lundi 20 décembre 2010

Réseau coupé, téléphone «hors champ» ? Chers clients : Mobilis, Nedjma, Djezzy vous méprisent bien


Le réseau des trois opérateurs de téléphonie mobile est toujours brouillé au douzième jour de sa coupure dans les trois wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès ainsi que dans certaines localités de la capitale. Réseau perturbé ou coupé en raison d’une opération antiterroriste menée dans les maquis de Kabylie ? Les autorités ne confirment ni ne démentent. Les trois opérateurs téléphoniques privé et publics, Mobilis, Nedjma et Djezzy, eux se complaisent dans le silence et le mépris.

Pratiquement impossible d’appeler ou de recevoir des communications téléphoniques dans ces trois départements du centre d’Algérie. Coupé dans la journée, le réseau est rétabli dès la nuit tombée pour être de nouveau coupé très tôt le matin. Résultat : trois grandes régions du pays se retrouvent « hors champ ».

Autant de journées sans téléphone, c’est sans doute autant de pertes sèches pour les trois opérateurs Mobilis (public), Nedjma et Djezzy (privés). Au-delà du manque à gagner pour ces trois entreprises, il y a surtout les désagréments subis par les particuliers et l’impact économique négatif causé aux activités des entreprises et des industriels. Dans un pays où les moyens de transports sont obsolètes, le téléphone portable est devenu un outil de travail aussi utile qu’indispensable. « Je suis obligé de faire la tournée de mes chantiers, alors que je n’ai pas vraiment le temps », regrette Ali, la quarantaine, entrepreneur qui dit être dans l’impossibilité de coordonner les travaux entre ses différents maitres de chantiers.

Les kiosques multiservices (KMS) ne sont pas en reste. De jour, ils tournent à vide. Le soir, une fois le réseau rétabli, ils sont pris d’assaut. On se bouscule qui pour un « flexy », qui pour réparer une panne de téléphone, qui pour une recharge. « Ce n’est que le soir que nous travaillons et pour quelques heures seulement », affirme un gérant d’un KMS à Tizi Ouzou. Forcément, le business prend un coup.

Les centres d’appel ne sont pas moins pénalisés. Fonctionnant avec le téléphone portable, ils sont passés sous le mode silence radio. Les citoyens qui ont pris de nouvelles habitudes depuis la démocratisation du téléphone cellulaire n’arrivent pas à expliquer une telle coupure, mais surtout pourquoi dure-t-elle. « Jusqu’à quand ? », peste un jeune, dont le portable reste le seul outil de travail.

Belaïd est combiste. Accroché à ses deux téléphones portables, il vend et achète des devises au noir. Sans téléphone, autant dire qu’il se retrouve en état de chômage partiel. « Depuis ce satanique 9 décembre, je travaille au ralenti. J’ai perdu beaucoup d’argent », dit-il l'air bien désabusé. Salarié dans une entreprise de distribution, Rabah a vu le chiffre d’affaires de sa boîte chuter vertigineusement. « Nous n'arrivons pas à joindre nos clients à temps », souligne-t-il.

Never complain, never explain ( ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer ). La célèbre devise de la famille royale britannique semble convenir parfaitement aux trois opérateurs de téléphonie mobile. Depuis le début de ces perturbations, aucun responsable de ces trois opérateurs lesquels comptabilisent plus de 30 millions clients n’a daigné communiquer autour de cette affaire.

Bien que la presse algérienne, DNA y compris, rapporte que ces coupures téléphoniques sont liées à l’opération anti-terroriste engagée depuis le 9 décembre dernier dans les maquis de Kabylie, aucune source officielle militaire ne s’est exprimée pour démentir ou confirmer ses informations. Les journalistes croient savoir que les services de renseignements algériens ont procédé au brouillage et/ ou à la coupure des réseaux téléphoniques pour empêcher les terroristes d’actionner à distance les engins explosifs disséminés dans les maquis et autour de leurs refuges ainsi que pour saborder les communications téléphoniques entre membres des groupes armés.

Mais là encore, ni le gouvernement ni le commandant militaire, peu portés sur la communication en matière de sécurité, n’ont confirmé ou démenti ces supputations. Si l’impératif sécuritaire peut expliquer ce black out total de la part des autorités militaires – quoi qu’il faille préciser que l’armée a déjà ouvert les vannes par le passé, par exemple, lors de la grande opération qui a visé en octobre 1997 le quartier général du GIA ( groupe islamique armé ) à Tala Acha, dans la Mitidja -, rien ne justifie l’attitude méprisante des dirigeants de Mobilis, de Nedjma et de Djezzy.

Silence et mépris. Dix jours après coupures, ces trois-là n’ont pas émis le moindre communiqué public, pas le début d'un commencement d'une déclaration pour informer leurs usagers de ces perturbations et pour s’excuser des désagréments causés à plus de 5 millions de clients qui résident dans ces trois régions. Silence et mépris donc. Ces Trois opérateurs qui dépensent des dizaines de millions de dollars par an pour la promotion de leurs produits à la télé, à la radio et dans les journaux de la presse écrite ne daignent pas publier un communiqué de 10 lignes pour faire état de ces coupures et pour présenter leurs excuses à ces millions de consommateurs. Sans parler d'éventuels dédommages qu’ils doivent leurs payer.

Ordre leur a été donné de ne pas communiquer sur le sujet pour des motifs de sécurité nationale ? Oui, c’est possible. Mais le respect du service public, les devoirs à l’égard du consommateur qui paie rubis sur ongles ses communications téléphoniques, les règles qui régissent la bonne marche et l’image d’une entreprise publique ou privée, peuvent très bien s’accommoder d’un impératif de sécurité nationale.

Dans cette affaire, Mobilis, Nedjma et Djezzy considèrent les consommateurs algériens non pas comme des citoyens mais des sujets. Des machines à cash à qui on ne doit aucune excuse, aucune explication.

Source : Dernières Nouvelles d'Algérie au 20/12/2010

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