mardi 1 mars 2011

Le chinois Huawei se rebiffe contre Washington


Le numéro deux mondial des équipements télécoms ne peut pas acquérir de sociétés américaines.

C'est un peu l'histoire d'une impossible conquête. Celle de l'Amérique par un chinois des temps modernes. Depuis 2008, l'équipementier de télécommunications Huawei a tenté d'acquérir trois entreprises américaines. Il s'est à chaque fois heurté à l'opposition de la classe politique américaine. La semaine dernière, le numéro deux mondial des équipements téléphoniques a fini par jeter l'éponge, une fois encore, retirant son offre de rachat des brevets de 3Leaf Systems. Il ne pensait pourtant pas déchaîner les passions en se portant acquéreur de la technologie d'une start-up californienne en déroute pour deux millions de dollars au printemps dernier.

Le Committee on Foreign Investments in the United States (CFIUS) en a décidé autrement. L'autorité chargée de surveiller les investissements étrangers aux États-Unis a émis, début février, un avis négatif sur l'opération. Depuis plusieurs années, Washington reproche à Huawei de ne pas respecter la propriété intellectuelle de ses entreprises et d'entretenir des liens étroits avec l'armée chinoise. Le Congrès bloque sur le passage du fondateur et actuel président de la compagnie chinoise, Ren Zhengfei, dans les rangs de l'Armée populaire de libération (APL) dans les années 1970, en tant qu'ingénieur.

Hausse le ton

Des «rumeurs persistantes et fausses», contre-attaque Ken Hu, président de Huawei aux États-Unis et vice-président pour le monde, dans une lettre ouverte publiée vendredi dernier. Car cette fois-ci le géant des télécoms hausse le ton. Le responsable «espère sincèrement que le gouvernement des États-Unis ouvrira une enquête formelle sur tous les doutes qu'il peut avoir à propos de Huawei». Le chinois entend ne pas se laisser bouter hors du premier marché mondial, où il compte déjà de nombreux clients. La compagnie revendique plus de 1 000 employés aux États-Unis et rappelle avoir acheté à des entreprises américaines pour 6,1 milliards de dollars en produits et services en 2010. Connue pour être une des sociétés chinoises misant sur son département de recherche et développement, la compagnie a investi 62 millions de dollars dans ce domaine outre- Atlantique l'an dernier.

Huawei a fini par se lasser de ses échecs américains à répétition. En 2008, l'entreprise de Shenzhen faisait une offre pour le rachat de 3Com, finalement repris par HP. L'an dernier, c'est la branche équipement de Motorola aux États-Unis que Siemens Nokia Networks lui ravissait. Le chinois monte là aussi au créneau en accusant son ancien partenaire, Motorola, de transférer une partie de sa technologie à son nouveau propriétaire. Le numéro deux mondial des équipements de télécommunication semble avoir compris l'adage occidental selon lequel la meilleure défense est souvent l'attaque.

Source : Le Figaro au 01/03/2011

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