samedi 9 octobre 2010

Après que sawiris Eut cédé ota aux russes : Alger s’enlise dans le dossier Djezzy


Week-end agité pour les autorités algériennes qui se retrouvent piégées par l’offre russe de céder Djezzy moyennant la somme faramineuse de 8 milliards de dollars. L’imbroglio OTA ne fait que se compliquer.

à la croisée des chemins, l’affaire Djezzy prend une autre tournure avec l’intervention inattendue du repreneur russe qui, aujourd’hui, avec sa proposition de céder Djezzy à 8 milliards de dollars, amorce ainsi un nouveau bras de fer. C’est un véritable coup de massue qui s’abat sur la tête des autorités algériennes qui récoltent, aujourd’hui, le fruit d’une mauvaise gestion de ce dossier.

En 48 heures, les évènements se sont précipités de telle manière que l’on n’a jamais été aussi proche d’une solution. Reste à savoir la nature de ce dénouement et qui en sera le gagnant. Les différents protagonistes dans cette histoire, à savoir Sawiris, Alger et les Russes, mais aussi une partie des décideurs algériens qui soutient Djezzy dans ce conflit inédit révèlent, en soi, toute la fragilité du système économique algérien et surtout la mauvaise communication sur ce dossier. Cette crise renseigne aussi sur la capacité de Sawiris à rebondir après toutes les pressions subies mais surtout en se sachant condamné par la législation algérienne avec une somme importante qu’il doit au fisc. Mais là aussi, il réussit un coup magistral. En fin négociateur et en homme d’affaires averti, il réussit à léguer ses dettes au nouveau repreneur. Ce n’est donc dans l’intérêt de personne d’arriver jusqu’au tribunal international et surtout pas pour l’Algérie qui pourrait y laisser des plumes en voyant son image se ternir aux yeux des investisseurs internationaux. Alger n’a pas d’autre choix que de se trouver une sortie honorable sans trop de dégâts. Irons-nous jusqu’à débourser la somme insensée de 8 milliards de dollars pour cela ? Fort possible, même si le gouvernement algérien est d’autant plus conscient que le temps des nationalisations est révolu, à plus forte raison que l’Algérie, en l’état actuel, est loin d’être en mesure de gérer une entreprise de l’envergure de Djezzy avec ses 15 millions d’abonnés et la maintenir dans la prospérité qu’elle a toujours connue.

Aidée et avantagée et ensuite désavouée ?
Le débat ne se situe plus à ce niveau car la vraie question est de savoir si l’Algérie a son mot à dire encore aujourd’hui avec l’arrivée du magnat russe à la tête d’un groupe international puissant possédant les moyens de sa politique. En parallèle, il existe aussi l’aspect politique qui caractérise désormais ce dossier qui, en cas de coup de force mal calculé, ne saurait qu’envenimer davantage la situation pour atteindre l’impasse. L’Algérie a refusé l’option que le seul Algérien parmi les actionnaires de Djezzy puisse présenter une solution tout comme l’option sud-africaine (MTN) qui a été balayé d’un revers de main. Au-delà des déclarations à effet d’annonce des différents responsables algériens qui, parfois, ont été jusqu’à se contredire, il est difficile d’affirmer que ce dossier a été sérieusement pris en charge. Plus prudent, le nouveau ministre de Télécoms s’est contenté de léguer cet héritage encombrant au Premier ministère qui n’a fait que l’entourer davantage de mystère et de blocage. à trop vouloir politiser ce dossier, l’entêtement à refuser toutes les options en invoquant le droit de préemption coûte cher à l’Algérie qui pourrait payer lourdement cette attitude à moins de céder et laisser Djezzy changer de main en faveur des Russes.

Avec l’acquisition de 51% d’OTH et 100% de Wind, A. Izosimov, CEO de l’opérateur russo-norvégien Vimpelcom, a clairement signifié vouloir garder Djezzy et travailler en Algérie. Il a d’ailleurs confirmé à la presse algérienne qu’il est désormais aux commandes et qu’il assurera le management de Tunisiana et Djezzy, toutes deux filiales d’OTH. Le silence algérien n’est que plus pesant et renseigne en fait sur la mauvaise posture dans laquelle se sont mises les autorités algériennes dès le départ en se proposant comme acheteur. Cela n’a fait que faire monter les actions d’Orascom qui était à ce moment-là en très mauvaise situation financière et se débattait dans des problèmes internes, notamment entre actionnaires.

Les Algériens payent, par ailleurs, le tribut d’une erreur monumentale de communication en déclarant que le pays a 300 milliards à dépenser sur cinq ans…

Source : Journal Liberté du 09/10/2010

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