jeudi 30 septembre 2010

LES CHOSES SÉRIEUSES COMMENCENT POUR L’OPÉRATEUR ÉGYPTIEN : LE DG DE DJEZZY ENTENDU PAR LA POLICE


Comme cela était attendu, les virulentes critiques formulées récemment par le patron d’Orascom Telecom Holding, Naguib Sawiris, contre l’Algérie ne sont pas restées sans conséquence puisque le représentant du groupe en Algérie a été entendu par la police suite à la plainte déposée par la Banque d’Algérie.

Orascom a rendu public hier un communiqué dans lequel le président de la filiale algérienne du groupe égyptien a été convoqué par la police algérienne dans le cadre d’une enquête sur « des allégations d’infraction à la législation sur les changes ». Selon le communiqué, le président d’Orascom Télécom Algérie (OTA, marque de téléphonie mobile « Djezzy ») a été interrogé sur des frais d’assistance technique payés à Orascom Telecom Holding (OTH) par sa filiale de 2007 à 2009 et qui n’auraient pas été conformes aux règles de transferts financiers internationaux. OTH dément « avoir agi de quelque manière qui ne serait pas conforme à la loi algérienne » et assure avoir commencé à fournir tous les éléments pour répondre aux allégations soulevées par la Banque d’Algérie. OTH ajoute par ailleurs qu’OTA n’a pas reçu de nouvelle demande de la part des services fiscaux algériens. Une manière de démentir les rumeurs rapportées ici et là sur un nouveau redressement fiscal que les autorités algériennes auraient décidé contre le groupe Orascom. Cette convocation du responsable de Djezzy démontre que les dernières déclarations de Naguib Sawiris où il avait critiqué ouvertement et de manière virulente l’Algérie ne sont apparemment pas tombées dans l’oreille d’un sourd. L’on sait déjà que les propos hautains de l’Egyptien ne sont pas passés inaperçus du côté d’Alger où les autorités ont pris acte de sa sortie médiatique. Mais, ce qui confirme la colère du gouvernement à l’égard du PDG du groupe Orascom, c’est la saisine de la justice algérienne par la Banque d’Algérie qui considèrerait les propos de Sawiris comme de « fausses déclarations » sur les activités financières de la filiale. L’agence Reuters était même allé jusqu’à affirmer qu’un nouveau redressement fiscal était en cours contre l’opérateur de téléphonie mobile. L’agence Reuters, qui citait des « sources industrielles et gouvernementales », n’a pas précisé le montant de ce nouveau redressement qui, s’il se confirme, démontrerait que les ennuis de l’opérateur ne sont pas près de s’estomper. Certes, l’information a été démentie quelques heures plus tard par une « source gouvernementale algérienne » citée par la chaîne de télévision Al Arabiya et reprise par une autre dépêche de l’agence Reuters. Selon Al Arabiya, le gouvernement algérien n’a notifié aucun nouveau redressement à Djezzy qui a déjà fait l’objet d’un premier redressement fiscal de plus de 600 millions de dollars en 2009. Certains seront tentés de dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, et qu’il doit y avoir quelque chose qui se trame contre l’opérateur, en représailles aux violentes critiques de Naguib Sawiris contre l’Algérie. Mais, il pourrait aussi s’agir d’une sorte de ballon de sonde des autorités algériennes pour voir la réaction des responsables de d’Orascom face à nouvelles sanctions économiques. Ceci dit, les autorités algériennes ne seront certainement pas prêtes à pardonner au patron d’Orascom ses écarts de langage qui commencent à se multiplier ces dernières semaines sur les médias étrangers. Lors de sa dernière sortie médiatique, Sawiris, qui semble avoir tout oublié des facilitations et avantages dont ses entreprises ont bénéficié des années durant en Algérie, s’est montré particulièrement ingrat. « Il y a un vrai changement de climat en Algérie où les investissements étrangers ne sont plus les bienvenus », a-t-il déclaré, jeudi dernier, sur les colonnes du quotidien économique français la Tribune. Le parton égyptien ne garde de souvenirs que ce que ses entreprises ont apporté à l’Algérie, bien que personne n’ait nié la contribution d’Orascom au développement et à la démocratisation de la téléphonie mobile dans le pays. « C’est dommage, car nous avons apporté de la technologie et des emplois », s’est contenté de relever le responsable égyptien. Quid des crédits bancaires, de l’échéancier de paiement de la licence, des facilitations pour l’installation et l’importation des équipements…Et Sawiris se permet même de dire à qui veut bien l’entendre qu’il n’est pas près à lâcher la filiale algérienne. Cette véritable poule aux œufs d’or. « Nous n’avons aucune intention de sortir de l’Algérie. Nous avions déjà subi une campagne médiatique féroce en 2003, nous avons survécu », a-t-il dit à La Tribune. Il se permet même d’user d’une certaine insolence dans le langage. « Djezzy n’est pas à vendre », a-t-il tranché sans trop accorder d’importance à ce pourraient penser de cela ses vis-à-vis en Algérie.

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