mercredi 11 mai 2011

La situation d’Algérie Télécom illustre le déclin du secteur public

En 2010, le chiffre d’affaires du secteur des télécommunications en Algérie s'est élevé à 290 milliards de dinars, soit 3,8 milliards de dollars. Sur ce montant, 2,35 milliards de dollars ont été réalisés par Djezzy et Nedjma. Le groupe Algérie Télécom, avec toutes ses branches fixe, mobile et Internet, n'a réalisé que 1,4 milliard de dollars. A titre de comparaison, le groupe Maroc Télécom a réalisé à lui seul un chiffre d’affaires de 4,1 milliards de dollars en 2010, soit plus que l’ensemble du secteur en Algérie. Le groupe, coté en Bourse à Paris et à Casablanca, rapporte 380 millions de dollars de dividendes par an à l’État marocain qui ne détient pourtant que 30 % du capital.

Cette comparaison montre à quel point le secteur des télécommunications est mal géré en Algérie. Les chiffres d’Algérie Télécom illustrent le déclin du secteur public, incapable de créer de la richesse, malgré les sommes colossales injectées par l’État dans les entreprises. En 2006, le groupe public avait même lancé un emprunt obligataire de 22 milliards de dinars, soit près de 300 millions de dollars. Cette somme était destinée à développer le groupe à travers des investissements dans le mobile et l’internet. Mais cinq après, les résultats ne sont pas au rendez‑vous. Algérie Télécom est l’un des rares opérateurs historiques au monde à ne pas être leader sur son propre marché.

Cette faiblesse d’Algérie Télécom est d’autant plus incompréhensible que le groupe public détient un monopole sur le fixe et l’internet. Et depuis deux ans, Djezzy, son principal concurrent dans le mobile, est bridé par une série de mesures et de décisions des autorités. Mais au lieu de devenir un véritable avantage concurrentiel, ce monopole s’est transformé en handicap pour Algérie Télécom.

Dans la téléphonie fixe et l’internet, obtenir une ligne ou un abonnement relève de l’exploit. Des centaines de milliers de logements ont été construits ces dernières années en Algérie dans le cadre du programme quinquennal. Mais rares sont les nouvelles cités qui sont équipées. Exemple : la la cité de « la Fonton » à Bouzareah sur les hauteurs d’Alger. « J’ai déposé une demande à l’agence Actel d’Air de France. A chaque fois que je m’y rends pour me renseigner, un employé sur place me dit : pas encore », déplore un cadre d’une banque étrangère habitant la cité. « Franchement, je ne me souviens pas de l’année de dépôt de ma demande, mais cela fait longtemps », explique‑t‑il. A l’agence d’Algérie Télécom d’Air France à Bouzareah, les demandeurs de lignes fixes des cités « Cosider » et « Militaire » de la Fonton sont accueillis avec un chiffre : « il y a 4000 demandes de lignes fixes en attente ».

Au cœur d’Alger, des cités entières, nouvelles et anciennes, ne sont pas connectées au réseau de téléphonie fixe. « J’ai attendu 40 jours pour avoir ma ligne téléphonique et deux mois supplémentaires pour la ligne ADSL. A chaque fois, on me sortait une excuse : absence de véhicule pour se déplacer, agents occupés… », explique un habitant de Cheraga, à l’est d’Alger. Alors qu’il emploie plus de 26 000 personnes, le groupe sous‑traite une partie de ses prestations à des entreprises privées, comme par exemple l’installation de nouvelles lignes.

A défaut d’occuper le terrain de la téléphonie, Algérie Télécom tente d’être présent dans les médias. Une stratégie qui semble inspirée par l’actuel ministre de la Poste et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il ne se passe pas une semaine sans que Moussa Benhamadi ne parle du développement de l’internet, de la téléphonie, des nouvelles technologies, de la fibre optique, du MSAN etc. Mais sur le terrain, peu de choses sont visibles.

Source : Tout Sur l'Algérie au 11/05/2011

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