe-norvégien dans Tunisiana, détenue à 50% par Orascom Telecom. Mais, volonté de ne pas nuire à son image de paradis des IDE, le gouvernement reste «contraint dans l'expression» pour reprendre une fameuse expression d'un ancien chef de gouvernement français. Naguib Sawiris qui doit faire aux doutes qui s'expriment de la part d'actionnaires importants de VimpleCom au sujet du projet de fusion ne risque pas de faire face, officiellement du moins, à une opposition aussi nette que celle exprimée par le gouvernement algérien. Tout se passe dans le respect du formalisme juridique. Ainsi, avec l'annonce du projet de fusion, le ministre des Technologies de la communication, Mohamed Naceur Ammar, a adressé à la direction de Tunisiana un courrier qui rappelle les règles en vigueur. Le ministre tunisien rappelait que conformément à la concession accordée à l'opérateur Tunisiana en 2002, tout changement dans la participation directe ou indirecte dans l'actionnariat de l'opérateur de téléphonie mobile, doit obtenir l'aval préalable du gouvernement tunisien. Les journaux algériens ont-ils trop forcé dans l'interprétation en voyant dans le geste du ministre tunisien l'affirmation d'une sorte de droit de préemption à l'algérienne ?

L'option Qtel

Certains journaux se sont allés, en effet, à cette conclusion hâtive. Que le ministre tunisien concerné, soucieux de ne pas prêter flanc à l'accusation d'entraver des transactions normales, s'est empressé de démentir. Il a expliqué en substance qu'il ne s'opposait pas à l'entrée du russo-norvégien dans le capital de Tunisiana mais qu'il s'est contenté de rappeler les termes de la licence qui lui avait été accordée. Pourtant, l'information la plus «sensible» est venue de médias spécialisés tunisiens. Selon eux, l'Etat tunisien préfèrerait que le qatari Qtel qui a hérité de 50% de Tunisiana après le rachat du koweitien El Wataniya – propriétaire initial de Nedjma en Algérie – élargisse sa participation. Ce serait donc un droit de préemption de Qtel qui s'exercerait. Le site financier Tustex a indiqué que l'affaire Tunisiana aura constitué un des sujets de discussions, le 8 octobre dernier, avec l'émir du Qatar, Cheikh Hamad Ibn Khalifa Al Thani. Avec un certain à propos, Tustex notait que la presse officielle tunisienne avait souligné que les entretiens entre l'émir du Qatar et Ben Ali ont porté sur «les relations bilatérales, les perspectives de renforcement de la coopération, l'impulsion de l'investissement et particulièrement les mégaprojets d'investissement, la promotion du partenariat et le développement des échanges commerciaux» entre les deux pays. Rien de bien précis. Il reste que les hésitations des principaux actionnaires de VimpleCom (voir article de Salim Rabia) pourraient rendre plus forte l'option d'une cession des 50% des parts de Tunisiana détenues par Naguib Sawiris à Qtel qui renforcerait ainsi sa présence en Afrique du Nord. A priori, et contrairement à l'Algérie, la Tunisie ne verrait pas d'objection à ce que Sawiris associe, en cas de besoin, VimpelCom aux négociations avec Qatar Telecom. La Tunisie a beau ne pas apprécier un débarquement russe, elle le fait, en douceur, avec sa petite musique.

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