mardi 21 décembre 2010

Telenor se méfie des projets de VimpelCom


Le groupe de télécommunications norvégien Telenor a appris à ses dépens que tout ce qui brille n’est pas or sur les marchés émergents et compte désormais s’opposer à l’acquisition par sa filliale à 40% VimpelCom de 20 milliards de dollars d’actifs auprès de Weather Investments.

Cette opération devait pourtant permettre au groupe russe de devenir le cinquième opérateur mondial de téléphonie mobile. Mais à moins que le prix de l’opération ne soit renégocié, la réaction de Telenor est rationnelle.

Le norvégien avait provisoirement soutenu cette acquisition lorsqu’elle avait été annoncée au mois d’octobre. Représentant 6,2 fois l’excédent brut d’exploitation, le multiple était certes attrayant. Mais il s’avère maintenant qu’une activité tunisienne sera exclue de l’accord, et que le gouvernement algérien menace de nationaliser Djezzy, l’opérateur de téléphonie mobile de Weather en Algérie, auquel cas VimpelCom pourrait ne recevoir qu’une bien maigre compensation. Le sort de Djezzy ne sera pas fixé avant la mi-2011.

Sans l’Algérie et la Tunisie, le multiple d’acquisition serait proche de 9. L’opération semble dès lors relativement onéreuse si l’on rappelle que les acquisitions les plus coûteuses réalisées ces derniers temps sur les marchés émergents ont été réalisées avec un multiple de 10 fois l’EBE, et que l’essentiel des bénéfices générés par les actifs visés viennent d’Italie. En 2008, les entreprises de téléphonie mobile au Brésil et en Indonésie ont changé de propriétaires pour un multiple inférieur à 6 fois l’EBE.

En outre, Telenor sait bien qu’il faut se méfier de nouvelles opportunités trop alléchantes. En 2009, le groupe norvégien a déboursé 1,1 milliard de dollars pour s’emparer d’une participation de 60% dans une nouvelle entreprise indienne – Unitech Wireless – juste avant que le marché ne soit inondé de nouveaux entrants. Le gouvernement menace maintenant de renégocier les termes des licences de téléphonie mobile, et les espoirs de Telenor de voir son activité indienne devenir rentable d’ici 2013 semblent de plus en plus illusoires.

Le groupe norvégien n’a toutefois pas les moyens de bloquer l’opération de Vimpelcom à lui tout seul: il contrôle trois des neuf sièges du conseil d’administration du groupe, et sa position risque de déclencher un nouveau conflit avec Alfa Group, l’autre actionnaire de Vimpelcom.

Mais Telenor a raison de tirer la sonnette d’alarme sur le prix, et d’autres entreprises envisageant une expansion géographique – comme Emirates Telecommunications – feraient bien d’en prendre bonne note.

Source : Algérie-Focus au 21/12/2010

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