samedi 24 avril 2010

Le rachat de Djezzy par MTN aura besoin de l’aval préalable d’Alger


Il ne suffira pas au sud-africain MTN de casser sa tirelire pour s’approprier Djezzy. Du fait du précédent Orascom Cement, la loi a changé. Il faut désormais l’aval du gouvernement algérien.


Le groupe de téléphonie mobile sud-africain, MTN, a confirmé qu’il menait des pourparlers en vue d’un accord potentiel pour le rachat des actifs d’Orascom Télécom (OTH) dont sa filiale algérienne, OTA (Djezzy). Le groupe égyptien a choisi de ne pas commenter une information qui agite la presse économique et les bourses. La cession des actifs d’Orascom dans différents pays comme la Tunisie, l’Egypte ou le Zimbabwe ne devrait pas rencontrer d’obstacles majeurs. Le cas de la filiale algérienne, Djezzy, la plus rentable du groupe - 41% des revenus du groupe et 50% du total de ses bénéfices - risque d’être beaucoup plus problématique. Le groupe égyptien est depuis des mois en délicatesse avec les services des impôts en Algérie. Il a du s’acquitter, en trois tranches, de la majeure partie des sommes qui lui étaient réclamées par la Direction générale des Impôts (DGI). Orascom Télécom Algérie n’a pas, pour autant, été autorisé à transférer ses bénéfices par la Banque d’Algérie. Le législateur algérien a introduit le préalable de la délivrance d’un quitus à toute opération de transfert de bénéfices par les sociétés étrangères. Or, du point du fisc algérien, le contentieux n’est pas définitivement apuré. OTA a admis dans son dernier communiqué qu’il restait une somme de 25 millions de dollars dont le versement était tributaire de la décision finale de la justice algérienne. Les difficultés d’Orascom Télécom Algérie poussent le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, à envisager la cession de Djezzy.

Droit de préemption


Les rumeurs, mollement démenties par le groupe égyptien, sont restées persistantes au cours des derniers mois. Naguib Sawiris leur a donné de la consistance en février dernier en déclarant au Wall Street Journal, avoir besoin de comprendre si ses investissements sont encore les bienvenus en Algérie ou pas. « Le cas échéant, nous serons dans l’obligation d’envisager d’autres options». A Alger, le discours officiel public est resté inchangé : nul n’incite pas Orascom Télécom a quitter l’Algérie mais le groupe égyptien devra comme toute autre entreprise se mettre en règle avec le fisc. Avant l’annonce de pourparlers entre MTN et Orascom, la Bahrain Telecommunications Company (Batelco) et le groupe émirati Etisalat s’étaient positionnés l’un et l’autre en repreneur potentiel. Etisalat a toutefois souligné que l’entrée d’un nouvel opérateur sur le marché algérien était tributaire d’un accord préalable du gouvernement algérien. Analyse correcte qui s’impose également au groupe sud-africain MTN. Ce dernier devra nécessairement, pour pouvoir intégrer Djezzy dans ses actifs, mobiliser les ressources politiques du gouvernement sud-africain afin d’obtenir qu’Alger ne fasse pas jouer le droit de préemption. A priori, les relations politiques entre l’Algérie et l’Afrique du sud – tout comme d’ailleurs avec les Emirats – pourraient être un élément de facilitation. Le droit de préemption a été introduit par les autorités algériennes à la suite de la cession de la filière ciment d’Orascom au groupe Lafarge qui s’est retrouvé, sans avoir eu à informer ni solliciter l’aval du gouvernement algérien, propriétaire de deux cimenteries en Algérie. Ce nouveau contexte juridique crée une difficulté majeure pour une éventuelle cession des actifs d’Orascom à MTN. Les solutions de contournement paraissent peu convaincantes. Le transfert de propriété ou le changement d’actionnaire(s) ne peut être agréé sans le consentement officiel. Aucune solution ne parait donc envisageable sans l’approbation préalable du gouvernement algérien.
Source : Maghreb Emergent au 24/04/2010

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