vendredi 11 mars 2011

Séisme – tsunami – Japon : les infrastructures télécoms en première ligne


Au Japon, le séisme de grande intensité suivi d'un tsunami perturbent fortement les réseaux télécoms au niveau régional. Trafic internet affecté, câbles sous-marins endommagés... Enquête sur les premières répercussions, graphes et cartes à l'appui.

Chaque séisme apporte de nouvelles connaissances sur l’impact des télécoms dans l’organisation des secours.

Après Haïti début 2010, le Japon vient de connaître une catastrophe proche du Big One.

Pour l’heure, on constate surtout les dégâts matériels en attendant d’établir un bilan humain qui risque d’être lourd.

Quel est l’impact du séisme et du tsunami sur les infrastructures IT et les réseaux télécoms ?

Depuis le déclenchement de l’alerte, les Japonais et les expatriés continuent d’envoyer des messages via les réseaux sociaux (Twitter et Facebook) dont le rôle n’est plus à démontrer lors de catastrophes ou d’évènements majeurs.

Cedexis, une société franco-américaine spécialisée dans la gestion de trafic Internet, a enregistré « une baisse notable » peu après le séisme survenu ce 11 mars.

« Quelques fournisseurs de services ont subi des coupures, sans doute liées à des pannes électriques » , témoigne Julien Coulon, co-fondateur.

Le trafic internet « aiguillé » par Cedexis entre le 10 mars en soirée et le 11 mars, en début de matinée.

Une information confirmée par Renesys, une société spécialisée dans la veille et l’analyse des données de routage sur Internet.

« Peu de temps après le séisme (première secousse), nous avons vu environ 80 réseaux (préfixes) disparaître sur près de 6000 préfixes présents dans ce pays » , observe Earl Zmijewski, expert de Renesys.

Tout en précisant : « Compte-tenu de la localisation du séisme, je doute qu’il y ait un impact sur les câbles sous-marins (…) La plupart des ces interruptions sont localisées autour des régions de Sendai et Tsukuba (…) Du point de vue Internet, il s’agit d’un événement localisé »

Un câble télécoms sous-marin endommagé selon un opérateur taïwanais

Contacté également par notre rédaction, le cabinet Telegeography de PriMetrica (études sur les backbones) a toutefois ajouté quelques informations sur d’éventuels dommages sur les câbles sous-marin reliant les continents entre eux.

Ils sont nombreux à passer dans la zone où l’épicentre du séisme a été détecté (on en recense une vingtaine).

“Selon l’opérateur taiwanais Chunghwa Communications, le séisme a endommagé le câble APCN-2 intra-asiatique mais les communications n’ont pas été perturbés”, commente Stephan Beckert de Telegeography. “La situation n’est pas encore très claire (…) Même si l’APCN-2 a été endommagé ou coupé, étant donné le grand nombre de câbles atterrissant au Japon, les fournisseurs de services peuvent avoir accès à de nombreux câbles en guise de secours.”

C’est ce que démontre la carte ci-dessous : le trafic peut être routé via des câbles atterrissant au sud du pays et qui ont comme destination l’Océanie (Australie en premier lieu) ou l’Asie (Chine, Inde,..) vers l’Europe.

Autant de portes de sorties qui permettent aux liaisons Internet de fonctionner dans des conditions quasi-normales pour une grande partie du Japon.

Dans une interview accordée à ITespresso.fr en avril 2010, James Cowie, directeur technique de Renesys, soutenait déjà que “Internet s’adapte mieux face aux risques de coupures de câbles sous-marins”.

Ce séisme du 11 mars montre une nouvelle fois qu’Internet est inattaquable mondialement mais peut se montrer vulnérable à un niveau régional, à plus forte raison lorsque surviennent de tels évènements.

Pour finir, la coupure des réseaux téléphoniques commutés fixes et mobiles au Japon n’arrange rien. Tous sont saturés en raison du flot d’appel ou dans d’autres cas coupés totalement en raison d’une perte d’énergie.

Le problème est hélas récurrent dans ce genre de situations ce qui peut potentiellement aggraver le nombre de victimes puisque les blessés n’ont plus de moyens d’avertir les secours.

Plusieurs sociétés ont déjà mobilisé leurs équipes pour participer à l’effort des secours.

Le moteur de recherche Google vient ainsi de mettre en ligne son outil de recherche de personnes (Google Person) portées disparues ou qui veulent se signaler en vie.

Trafic Internet transitant par le JPIX (Japan Internet Exchange), l’un des principaux points d’échange de trafic Internet au Japon.


Source : ITexpresso.fr au 11/03/2011

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