mercredi 6 octobre 2010

Avec l'arrivée de Vimpelcom, l'Etat algérien en mauvaise posture


Les choses se compliquent pour le gouvernement algérien dans le dossier Djezzy. Mercredi, le nouveau propriétaire de l’opérateur, le russe Vimpelcom a offert à Alger de céder Djezzy à l’Etat algérien, à « un prix équitable » de 7,8 milliards de dollars. Ce montant représente l’équivalent de 13 ans de bénéfices de Djezzy.

Cette valorisation est proche de celle réclamée par Naguib Sawiris, ancien propriétaire de Djezzy au moment des négociations avec le gouvernement algérien. Un chiffre qualifié alors d’exagéré. Mais cette fois, la donne n’est plus la même. « L’Algérie devra justifier pourquoi elle estime que 7,8 milliards est un prix élevé. MTN était prêt à débourser cette somme et Vimpelcom l’a fait. Sur quelle base, les Algériens vont-ils dire que Djezzy ne vaut pas cette somme ? », explique à TSA un spécialiste en fusions-acquisitions.

Avec Naguib Sawiris, les Algériens étaient en position de force pour au moins trois raisons. D’abord, Alger avait offert beaucoup de facilités au groupe égyptien lors de son implantation en Algérie. Naguib Sawiris le sait et face aux Algériens, il pouvait difficilement négocier en feignant ignorer cet élément. Ensuite, Djezzy était le principal actif d’Orascom Telecom : il représentait 50% des revenus et de l’Ebitda de sa maison mère. Enfin, Naguib Sawiris, très endetté, était pressé de régler son problème en Algérie.

Avec les Russes, tous ces éléments qui étaient en faveur de l’Algérie dans la négociation disparaissent. Vimpelcom a acquis Djezzy dans le cadre d’une transaction internationale et il n’a jamais bénéficié d’un quelconque avantage de l’Etat algérien. Djezzy ne représente que 10% du business du nouvel ensemble issu de la fusion entre Vimpelcom et Weather. Vimpelcom, propriété du groupe Alfa du milliardaire russe Mikhaïl Friedman n’a pas les mêmes soucis d’endettement que Naguib Sawiris. Enfin, Vimpelcom peut compter sur un appui politique de Moscou. Les Russes sont connus pour leur tendance à protéger leurs investissements à l’étranger.

Certes, l’Algérie peut toujours continuer à mettre la pression sur Djezzy via le fisc et la Banque d’Algérie. Mais seulement pour quelques mois encore. Alger pourra difficilement maintenir une pression durable au risque de se fâcher avec Moscou ou de se retrouver dans une situation d’arbitrage international. « Les Russes vont payer les impôts et assainir la situation de Djezzy. Une fois que tout sera réglé et que tout deviendra net, les Algériens ne pourront plus empêcher Djezzy d’importer ses équipements ou de payer les dividendes », explique le même expert.

Dans ce dossier, une inconnue demeure : l’intérêt stratégique de Djezzy pour l’Algérie. Visiblement, le rachat de Djezzy avait pour but de réduire les transferts de devises vers l’étranger sous forme de dividendes payés aux actionnaires. Mais une telle politique a un prix. Il vient d’être fixé par les Russes.

Source : Tout Sur l'Algérie au 06/10/2010

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