mardi 10 mai 2011

Pour la première fois Algérie Telecom révèle des éléments sur son chiffre d'affaires : La mauvaise surprise


Il fait partie des secrets les mieux gardés du secteur public. Le chiffre d’affaires du groupe Algérie Télécom n’a jamais été publié. Contrairement à ses concurrents, Djezzy et Nedjma, filiales de groupes cotés en Bourse à l’étranger, Algérie Télécom, propriété à 100 % de l’État algérien, ne communique pas publiquement ses résultats. Début 2008, le cabinet de conseil en stratégie Arab Advisors Group avait fourni une estimation du chiffre d’affaires du groupe Algérie Télécom – activités fixe, Internet et mobile – pour 2007. Elle devait atteindre 4,1 milliards de dollars.

En réalité, on est nettement en dessous de ce chiffre. C’est une déclaration mardi à Alger d’un représentant du groupe Algérie Télécom cité par l’agence APS qui fournit une indication sur les revenus du groupe public. Selon ce responsable, « le marché des télécommunications en Algérie a enregistré un chiffre d’affaires de 290 milliards de DA en 2010 », soit 3,8 milliards de dollars. « Ce chiffre englobe l’ensemble des opérateurs intervenant dans le secteur des télécommunications dans le pays, à savoir la téléphonie mobile et fixe ainsi que les fournisseurs d’accès à Internet », a précisé l’APS.

Un petit calcul permet de déterminer le chiffre d’affaires d’Algérie Télécom. En 2010, Djezzy a réalisé un chiffre d’affaires de 1,74 milliard de dollars et Nedjma 610,4 millions de dollars, selon les résultats officiels publiés par leurs maisons mères respectives, Orascom Telecom et Qatar Telecom. A eux deux, ils ont réalisé 2,35 milliards sur un chiffre global du secteur de 3,8 milliards. Si on estime que le chiffre d’affaires des petits opérateurs internet est insignifiant, le chiffre d’affaires du groupe Algérie Télécom s’établit à 1,45 milliard de dollars. Ce chiffre comprend toutes les activités du groupe : mobile (Mobilis), fixe et Internet.

Autrement dit, Djezzy, avec la seule activité mobile, réalise un chiffre d’affaires supérieur à celui de l’ensemble du groupe public de télécommunications. Pourtant Algérie Télécom possède un monopole total sur la téléphonie fixe et quasi‑total sur Internet tandis que Djezzy est bridé par une série de mesures – interdiction de commerce extérieur, redressements fiscaux... « A ce chiffre, il faudrait ajouter les marges ridicules dans le fixe et l’absence de rentabilité du mobile », commente un expert en télécommunications interrogé par TSA. « Ce résultat montre que les entreprises publiques ne peuvent pas affronter la concurrence. Elles sont mal gérées et souvent gangrénées par la corruption », conclut‑il.

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