mardi 24 mai 2011

Le marché de l’Internet mobile "dépend d’une décision politique"

Les médias se mettent à développer leurs applications pour smartphone. Un marché inférieur à 1% des connections internet en Algérie, jugées elles mêmes encore faibles. Anticipation optimiste. Le DG de IT MAG, Abderrafik Khenifsa, qui vient de s’offrir son application iPhone, pense que l’internet mobile va débouler dans le paysage et changer la donne. Dès que les pouvoirs publics auront tranché sur l’architecture du marché et de la technologie. Un arbitrage qui tarde à venir.

Dans une dizaine de jours, les lecteurs du magazine d’informatique et des nouvelles technologies, IT MAG, pourront télécharger sur le site d’Apple une application iPhone pour consulter online le journal à partir de leur smartphone. IT MAG n’est pas la première publication à lancer ce genre d’applications destinées aux lecteurs qui préfèrent suivre l’information à partir de leurs téléphones portables. Les quotidiens Echourouk et Ennahar ont déjà lancé les leurs.

S’il est encore trop tôt pour parler d’une véritable demande pour l’accès Internet mobile, il est quand même possible d’imaginer une croissance soutenue dans les années à venir. Pour Abderrafik Khenifsa, directeur de la publication d’IT MAG, le « besoin est bien réel ». « Si l’on regarde les chiffres de l’Internet en Algérie, 800.000 abonnements ADSL, et de la téléphonie mobile, 36 millions d’utilisateurs, il n’y a pas photo. Même si le smartphone ne représente que moins de 1% de l’ensemble des mobiles, cela fait un marché potentiel important pour notre hebdo spécialisé », explique-t-il.

IT MAG veut miser sur les nouvelles générations « qui sont très à l’aise avec les nouvelles technologies ».

Mais pourquoi l’iPhone d’Apple et non pas la plateforme Android ? « Aller sur iPhone est un élément important dans notre stratégie de communication, mais nous sommes en train de développer une application similaire sur Android de Google et Bada de Samsung », affirme le patron d’IT MAG. Selon Khenifsa, « le développement sur iPhone est ‘plus facile’ et plus rapide ».

5 à 7 millions pour une application

S’il n’a pas été nécessaire d’aller à l’étranger pour se faire une application sur mesure, il reste que les coûts d’ici n’ont rien à envier à ceux pratiqués en Europe.

« A ma connaissance, il y a une entreprise française qui s’est installé en Algérie pour ce marché mais ses tarifs restent très chers ». IT MAG « est tombé, par hasard, sur un développeur algérien d’applications, « OnMarket », qui est excédé par ces tarifs exorbitants. Il faut tout de même savoir que cet informaticien ne connaissait pas du tout le développement sur iPhone. Il a pris le temps de se documenter, et ça lui a pris une petite semaine pour réaliser l’application et une autre pour effectuer les tests nécessaires ».

Il faut pas moins de 5 à 7 millions de DA pour une application pour smartphone. Une dépense qu’il est très difficile de rentabiliser sur un marché de l’Internet Mobile encore totalement embryonnaire en Algérie.

Mais en dehors du coût, qu’est ce qui entrave le développement du marché des applications smartphones en Algérie ? En dehors de l’inexistence des services liés au TIC, comme paiement en ligne, le principal obstacle reste la technologie mobile disponible en cours (dite de 2e génération – 2G) qui ne permet pas une large bande passante. Le retard mis dans le lancement de la 3e ou 4e génération (3G ou 4G) nécessaires pour des connexions haut débits n’encourage pas le développement des applications mobiles. Ce ne sera pas avant 2012 selon le ministre des Postes et des technologies de l’information et de la communication (MPTIC).

« Je pars du postulat suivant : si on ne franchit pas cette étape, nous serons dépassés et nous allons payer cash ce retard » affirme Khenifsa. Selon lui, en Occident, depuis 2007, « le volume des échanges de données sur les réseaux mobiles a dépassé celui de la voix, et en 2011, la voix devient marginale.

Un 4e opérateur pour chambouler le marché

Les enjeux ont donc évolué vers la bande passante car cette dernière assure le partage du débit et la simultanéité des usages », ajoute le DP d’IT MAG.

Notre interlocuteur va plus loin en suggérant la piste de la rentabilité des services mobiles offerts par les trois opérateurs de téléphonie, mais également de l’entrée en lice ou d’un nouvel opérateur. « On se doit de faire un bilan des services mobiles en terme de rentabilité, perspectives mais aussi les nouveaux usages : contenus, services… ».

Actuellement « deux opérateurs mobiles ont un réseau GSM/EDGE, dénommé l’UIT GSM 2.75, donc pas loin de la 3G. Alors faut-il aller vers la 3G ou la 3G+, ou bien vers la 4G ? », se demande M. Khenifsa.

La nature du choix posera inévitablement la problématique de l’obsolescence des terminaux. Si l’on opte pour la 4G, « votre terminal mobile de maintenant ne sera plus utile ». Par ailleurs, « l’autre question qui va certainement se poser est la suivante : la nouvelle licence 3G/4G sera-t-elle accordée à un 4e opérateur, ou bien aux 3 opérateurs existant ? Pour ma part, je préférerais que ce soit un 4e opérateur pour chambouler un peu le marché, ce qui sera sans doute dans l’intérêt du citoyen », conclu le patron d’IT MAG.

Source : Maghreb Émergent au 24/05/2011

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