jeudi 30 décembre 2010

CE QU’ON RETIENT DE 2010 : Ils ont fait buzzer le web algérien


Inimitables Mims
Ils se font appeler les Mims sur leur page Facebook, trois jeunes musiciens avec de sympathiques sourires et un bon jeu rythmé, qui ont réussi à faire parler d’eux dans tout le web algérien grâce à une chanson qu’ils ont composée intitulée Fawrii Diisconnectiong People, une chanson pour fustiger, avec beaucoup d’humour, le mauvais service de l’opérateur étatique et ça rime bien “Bach tetlaâ la page d’accueil estena ou dir latay, egoud rayah ou jay balak hata el âam el jay” (pour que vienne la page d’accueil, attends et fais-toi un thé, je vais et je reviens, peut-être jusqu’à l’année prochaine). Cette chanson a tellement bien marché que les Mims se mettent à la chanter sur scène. Quand la connexion Internet n’est pas bonne et qu’on n’a pas le choix, vaut mieux en rire. Depuis quelques mois les Mims se font un peu rares sur la Toile, mais de source sûre, ils vont revenir avec un truc de “fou”…Abdou qui ?... le VIP

Ces VIP d’un nouveau genre sévissaient sur Facebook, puis Facebook a décidé de supprimer leur page, Facebook n’aime pas trop les succès où il n’est pas associé ! Mais vous les retrouverez sur Youtube, puisque c’est à travers la vidéo que cette bande d’ados ivres de talent font leur propre télé avec un sens inné de l’image, de la mise en scène et beaucoup d’humour. Une télévision qui leur ressemble, des sketchs qui les font marrer, eux, avant les milliers de visionneurs du web qui les suivent, et des mini-émissions de “sensibilisation” mordant d’ironie, le tout en intégrant tous les ingrédients d’une vraie réalisation télévisuelle (montage, musique d’ambiance, cadrage, plans…) avec en bonus des chansons “djeuns” pas du tout formatées, on trouve par exemple du rap palestinien et africain.

Dans le noyau, il y a quatre jeunes (âge moyen 20 ans selon leur profile) qui habitent une banlieue d’Alger. Mac Intoch très charismatique, il porte des grosses lunettes, Amihro est le plus baraqué, efficace dans les sketchs physiques, Krimy jongle avec l’humour absurde et Maydi se spécialise dans le pince-sans-rire. Une dizaine d’épisodes sont disponibles sur Youtube, leur logo est un continent africain (ça change). Avec trois fois rien, ses “amateurs” réussissent à faire ce que notre télévision “professionnelle” ne sait plus faire depuis des décennies. Sur leur page Yourtube, la devise est claire, toujours absurde mais encore très juste “Nta Tedhaq Wel baki Alina” (toi tu ris, on fait le reste)
Un membre du groupe s’est détaché momentanément pour faire son show solo inspiré de “Equal 3” le show de l’Américain Ray Williams Johnson qui a explosé tous les records sur Youtube, sorte de one man show seul face au caméra, où le comique commente avec dérision des vidéos trouvées sur Internet en y mélangeant des sketchs, des bruitages et des commentaires incrustés façon BD, “Abdou Qui” est tout simplement la façon algérienne de le faire sous le titre “Matwalfounich”. Abderahman Boutaleb n’a pas encore vingt ans et a déjà fait buzzer le web algérien par deux fois. Pendant le mois de Ramadhan, il faisait la série Very Intik People (VIP), des sketchs hilarants filmés dans son quartier (Alger-Plage) avec ses copains, présentés sous forme de magazine qui ne se prend pas au sérieux mais tout en étant pro de l‘image et de son impact. En solo avant de “reprendre bientôt VIP avec du bons matériel”, Aberahman Boutaleb alias “Abdou, Qui ?” est déjà à son septième épisode. À voir sur Facebook en urgence.

Irbanisator TV
Le bon extrait, le bon doublage, avec la participation de l’acteur Salah Ougrout, et surtout la réplique en algérien qui fait mouche.
Brahim Hmida a 30 ans et déjà dix ans de métier à la radio Chaîne III. Producteur, réalisateur et animateur, ce “touche-à-tout”, comme il aime à se définir, n’en est pas à son coup d’essai en matière de bidouillage. Déjà, à ses débuts sur les ondes, il fait des fausses pubs dans son émission “Chriki”. “La dérision, dit-il presque sérieusement, c’est ce que j’ai toujours aimé faire.” D’ailleurs, on sait très vite, en croisant Brahim, qu’on ne va pas se prendre au sérieux.
Avec sa dégaine de Bud Spencer, lunettes de soleil des Blues Brothers et rictus perpétuel, s’amusant de temps à autre avec une cigarette qu’il agite comme une marionnette de ventriloque, chacun de ses gestes devient un mini-sketch de son show-attitude, accentué par une kyrielle de petits commentaires humoristiques qu’il distille, “comme il respire”. Il nous emmène visiter son home studio, qui n’est autre que sa chambre, dans sa modeste maison située au rez-de-chaussée d’un des nombreux immeubles qui forment la cité-labyrinthe du 5-Juillet à Bab Ezzouar.
Je suis bien évidemment curieux de voir le “matos” qui a permis de fabriquer ses vidéos visionnées des centaines de milliers de fois. Déception, étonnement, puis admiration, quand je vois un ordinateur bon marché, doté d’un écran lucarne et d’un microphone collé à un casque “chinois”. Pourtant, quand je discute avec Brahim, je commence à entrevoir le lieu des “secrets de tournage” : tout est déjà dans sa tête.

D’un côté, un grand cinéphile, de l’autre, un fabricant de sons professionnel. Alors, qui est-ce qui a fait le mixage ? “J’ai eu un déclic, nous dit la voix d’Irban Irban, comme s’il parlait d’une révélation. Quand j’étais en train de regarder les images lancées sur Youtube par un supporter algérien, qui a assisté au moment où le bus de l’équipe nationale a été “caillassé”… Il était très paniqué… alors je me suis dis, qu’est-ce qu’on pourrait faire nous derrière nos micros ?” La suite, des dizaines de milliers d’internautes la connaissent par cœur. Une première vidéo-parodie, tirée du film les Incorruptibles, avec De Niro : “10 000 visionnages le premier jour, dix fois plus en moins d’une semaine.”
Le buzz est lancé

Pourtant, il est le premier à être étonné par ce succès. Il croit même que ces milliers de visionnages ne sont qu’un épiphénomène, et ce n’est qu’une fois sur Facebook qu’il se rend compte de “l’ampleur” de la chose qui se partage à la vitesse grand R du réseau. Juste content que ça plaise, il décide alors d’offrir aux internautes d’autres parodies.
Le phénomène Irban Irban s’est confirmé

Derrière le nom Irban Irban, qui signifie “On vous découpera en petites tranches”, il y a aussi une dérision. Entre l’hostilité hystérique des médias égyptiens et le mutisme schizophrène des médias lourds algériens, Brahim a fait son choix : “Rire de tout ça.” Parti d’une bonne intention qui n’est autre que “d’essayer de remonter le moral aux Algériens”, les pages Facebook, Youtube et Messenger de Brahim sont, à leur tour, inondées d’attentions, de remerciements, d’encouragements et surtout d’aide. Parce qu’il faut savoir, que dans Internet-City, il y a des surveillants. La Paramount lui réclame les droits sur les extraits utilisés, Youtube menace d’effacer ses vidéos, Facebook veut des clarifications sur les “buts commerciaux” de sa page et un internaute prend le nom de domaine irbanirban.com pour lui imposer un partenariat forcé qu’il refusera… Alors, les internautes se mobilisent, certains lui proposent de l’espace sur leur page, d’autres, dont un internaute algérien habitant au Danemark, lui offre son propre site irban-irban.org (désigné sur le thème Hulk en joueur de football algérien), mais l’hébergeur finit aussi par le bloquer. Du talent, de l’humour et de la popularité, ce sont trois défauts majeurs pour être appelé à la télévision algérienne qui, en l’ignorant, ne sait probablement pas que le jeune Brahim Hmida a déjà été contacté par Beur FM, qu’il pourrait aussi intéresser la télévision maghrébine Nassma TV et bien d’autres.

Irban Irban est finalement revenu après le foot, pour faire une série de doublage qui sont très vite devenues cultes avec la fameuse réplique “Sidi Yaya”… le projet de faire une Irban.tv est en marche avec la collaboration de l’entreprise Med and Com, vous n’avez pas finit d’entre parler de Brahim Irbanisator.

Source : Journal Liberté au 30/12/2010

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Comment font les Algériens ?

S’étonnait un internaute “américain” dans un forum qui discutait de l’activité virtuelle des algériens. “Vous êtes partout, World of Warcraft, Facebook, startimes, piratage, presse en ligne, jeux sur iphone, Youtube, Flickr…alors que vous n’arrêtez pas de vous plaindre de la mauvaise connexion, des coupures, de l’absence de la 3G…”
En effet, sur Facebook on est déjà plus d’un million, dans Youtube on est les plus importants “posteurs” du Maghreb, sur le classement des sites web, on est un des rares pays arabes qui arrive à classer des sites web locaux dans le top ten des plus visités…

Lamine est un jeune Algérois revenu de France pour s’installer en Algérie et faire des films, cela fait un mois qu’il fait l’aller-retour aux bureaux des P et T pour avoir la ligne téléphonique et installer l’ADSL chez lui…
Nassim habite Blida, à 50 km de la capital, lui il a Internet, mais ça ne marche jamais très bien, c’est à cause des fritures dans la ligne téléphonique, des fritures “chroniques”, selon le technicien des P et T… Sonia est une grande cinéphile, elle a attendu quelques semaines, on a fini par lui installer l’ADSL, c’est un exploit dans la nouvelle ville de Tizi Ouzou, bon c’est vrai, la connexion est plutôt stable, mais pas de quoi regarder tous les films qu’elle veut…
Yacine lui était un mordu de World of Warcraft, le jeu multi-joueurs le plus célèbre de la planète, malgré le retard d’action dû à la lenteur de la connexion algérien, Yacine est arrivé à se classer dans les premiers mondiaux…
“Plus rien nous étonne ici” a répondu un internaute “algérien” à “l’américain”… “sauf quand la connexion est bonne”, rajoute-t-il.

Source : Journal Liberté au 30/12/2010

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