vendredi 24 décembre 2010

Performances de Nedjma : Les faux résultats de Joseph Ged, les vrais chiffres de Qtel


Le Directeur Général de Wataniya Telecom Algérie (Nedjma), Joseph Ged, a annoncé en grandes pompes un bénéfice de « 5,3 millions de dollars pour les 9 premiers mois de l’année 2010 ». Ce n’est pas tout à fait ce que dit le rapport financier de la maison-mère Qtel disponible sur son site web : de Janvier à Octobre, Nedjma n’a en réalité engrangé que 600 000 dollars de profits, autant dire une piètre performance pour un opérateur qui s’est distingué par un train de vie « bling bling » et une générosité sonnante et trébuchante au profit de la FAF et certains clubs de football de 1ère division.

« Nedjma a réalisé un profit net de 5,3 millions de dollars durant les neuf premiers mois de 2010. C’est notre première année de profitabilité depuis six ans». C’est en ces termes que le DG de l’opérateur Nedjma a annoncé la « bonne nouvelle » lors du forum d’El Modjahid tenu mercredi 22 décembre. Seulement, M. Joseph Ged semble confondre entre le résultat du 3e trimestre seul et ceux des neufs premiers mois cumulés. Car en réalité, Nedjma a perdu 3,3 millions de dollars au 1er trimestre, 1,4 millions de dollars au 2e trimestre avant d’enregistrer son premier bénéfice net de 5,3 millions de dollars au 3e trimestre. Le calcul du résultat cumulé des 9 mois dégage un maigre bénéfice de 600 000 dollars. Voici document : http://www.qtel.qa/documents/2010-9M%20Qtel%20Supplemental%20Schedules%20PDF.pdf

Pour un dirigeant bardé de diplômes des grandes écoles de Management aux Etats Unis, cette déclaration a de quoi susciter des interrogations dans la mesure où l’effet d’annonce peut facilement induire en erreur l’opinion publique.

Pertes consécutives

Depuis son lancement en 2004, Nedjma enregistre des pertes successives jusqu’à représenter un boulet pour la maison-mère Qtel. Avec 41 millions de dollars de pertes en 2008 puis 34 millions en 2009, les résultats de Nedjma font de la filiale algérienne, avec celle en Palestine, l’une des moins performantes du groupe Qatari. L’autre indicateur de la faiblesse des performances de Nedjma est l’ARPU, le revenu moyen par utilisateur, qui renseigne sur la « qualité » des abonnés d’un opérateur mobile et sa santé financière.

Durant les neufs premiers mois de l’année en cours, celui-ci a enregistré une baisse à 6,4 $ par abonné et par mois comparé aux 6,8 $ de la même période en 2009. Ce chiffre veut dire en substance que les clients de Nedjma ne sont pas très portés sur la dépense et limitent leurs communications au strict minimum, les meilleurs abonnés du marché ayant déjà été écrémés par Djezzy et Mobilis. Selon les indications fournies par Joseph Ged mercredi, le nombre d’abonnés de l’opérateur mobile a atteint 8,1 millions durant les trois premiers trimestres de 2010, soit une hausse de 40% par rapport à 2009.

La 3 G avec un réseau défectueux

L’autre déclaration de Joseph Ged qui a fait sourire plus d’un spécialiste en télécoms concerne la 3 G. « Nous avons constaté une légère stagnation du nombre d’abonnés, a-t-il expliqué encore mercredi. La croissance est très modeste. Le recrutement de nouveaux abonnés ne suffira pas pour soutenir le marché qui a besoin d’une nouvelle dynamique, notamment l’introduction de la licence 3G, pour pousser le marché vers la croissance et offrir aux abonnés de nouveaux services, notamment l’Internet mobile. » Le patron de Nedjma appelle donc de ses vœux l’introduction de cette technologie à travers l’octroi d’une licence qui permettrait à son entreprise de proposer aux abonnés des services internet mobile.

Or, depuis plus d’une année, le réseau Nedjma n’arrive plus à supporter le trafic voix de ses abonnés en raison du manque d’investissements dans l’installation de nouveaux relais et les défaillances de la maintenance réseau qui, pour des raisons étranges, a été confiée à une entreprise étrangère au détriment des propres ingénieurs de Nedjma. Conséquences : des pannes récurrentes dans les communications, une qualité de voix qui laisse à désirer et des d’abonnés qui prennent la clé des champs. L’on se demande alors comment un opérateur de téléphonie qui peine à proposer des prestations classiques, c'est-à-dire un service « voix » de qualité peut se lancer dans le data qui demandes de lourds investissements et une maitrise parfaite de la technologie.

Ged soigne son image

Si un investisseur étranger vient s’installer en Algérie, son objectif évident est de fructifier son investissement, gagner de l’argent et le transférer vers sa maison-mère. Cela ne semble pas le cas de Nedjma. « On n’investit pas juste pour transférer de l’argent », a-t-il déclaré à la presse. Si Nedjma investit des centaines de millions de dollars, emploie 1900 algériens et engrange des milliards de dinars en taxes et redevances pour le Trésor public, tant mieux pour l’Algérie. Mais cette charité désintéressée laisse pantois plus d’un et suscite des interrogations sur les intentions réelles des dirigeants de cet opérateur privé.

En attendant, Le patron de Nedjma, Joseph Ged, soigner son image. Et la formule pour y arriver est toute prête : marcher sur les traces de Djezzy et du groupe Khalifa en arrosant à coups de dizaines de milliards les médias avec de la pub, la FAF et les clubs de football en sponsoring. Et tant pis pour la trésorerie de Nedjma. Pour les bénéfices, ils peuvent encore attendre quelques années.

Source : Dernières Nouvelles d'Algérie au 24/12/2010

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