lundi 27 décembre 2010

Investissements étrangers sur le marché national : La cession de Djezzy marque le débat


Amorcée en novembre 2009, l’affaire Djezzy n'a toujours pas connu son épilogue en 2010 et s'est même compliquée davantage avec l'entrée en scène d'un troisième acteur, le groupe russe Vimpelcom, dans le contentieux qui oppose le gouvernement algérien à l'homme d'affaires égyptien Naguib Sawiris, patron d'Orascom Telecom Holding (OTH).

Le feuilleton a alimenté la presse tout au long de l'année avec une première moitié ou l'on s'interrogeait encore sur la volonté de l'Etat algérien à racheter Djezzy en exerçant son droit de préemption et la volonté de ce dernier à quitter ou pas le marché algérien. Mais c'est la deuxième moitié de l'année qui aura apporté le plus de réponses. Il n’y a plus lieu de s’interroger sur la cession ou non de la filiale algérienne d’Orascom depuis que le gouvernement a confirmé sa détermination en lançant le 12 octobre dernier un appel d’offres international restreint pour sélectionner une banque d’affaires ou un cabinet d’expertise afin d’accompagner l'Etat dans l’opération d’acquisition de Djezzy. Dix banques d'affaires ont présenté leurs offres pour l'évaluation de Djezzy. Une évaluation qui pourrait durer jusqu'à 6 mois.

Mais si la volonté de l'Etat est désormais claire, le flou persiste en revanche sur le prix qu'il devra débourser pour reprendre la filiale d'OTH, ainsi que son vis-à-vis dans la conclusion de cette transaction éventuelle. Le Premier ministre Ouyahia a clairement fait savoir que l'Etat algérien ne reconnaîtra pas d'autres interlocuteurs qu’OTH, mais d’une manière ou d’une autre, Vimpelcom est partie prenante dans cette opération, puisque le 4 octobre dernier, l’opérateur russe a annoncé sa fusion avec Weather Investments, propriété de l'Egyptien Naguib Sawiris. Vimpelcom détiendra 51,7% d’Orascom Telecom, avait-on annoncé dans la presse. D’ailleurs, le patron de ce groupe Alexander Izosimov ne tardait pas à s'exprimer sur le sujet en déclarant : «Nous sommes tout à fait ouverts à une vente si l’acquisition se fait à un prix équitable», estimant que ce dernier se situe «quelque part aux alentours de 8 milliards de dollars», alors que le gouvernement algérien semble ne pas envisager un prix au-delà de 3 milliards de dollars. Izosimov a même menacé que «si le gouvernement algérien entame des mouvements ou extrait des actifs, nationalisation ou autres, nous n’hésiterons aucunement à défendre nos droits».

Le 2 novembre dernier, c'était au tour de Naguib Sawiris de proférer des menaces en adressant un courrier au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dans lequel il s'inquiétait «de ne plus avoir d’autre choix que celui de recourir à la procédure de l’arbitrage international» tout en contestant «tout droit au gouvernement algérien de forcer OTH à vendre Djezzy, et la base sur laquelle le gouvernement s’appuie pour se prévaloir d’un tel droit demeure obscure». La réaction algérienne ne s'est pas fait attendre puisque le 14 décembre OTH annonçait les services des impôts algériens ont ordonné à Orascom le paiement de 230 millions de dollars d’arriérés d’impôts pour les années 2008-2009 pour le compte de Djezzy. Dans la foulée, l’Algérie indiquait qu'elle ferait une proposition sur le rachat de Djezzy à la mi-2011, selon une source citée par l’agence Reuters. De son côté, le journal Acharq-Al-Awssat, citant à son tour des sources gouvernementales algériennes, affirmait que l’offre que fera l’Algérie pour le rachat d’OTA-Djezzy ne devrait pas dépasser le plafond de 3 milliards de dollars avec un prix plancher de 2,5 milliards de dollars. Quel que soit le prix, il faudra d'abord identifier le vendeur, car, selon les dernières informations, Djezzy ne fait pas partie du deal passé entre le russe Vimpelcom et Sawiris.

Source : Journal El Watan Supplément Economie au 27/12/2010

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