mardi 18 janvier 2011

ALORS QUE LES COMMUNAUTÉS D'INTERNAUTES S'AGITENT SUR LA TOILE : Les opérateurs démentent le filtrage de l'accès à l'internet en Algérie


La tentation totalitaire est-elle si grande chez nous qu'elle pousserait le gouvernement à limiter l'accès des Algériens à l'Internet ? C'est, en tout cas, la rumeur qui circule actuellement dans les milieux branchés d'Alger, où l'on se persuade d'une tentative de censure de Facebook, le réseau social planétaire grâce auquel, dit-on, la dictature des Benali-Trabelsi est tombée.

Amplifiée sur le net, justement à travers Facebook, la rumeur veut que, pour parer au danger d'une révolte populaire de la même ampleur qu'en Tunisie, les autorités algériennes auraient entrepris de perturber la connexion Internet. On avance même des velléités d'interdire l'accès à quelques sites sensibles dont celui de Twitter et de Facebook.

Selon la rumeur, l'accès à ce réseau social est rendu difficile à cause de quelques perturbations «techniques» qui alourdissent la connexion ou qui la rompent de façon intempestive. Contactés à ce sujet, quelques Facebookers algériens notent, effectivement, que le réseau connaît de fortes perturbations mais ne savent pas si cela est dû à des problèmes techniques ou à une volonté délibérée d'empêcher l'accès à la toile mondiale.

Contacté à ce sujet, le directeur de la communication d'Algérie Télécom, Abdelhakim Meziani, se dit plutôt étonné de la rumeur. «Au contraire, notre objectif est de parfaire l'accès à l'Internet pour tous les utilisateurs en améliorant constamment nos services», explique-t-il.

La preuve, dit-il, Algérie Télécom vient d'augmenter de 10 gigabits les capacités de sa bande passante à l'international pour la porter à 46 gigabits. «C'est une extension significative de nos capacités et je vous assure que d'autres améliorations sont prévues dans le courant pour rendre la connexion très fluide»,

précise M. Meziani, qui ajoute que l'augmentation qui avoisine les 30% permettra aux utilisateurs, les entreprises en particulier, de bénéficier pleinement du haut débit. «Parler de censure ou de tentative de museler l'expression sur le net, c'est à mon avis exagéré. Vous-mêmes, avez-vous senti cela» ? interroge-t-il, assurant qu'Algérie Télécom a engagé un ambitieux programme visant à améliorer la qualité des services qu'elle fournit à sa clientèle, le but étant de garantir le fonctionnement continu des réseaux.

«Les perturbations constatées ne sont en fait que le résultat du renouvellement des équipements pour mise à niveau», explique enfin M. Meziani.

«J'accède à tous les sites que je veux»
Sadi Gouasmia, directeur général de «Anouar net», est pratiquement du même avis : «nous sommes les derniers à qui il faut poser cette question», répond-il d'emblée. Notre interlocuteur est formel : «Nous n'exerçons aucun contrôle, aucun filtrage et, pour être plus précis, nous n'avons aucune injonction pour exercer un quelconque contrôle sur notre réseau». M. Gouasmia dit être au courant de la rumeur, «mais à ce jour,

nous n'avons rien constaté de pareil dans les faits». «Certes, nous ne représentons que 1% à 2% de l'accès Internet en Algérie, il faut donc adresser ces questions à Algérie Télécom qui est le plus gros opérateur de télécommunications dans le pays et ensuite voir Slc,

Icosnet qui ont des réseaux beaucoup plus étoffés que le nôtre», relève le patron d'Anouar Net qui réaffirme que son entreprise n'exerce «ni contrôle ni filtrage sur son réseau». M. Gouasmia explique qu'«il faut faire la différence entre perturbation du réseau et contrôle» :

«Le réseau Internet en Algérie s'est caractérisé par des perturbations quasi permanentes», dit-il, précisant que «les perturbations surviennent quand il pleut beaucoup». «Je suis connecté en permanence à l'Internet et je consulte tous les sites que je veux sans problème aucun», conclut enfin notre interlocuteur.

A qui le tour ?
Plusieurs personnes interrogées sur le même sujet considèrent que la rumeur n'est pas à prendre au sérieux. Le problème, selon eux, réside dans la cherté de la connexion Internet et le faible débit.

«Ailleurs, on en est aux connexions dépassant les 24, voire les 100 mégaoctets, alors qu'Anis et Fawri ne dépasse pas les 2 mégas», nous dit le gérant d'un cybercafé à Bir Mourad Raïs.

Pour autant, ces explications ne semblent pas convaincre quelques membres de la désormais communauté algérienne de Facebook, qui n'en démordent pas.

La réussite, toute relative, des rassemblements auxquels elle a appelé à Alger, et le ralliement des lycéens à la grève via Facebook semblent griser certains esprits. A telle enseigne qu'elle a suscité la sympathie «agissante» de la puissante communauté des «Anonymous», qui menace de s'attaquer au pouvoir algérien, égyptien et libyen. Comment ?

De la même manière qu'elle a réussi à le faire en Tunisie, en répercutant les messages appelant à la révolte et en s'attaquant aux sites officiels de ce pays. Autrement dit, et comme s'interroge une communauté sur Facebook, «Egypte, Algérie, Libye, où aura lieu la prochaine révolution ?»

Source : Quotidien Le Temps d'Algérie au 18/01/2011

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