samedi 12 mars 2011

Rachat de Djezzy par le gouvernement algérien : Alger fait-il marche arrière ?


Le gouvernement est-il toujours décidé avec autant de fermeté d’acquérir Djezzy ? Rien n’est moins sûr.

Selon le site électronique d’Al Arabiya, le dossier vient d’être remis au-devant de la scène. Al Arabiya cite une source du ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, qu’elle qualifie proche du dossier et selon laquelle il existe une forte probabilité d’un changement radical de cap dans la stratégie d’acquisition du plus grand opérateur de téléphonie mobile du pays. Cette source a donc expliqué que ce revirement interviendrait dans le cas où le bureau conseil, dans ses conclusions, donnerait une estimation qui dépasserait les prévisions du gouvernement algérien. Dans ce cas précis, l’option d’achat serait abandonnée en faveur d’une acquisition partielle, mais qui assurerait la majorité influente sur le décisionnel au sein du conseil d’administration. à rappeler que le cabinet d’avocats d'affaires international, Shearman and Sterling LLP France, a été choisi par l'Algérie pour évaluer OTA-Djezzy, filiale de l'égyptien Orascom Telecom Holding (OTH), qu'il veut racheter. Il était donc question, tout bonnement, de rachat dont l’option serait remise en question au vu de nouveaux paramètres qui ne se situent pas forcément qu’au niveau financier. Il relèverait également de l’aspect politique à ne pas négliger, notamment que la donne Moubarak n’est plus de mise.

Ce sont là, toutefois, des avis de spécialistes qui demeurent très éloignés des déclarations des officiels. Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication se contente, pour sa part, de répéter ces derniers temps que “le dossier sera bouclé au mois de juin”, ce qui correspond à la date à laquelle le cabinet devra rendre ses conclusions. Contre toute attente, d’aucun soutient que la messe est déjà dite ; de nombreux rebondissements sont à prévoir. Du côté de Djezzy, Hamid Grine, responsable de la communication au niveau de l’opérateur, opte pour la réserve et dit n’avoir aucun commentaire à faire sur cet écrit. Celui-ci, loin d’avoir un ancrage officiel, invite quand même à bien des interrogations. Le gouvernement algérien s’est-il précipité d’avancer l’idée d’acheter, ce qui est en soi une nationalisation qui ne dit pas son nom, pour se rendre compte, plus tard et avec du recul, qu’économiquement l’acquisition pure et simple serait un mauvais choix, comme soutenu par les spécialistes du domaine ? Ou alors, c’est le montant supérieur aux prévisions qui pèserait dans la balance dans la mesure où Alger a toujours évalué Djezzy à 3,2 milliards de dollars au moment où Sawiris réclamait pas moins de 7 milliards de dollars. Mais à présent, toujours de l’avis de cette source, de nouveaux paramètres viennent d’émerger de ce conflit dont les tenants et les aboutissants demeurent très difficiles à cerner tant que les données sont plutôt une denrée rare. En tout état de cause, les actions de Djezzy, en perte de vitesse, seraient un bon argument de faire fléchir Naguib Sawiris. Mais d’un autre côté, les pertes considérables qu’enregistre Djezzy à cause des blocages qu’exercent les pouvoirs publics n’arrangent aucune partie, y compris l’Algérie. Un fait saillant qui, selon toujours la même source, amènerait le gouvernement algérien à reconsidérer la question et à lâcher du lest pour laisser respirer cette entreprise.

Source : Journal Liberté au 12/03/2011

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