dimanche 6 mars 2011

Karim Chouban et Kamel Henni en pionniers : Des web-radios en attendant l’ouverture


Dans une Algérie où la levée du monopole sur l’audiovisuel n’est pas « à l’ordre du jour »,Karim Choubane et Kamel Henni, respectivement patrons de « Start Algeria » et de « Dounia Création », et partenaires dans « Dounia Music » (douniamusic.com), sont des pionniers. Ils ont lancé des radios musicales algériennes sur le net. Ils parlent, à bâtons rompus, de leurs radios, des défis technologiques à relever et des formidables possibilités qu’offrent ces technologies pour la création d’emplois.

Pouvez-vous nous faire une brève présentation de « Start Algeria » ?

Karim Choubane : « Start Algeria » est partie de l’idée de vouloir participer à la professionnalisation de la musique algérienne, et d’être un acteur dans les médias. Mais le champ audiovisuel n’étant pas encore ouvert au privé, on a pris le média qui est à notre portée, à savoir l’Internet. On a lancé depuis plus de 3 ans les premières radios musicales algériennes sur Internet qui résument les principales tendances musicales, à commencer par le Raï (wahrai.com), les musiques : Staïfi (setif.fm), Kabyle (kainaradio.com), Chaâbi (chaabifm.com), la variété algérienne (djazairfm.com), les hits occidentaux très prisés par les jeunes (chebcheba.com), et la musique Orientale (www.djaam.com).

Quels sont vos taux d’écoute ?

Karim Choubane : Ce qui est bien avec Internet, c’est qu’on peut savoir avec exactitude où on nous écoute le plus. Le taux d’écoute le plus élevé vient d’Algérie. Heureusement, puisque c’est destiné aux algériens principalement, en plus nos web radios (http://www.startalgeria.com/startalgeria_fr.html) partent d’ici, puisque nous avons des équipes de programmateurs dans chaque ville où est implantée une des radios. En seconde position vient l’Europe, avec la France en tête, et en 3e position l’Amérique du Nord où il y a une diaspora algérienne. Les débuts étaient difficiles, mais maintenant ces radios sont bien lancées et sont devenues les premières radios musicales en termes d’audience, soit environ 150.000 players qui s’ouvrent par jour. On comptabilise un « player » lorsqu’un internaute vient sur un de nos sites, ou sur d’autres pages Web qui relayent nos flux. A partir d’Algérie, nous comptabilisons environ 70.000 players/jour.

Pour le moment c’est juste de l’écoute en streaming, et pas de téléchargements.

Karim Choubane : Il n’y a jamais eu de téléchargements de musique à partir de nos sites. Nous sommes sensibles aux questions de piratage. On ne veut pas êtres les gendarmes du Net, mais on s’est tout de suite rangé du côté des artistes algériens.

Vous avez également mis au point des applications mobiles pour l’écoute de vos radios.

Karim Choubane : Nous avons suivi ce qui passe sur les marchés occidentaux, avec l’arrivée de la 3G et principalement de cet appareil qu’on appelle l’iPhone qui a explosé tout le marché des Smartphones dans le monde. La révolution c’était d’entendre une web radio, n’importe où dans ses déplacements, à condition évidemment d’avoir la 3G. Notre souci à nous était donc de préparer une application mobile, qui s’appelle « Start Algeria » (http://itunes.apple.com/ca/app/start-algeria/id375750075?mt=8), qu’on a lancé depuis 1 an et demi, et qui permet d’écouter nos radios sur iPhone. Nous avons également signé une nouvelle licence qui va permettre de nous élargir à d’autres téléphones mobiles, notamment avec l’avènement des Androïdes qui grignotent de plus en plus de parts de marchés. Nous allons donc lancer une nouvelle application, très professionnelle, qui va, en plus de diffuser de la musique, permettre d’intégrer un flux d’info-services qui va aller de la météo, à l’actualité musicale et culturelle en Algérie, et même d’inclure des offres d’emplois dans le cadre d’un partenariat avec un site très connu. Nous allons développer cela sur les marchés occidentaux, là où existe une diaspora algérienne, avec l’espoir de voir la 3G ou la 4G en Algérie.

Les problèmes techniques liés à l’Internet (baisse du débit, coupures…) en Algérie influent-ils sur vos taux d’écoute ?

Karim Choubane : J’ai le sentiment que les choses commencent à s’améliorer, même si je pense qu’on peut largement mieux faire en terme d’équipements Internet pour améliorer la structure du réseau en Algérie. Karim Henni pourra mieux expliquer que moi.

Kamel Henni : La connexion Internet en Algérie évolue, mais nous avons un problème de coupures et de configuration du réseau. C’est cette instabilité du débit qui pose problème aux internautes. La dernière fois où il y avait un problème de réception de nos web radios, la baisse du débit a été constatée dans certaines région et pas d’autres. C’est un problème de configuration.

Où en est « Dounia Music ».

Kamel Henni : Oui, le site s’impose comme le premier site de musique algérienne. On dépasse les 100.000 visiteurs par jour, soit environ 3 millions par mois. Nous proposons des albums de chanteurs, toutes catégories confondues, en écoute, donc pas de téléchargements. L’avantage de notre site, c’est sa simplicité, son design ergonomique et une qualité de son proche de celle du CD. « Dounia Music » est actualisé chaque jour. Nous sommes pratiquement en tête des référencements des sites algériens de musique.

Vous arrivez à attirer de la publicité pour financer votre entreprise ?

Kamel Henni : Ce qui compte pour attirer de la publicité, c’est le référencement sur Google. On a donc commencé par cela, puis par l’amélioration du design du site, on a diversifié le choix des players. Chaque visiteur peut choisir un nombre de morceaux et les mettre sur son blog, par exemple, et qui les proposera probablement à d’autres internautes, ce qui fait que notre site a pris de l’ampleur. Nous travaillons avec plusieurs annonceurs, dont Nedjma, Mobilis, Pepsi, Coca, Renault et d’autres. Il y a aussi des annonceurs étrangers qui s’intéressent beaucoup à la location de nos bannières.

Karim Choubane : Pour nous c’est un peu plus dur. Nous avons des annonceurs classiques, de type Google, on a eu quelques contrats de sponsor. Nous avons fait un deal avec nos diffuseurs streaming pour nous avoir d’avoir des campagnes de pub sur des marchés occidentaux, comme la France, pour diffuser des spots en contrepartie de payer les coûts du serveur. Ça va bientôt changer. Nous allons ouvrir une régie, avec Start Algeria et Dounia Création, pour commercialiser des spots audio sur nos web radios. Pour nous, la visibilité de l’annonceur sera sur le stream, en audio, et non pas sur le site.

Vos projets ?

Karim Choubane : Pour le moment nous focalisons sur la sortie des applications pour l’écoute de nos web radios. Nous continuerons à nous développer et nous serons créateurs d’emplois avec l’avènement de la 3G, que nous attendons avec impatience, puisqu’il y aura un flux énorme. Mais rien ne nous empêche d’êtres candidats lorsque le champ audiovisuel sera ouvert en Algérie. Nous souhaitons êtres acteurs, exploiter des fréquences radio sur tout le territoire national, pour mettre en avant notre patrimoine musical et créer des également des emplois. Nous travaillons aussi en ce moment avec Dounia Music sur une plate-forme avec des artistes algériens, des éditeurs et des producteurs pour lancer le téléchargement en ligne.

Kamel Henni : L’afflux des internautes vers les sites de musique devrait nous aider à convaincre les artistes, éditeurs, producteurs de musique, et même l’ONDA, d’aller vers une plate-forme de téléchargements payants. Bien sûr, avant l’arrivée du paiement électronique en Algérie, il y a un formidable potentiel chez les algériens résidents à l’étranger.

Karim Choubane : Une carte prépayée d’un opérateur de téléphonie pourrait très bien servir pour l’achat de musique en ligne.

En avez-vous déjà parlé avec les trois opérateurs de téléphonie mobile en Algérie ?

Karim Choubane : Oui, nous avons déjà évoqué cela, mais je pense qu’il faut laisser les choses évoluer doucement. Laissons leur le temps d’apprécier comment ça va se développer sur les marchés occidentaux, et lorsque la 3G ou la 4G arrivera en Algérie, le modèle économique sera plus visible pour tous.
Source : Maghreb Émergent au 06/03/2011

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