mercredi 6 octobre 2010

Composé d’actionnaires russe et norvégien : Vimpelcom à la conquête des marchés émergents


La conquête des marchés internationaux par l’entreprise russe Vimpelcom est une épopée digne du XXIe siècle. Fondée en 1992, la petite société russe de télécoms s’est progressivement élargie jusqu’à se placer, par un coup de maître, sur les trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Europe.

Vimpelcom qui couvrait, jusque-là, la Russie, l’Ukraine, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, la Géorgie, l’Arménie, le Kirghizstan, le Vietnam et le Cambodge, accapare désormais les marchés algérien et italien à travers les opérateurs Djezzy et Wind.


Elle se hisse ainsi à la cinquième place mondiale derrière les géants que sont AT&T, Verizon, Deutsche Telekom...
La fusion avec le groupe Orascom permettra à l’opérateur russe de s’établir à la tête d’un gigantesque ensemble comptant 174 millions d’abonnés au téléphone mobile dans le monde. Il pèsera 21,5 milliards de dollars de revenus avec un excédent brut d’exploitation de 9,5 milliards de dollars et une capitalisation de 17,5 milliards de dollars...

Les noms commerciaux de Vimpelcom à travers le monde s’accumulent jusqu’à se confondre : Beeline, Kyivstar, Djuice et bientôt Djezzy.
Dès sa création, Vimpelcom a été exploité par le réseau AMPS/D-AMPS dans la région de Moscou. Cinq ans plus tard, l’entreprise a été reprise par un banquier américain d’origine russe, Leonid Rozhetskin, qui en a fait la première entreprise russe cotée à la Bourse de New York. L’oligarque, qui a également produit des films hollywoodiens, disparaît mystérieusement avec sa femme en 2008, laissant une sordide intrigue derrière lui.

Dans les années 2000 et malgré quelques difficultés, l’entreprise gravit les échelons. Le bénéfice de Vimpelcom a atteint environ 350 milliards de dollars en 2004, en augmentation de 53% par rapport à 2003.Le groupe se renforce davantage grâce aux acquisitions d’entreprises étrangères. En janvier 2005, Beeline, filiale de Vimpelcom, a plus de 25 millions d’abonnés dans 74 des 89 régions de Russie et du Kazakhstan. Elle reste néanmoins à la traîne face à son concurrent direct, TeleSystems Mobile.

Au fil des acquisitions, Vimpelcom gagne aussi quelques nouveaux actionnaires. Et c’est là que les problèmes surgissent. Au 31 décembre 2008, Vimpelcom était détenue à 33,6% par Telenor (Norvège) qui détenait également l’opérateur ukrainien Kiyivstar et 37% par le conglomérat russe Alfa (via l Altimo). L’entreprise de télécoms, qui gagne en importance, ne cessera d’être ballottée entre ses deux principaux actionnaires. Suite au rachat, en 2005, de l’entreprise ukrainienne RadioSystems avec ses deux marques Wellcom et Mobi, une controverse éclate entre les groupes russe et norvégien. Les querelles intestines au sein de Vimpelcom se déplaceront derrière les prétoires de justice.

L’actionnaire norvégien a fait, par ailleurs, l’objet de poursuites judiciaires de la part d’un actionnaire minoritaire, Farimex, soupçonné d’œuvrer au profit d’Alfa Group.Le dernier épisode a été la saisie, en février 2009, par les tribunaux russes des droits de vote et des actions (d’une valeur de 11,8 milliards de couronnes) de Telenor dans Vimpelcom. Les deux partenaires finiront par trouver un terrain d’entente et dessineront une stratégie très affinée, misant principalement sur les marchés émergents. Une politique qui commence, semble-t-il, à porter ses fruits.

Source : Journal El Watan du 06/10/2010

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