jeudi 31 mars 2011

Alors que les Algériens attendent impatiemment sa mise en service : La 3G n’arrive pas à voir le bout du… fil


La mise en service de la téléphonie mobile de troisième génération en Algérie peine à franchir le stade de l’intention. Annoncée depuis quelques années déjà, elle n’arrive toujours pas à voir le bout du… fil, alors que la première démonstration, à titre expérimental, avait été effectuée en décembre 2004 et les licences devaient être vendues en 2007. Aux dernières nouvelles, son lancement est promis pour cette année…

Les Algériens qui se disent prêts à s’abonner à la 3G dès son lancement s’impatientent certes, mais ne désespèrent pas de pouvoir accéder à cette technologie révolutionnaire qui leur ouvrira un nouveau monde sur leur mobile. Actuellement, on en est à l’élaboration du cahier des charges, qui n’en finit pas d’être au stade de l’ébauche. Pourtant, le marché semble prêt, que ce soit du côté des opérateurs, qui ont déjà commencé à investir dans cette technologie, que du côté des clients, qui ont hâte à pouvoir jouir des nombreux avantages qu’offre la 3G. Des experts étrangers intéressés de très près par le lancement de la 3G en Algérie, qualifient le marché de suffisamment mature et d’intéressant en termes de consommation.

Une raison qui fait que la 3G n’intéresse pas seulement les opérateurs activant dans le secteur de la téléphonie mobile en Algérie. Elle intéresse également des opérateurs étrangers, lesquels ont déjà exprimé leur grand intérêt à décrocher une licence. Mais, en fait, combien de licences d’exploitation mettra-t-on en vente ? Seront-elles vendues aux seuls opérateurs exerçant déjà en Algérie ou la course sera-t-elle ouverte aux opérateurs étrangers ? La problématique du contenu sera-t-elle résolue à temps avec la promesse de la mise en service de la 3G dès cette année ? Autant de questions qui restent sans réponse. Quoiqu’il en soit, les avantages qu’offre la 3G, s’ils ne sont plus à démontrer sous d’autres cieux, se font désirer en Algérie.

Les potentiels futurs utilisateurs espèrent que cette année sera la bonne pour la téléphonie de troisième génération qui leur apportera un plus indéniable par rapport à l’utilisation classique de leur téléphone mobile. En effet, outre la réception et l’émission d’appels, de SMS, de MMS, il leur sera désormais possible de visionner leur correspondant au moment où ils lui parlent, d’avoir la visioconférence, de voir la télévision, d’avoir accès à des jeux en ligne, de télécharger des vidéos, de la musique, des films, etc., et cela seulement grâce à leur mobile.

Il faut dire qu’actuellement l’utilisation des TIC a fait son entrée, de façon irréversible, dans le quotidien des Algériens. Qui pouvait imaginer un jour que le téléphone mobile se démocratiserait autant ? Que l’Internet se généraliserait ? Les Algériens semblent, chacun à sa manière, attendre que cette technologie soit mise à leur disposition. Seul grand point qui les préoccupe : le coût qui leur sera exigé pour avoir accès à cette nouvelle technologie qui leur ouvrira une
nouvelle ère dans le monde de la téléphonie mobile. La 3G, un plus indéniable dans la vie de tous les jours.

C’est le cas de Rachid, journaliste de profession, qui est, comme il se qualifie, un «mordu grave» des NTIC. Il exploite sans se lasser tout ce qui est nouveau dans le domaine. «Vous ne pouvez pas imaginer à quel point j’adore cela. Les nouveaux modèles de mobiles, le black berry, les IPhone, netbook, etc., font partie de mes loisirs favoris. Mais ce sont des loisirs qui me permettent de joindre l’utile à l’agréable, puisqu’ils me permettent tantôt de me distraire, tantôt de les utiliser dans le cadre de mon travail. Ce que j’attends avec le plus d’impatience, c’est de pouvoir visionner les matchs de football à la télévision quel que soit l’endroit où je me trouve, à partir de mon mobile», dit-il. Pour sa part, Hamid, jeune fonctionnaire, c’est plus pour sa mère qu’il souhaite l’arrivée de la 3G. «Comme je n’ai pas Internet à la maison, j’emmène ma mère dans un cyber pour discuter sur Skype avec mon frère qui ne vit pas en Algérie. S’il y avait la 3G, elle discuterait directement avec lui sur son téléphone à n’importe quel moment», déclare-t-il. Il avoue, ensuite, avec un certain embarras, qu’il est parfois un peu gêné quand sa vieille mère raconte sa vie à haute voix dans un cyber. «Imaginez un peu, tous les jeunes du quartier qui se trouvent au cyber savent ce que nous avons préparé à manger la veille, l’avant-veille, la semaine dernière. Ils sont au courant de nos petits différends, des fêtes qu’il ya eu dans la famille, des décès. Mais heureusement que je ne suis pas le seul à emmener ma mère dans ce lieu et que beaucoup de jeunes du quartier le font, pour les mêmes raisons», lâche-t-il avec un certain soulagement.

Samir et son «commerce électronique»
Samir est un jeune chômeur, mais il semble bien connaître la 3G. «Je suis certes chômeur, mais pas analphabète : je suis ingénieur polytechnicien sans emploi», rétorque-t-il.
Lui, il veut utiliser la 3G pour faire du «business» plus vite. «Je gagne ma vie grâce à ce que j’aime appeler le commerce électronique. J’achète de la marchandise via des sites d’annonces. Je repère ce qui me plaît et je contacte le vendeur par mail ou par téléphone. On se donne rendez-vous pour que je voie la marchandise et ensuite on discute, on négocie. Avec la 3G, je pourrais voir directement la marchandise et décider si je suis preneur ou non, sans avoir à prendre rendez-vous, à me déplacer… Cela me ferait gagner énormément de temps, et le temps c’est de l’argent», dit-il dans la langue de Shakespeare.

«Un œil sur mon fils»
Samira, médecin, affirme dans un premier temps que la 3G lui permettrait de suivre des visioconférences dans le cadre de son travail puisque, ayant une famille à charge, elle ne peut pas toujours effectuer des déplacements pour les activités qui se passent ailleurs qu’à Alger.
Mais au-delà du domaine professionnel, avoue-t-elle, après une certaine réserve, c’est sur son jeune fils, en première année au lycée, qu’elle aimerait avoir l’œil grâce à la 3G. «Quand je l’appelle, j’aimerai bien le voir et voir son environnement pour être sûre qu’il est dans son lycée et non avec ses copains dans une salle de jeux, au cinéma ou ailleurs. Il a une adolescence difficile et les études ne semblent pas trop l’emballer. Je dois avoir l’œil sur lui si je veux qu’il aille jusqu’à la 3e AS et qu’il décroche son bac».

Mohanned, Lamisse et les autres
Sabah, elle, est fan de feuilletons genre Lamisse, Mohanned, etc. Elle est responsable dans une entreprise et dispose d’un bureau, à elle seule. Avoir accès à la télévision sur son mobile ? Elle a bien l’intention d’en profiter une fois la 3G lancée. Avoir ses moussalssalète préférés disponibles sur son mobile ? Elle saute de joie rien que de savoir que cela lui sera désormais possible et échafaude déjà des plans : elle est bien disposée à changer son heure de pause pour suivre ses feuilletons favoris qui passent en début d’après-midi à la télé. Ainsi, elle n’aura plus à attendre la rediffusion, très tard le soir. Ainsi, à chacun ses raisons de vouloir voir arriver la 3G.

En attendant, les Algériens n’ont que la promesse que 2011 est l’année où ils l’auront. Ils ne demandent pas mieux que d’y croire. Mais ce énième rendez-vous sera-t-il le bon ?

Source : Quotidien Le Jeune Indépendant au 31/03/2011

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