mercredi 30 mars 2011

Tunisie : Les confiscations rendent l’Etat actionnaire dans trois opérateurs

La révolution tunisienne et les mesures de confiscation des biens du clan Ben Ali – Trabelsi ont créé une situation totalement imprévue : l’Etat, déjà actionnaire dans Tunisie Telecom, se retrouve aussi actionnaire dans Orange Tunisie et dans Tunisiana.

L'Etat tunisien s’est approprié récemment de 51 % du capital d'Orange Tunisie. Ces parts majoritaires appartenaient auparavant à Marwan Ben Mabrouk, gendre de l'ex-dictateur Ben Ali. Il était logé dans une structure, Investec. Les biens de Marwan Ben Mabrouk, administrateur d'Orange Tunisie tout comme son ex-femme, Cyrine Ben Ali, ont dans un premier temps été gelés, tout comme ceux de 110 personnalités proches de l'ancien président. Le décret-loi a été publié dans le JO et la mise sous tutelle devient effective. Le décret-loi d'expropriation, adopté en conseil des ministres le 25 février, donne six mois à une commission d'enquête pour statuer sur ces 114 personnes, presque toutes membres de la famille de l'ex-président et de son épouse, Leila Trabelsi. Les trois plus proches conseillers de Ben Ali, Abdelaziz Ben Dhia, Abdelwahab Abdallah et Abdallah Kallel, figurent aussi sur cette liste. La troisième licence de téléphonie mobile (mobile 3G, fixe et Internet ) avait été remportée en 2009 par Orange et Marwan Mabrouk. Il s’agissait, selon une déclaration au journal le Monde, de Mongi Ben M'Barek, secrétaire général de la Fédération des postes et télécommunications, « d’un faux appel d'offres, qui comportait des clauses sur mesure, de telle façon que les 13 autres postulants n'avaient aucune chance, et les Français le savaient ".

La licence d’Orange : un prix de famille

Pour lui, le prix de 130 millions d’euros pour la licence était un « prix de famille ». Le groupe France Télecom estime que la mise sous tutelle des avoirs de Marwan Mabrouk ne change rien « sur le plan opérationnel. L'activité continue tout à fait normalement ». Orange Tunisie dispose de 800.000 abonnés et emploie 1100 salariés. Mais avec cette nouvelle appropriation, l’Etat se retrouve, en raison d’un contexte historique imprévu, actionnaire dans trois opérateurs de téléphonie mobile. Outre ses 65% de parts dans l’opérateur historique, Tunisie Telecom, il dispose des 51% de Marwan Mabrouk et aussi des 25% de Sakher El Materi dans Tunisiana. Orascom Telecom avait en effet vendu ses parts (50%), le 22 novembre dernier, dans Tunisiana à l'opérateur qatari, Qtel et à un consortium tunisien « Zitouna Telecom » constitué par Sakher El Materi et Hamdi Meddeb. La cession s’est faite pour la somme de 1,2 milliards de dollars à un prix supérieur au prix du marché. Cette situation inédite d’une participation de l’Etat dans trois opérateurs de téléphonie en concurrence ne devrait pas durer très longtemps. L’Etat devra trancher entre céder ses parts dans Tunisiana et Orange à des tiers, les introduire en Bourse ou les céder à Qtel et Orange.

Source : Maghreb Émergent au 30/03/2011

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