samedi 25 décembre 2010

Orascom Telecom Algérie : «Le feuilleton égyptien» de l’année


La saga Djezzy a tenu en haleine tout au long de l’année écoulée les milieux financiers nationaux et internationaux, les analystes financiers ainsi que la presse.

Ce dossier, que d’aucuns ont qualifié de «feuilleton égyptien», a été rythmé par des «vendra, vendra pas, rachètera, rachètera pas». Et, à ce jeu du «qui cédera le premier», le Tycoon Sawiris et le gouvernement algérien ont rivalisé d’ingéniosité.

Tout a commencé avec les affrontements footballistiques qui ont entouré les éliminatoires pour la Coupe du monde 2010. Mais pas tout à fait. L’on savait que les propriétaires égyptiens de Djezzy n’étaient plus en odeur de sainteté en haut lieu, depuis une certaine «affaire des cimenteries Lafarge».
Puis, la déchéance.

Il y eut d’abord toute une batterie de mesures fiscales et bancaires que les responsables d’OTA ont jugées comme étant rien moins que de l’acharnement. Dans la foulée, l’on annonce un redressement fiscal de près de 600 millions de dollars pour les exercices des années 2005, 2006 et 2007.


La maison mère fait appel. Voyant poindre l’asphyxie, Sawiris commence les appels du pied, en faisant planer des possibilités de vente. Même s’il affirme «ne pas vouloir partir», il confie «attendre de la part des autorités algériennes que l’on lui dise clairement s’il est encore désirable en Algérie». Ce qui n’arriva pas, puisque, en avril dernier, des rumeurs bruissent à la Bourse du Caire quant à des négociations entre Weather Investments, maison mère d’Orascom Telecom Holding, et l’opérateur de téléphonie mobile sud-africain, MTN Ltd. Ni d’une ni de deux, le gouvernement, par le biais des ministres des Postes et des Télécommunications et des Finances, fait comprendre que l’Etat compte bien faire valoir son droit de préemption et bloque ainsi toute autre issue de sortie à Sawiris.

En dépit des assurances répétées des ministres quant à la nationalisation de l’entité, aucune démarche officielle, sérieuse et concrète, n’est engagée. Sawiris annonce, avec superbe, début octobre, la fusion-acquisition conclue entre Weather et l’opérateur russe Vimpelcom Ltd. Les quelques déclarations embarrassées du staff gouvernemental qui s’ensuivent réitèrent, toutefois, que l’Etat a bel et bien l’intention de faire revenir le bébé Djezzy dans le giron étatique. D’autant plus que les Russes de Vimpelcom placent la barre très haut. Ils fixent le «juste prix» à près de 8 milliards de dollars !


Dans le cas où l’Algérie est tentée de ne pas jouer «fair-play», les Russes n’excluent pas de plaider leur cause devant les instances d’arbitrage internationales.

Ce qui fait réagir le gouvernement qui, quelques jours plus tard, lance un avis d’appel d’offres international restreint afin de procéder au choix d’un partenaire devant l’accompagner dans l’opération d’acquisition. Et il est tout à parier que l’année qui s’ouvre sera toute aussi pleine en rebondissements dans ce bras de fer…


Source : Journal El Watan du 25/12/2010

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