mercredi 29 septembre 2010

Orascom Telecom et le gouvernement algérien se positionnent en vue d’un arbitrage international


C’est désormais une certitude pour les spécialistes du secteur des télécommunications. Le différend entre le gouvernement algérien et Orascom Télécom a de fortes probabilités d’atterrir devant un tribunal d’arbitrage international. Les chances d’un arrangement amiable apparaissent très faibles.

Depuis quelques semaines, les deux parties se donnent des arguments solides en vue de se défendre devant un tribunal arbitral. Dernier épisode en date : la convocation, mercredi 29 septembre, de Thamer El Mahdi, DG de Djezzy, par la police algérienne suite à une plainte de la banque d’Algérie concernant des opérations financières réalisées en 2007, 2008 et 2009 avec la maison mère en Egypte (lire notre article).

Pourquoi des faits qui remontent à 2007 surgissent-ils actuellement, quatre ans après ? Pour les Algériens, cette convocation constitue une nouvelle pièce versée au dossier en vue de l’arbitrage international. « Les Algériens à travers cette interpellation cherchent à faire passer un message. Ils disent : regardez, nous ne nous attaquons pas à tous les investisseurs mais seulement à Orascom Telecom qui ne respecte pas la législation sur le change », explique un spécialisate du secteur.

La convocation du DG de Djezzy risque en effet de modifier la nature du différend entre Alger et Orascom Telecom. Les Algériens, en choisissant de le positionner sur le terrain de malversations présumées, cherchent à casser le principal argument développé depuis quelques mois par Naguib Sawiris. Pour ce dernier, et il l’a redit au dernier forum The Economist à Londres, Djezzy est attaqué en Algérie à cause de son succès. Comprendre : les Algériens cherchent à lui prendre son affaire la plus juteuse.

Naguib Sawiris conteste également le choix d’un cabinet algérien, Hadj Ali, pour effecteur l'évaluation financière de Djezzy en vue de son rachat par l’Etat algérien. Pour lui, c’est l’offre du sud-africain MTN, valorisant Djezzy à plus de 7 milliards de dollars, qui doit servir de référence. « Sur ce point, il a raison. La valeur d’une entreprise est celle qu’un acheteur est prêt à payer. Tout le reste, comme la valorisation de Deutsche Bank ou les conclusions du cabinet Hadj Ali, n’est que littérature », explique un spécialiste en fusions-acquisitions.

Ce dernier, comme Naguib Sawiris, met également en doute les compétences du cabinet algérien. « Valoriser une entreprise n’est pas une approche comptable mais financière. C’est le travail d’une banque d’affaires. Le travail va consister à évaluer l’existant mais aussi et surtout attribuer une valeur future à l’entreprise, selon son potentiel et celui du marché. Ce sont des calculs très complexes », explique-t-il.

Naguib Sawiris négocie actuellement avec un autre opérateur, le russe VimpelCom. « S’il arrive à obtenir un prix, Djezzy sera forcément valorisé par rapport à ce prix et à celui proposé par les Sud-africains », ajoute le premier spécialiste. Pour lui, le temps presse pour le gouvernement algérien dont l’intérêt est de formuler une offre avant les Russes. Mais, avertit-il, quelle que soit l’issue de l’opération, « il n’y aura aucun gagnant dans cette affaire ».

Source : Tout Sur l'Algérie au 29/09/2010

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