« La faiblesse de l’Etat »
Si les négociations sur l’achat de Djezzy par l’Algérie ne sont pas encore entamées, l’évaluation de ses actifs étant confiée à un expert algérien, Hadj Samir Ali, soutenu par des bureaux d’expertise étrangers, devrait être achevée à la fin de l’année en cours. Alors que Sawiris réclame 7,8 milliards de dollars pour le rachat de Djezzy, la Deutch Bank l’évaluait à 3,6 milliards de dollars. Du simple au double, en somme. Au cours du même sommet organisé par The Economist, Sawiris, manifestement de plus en plus exaspéré, a lâché une autre salve à propos de l’environnement des affaires. «La faiblesse de l’Etat de droit le dissuade d’investir dans des marchés émergents comme l’Algérie», a-t-il ajouté. Il est bien loin le temps ou le milliardaire égyptien convoquait à ses frais une poignée de journaliste algériens au Caire pour dire tout le bien qu’il pensait du milieu des affaires en Algérie.
Quand Sawiris convoquait les journalistes algériens pour vanter les charmes du business en Algérie
Au cours d’un briefing tenu au 26e étage du building qui abrite son groupe au bord du Nil, Sawiris avait tressé des lauriers à l’Algérie mieux que ne le ferait un ministre du gouvernement de Bouteflika. «Je saisis cette opportunité pour dire que l’Algérie se distingue, aux yeux des investisseurs étrangers, par cette qualité rare qui consiste à respecter ses engagements. Nous sommes engagés dans plusieurs pays arabes et nous pouvons dire que nous n’avons pas vu dans cette partie du monde un pays aussi respectueux de ses engagements comme l’Algérie», avait-il péroré à l’époque.
La bénédiction du numéro 1
En soulignant devant les conférenciers réunis par l’hebdomadaire britannique, «la faiblesse de l’Etat de droit », le patron d’OTH faisait allusions à la succession de ses déboires : redressement fiscal de 597 millions de dollars, interdiction de transfert de fonds vers l’étranger, opposition d’Alger dans le dossier de vente de Djezzy à l’opérateur sud-africain MTN. Outre l’Algérie, la pique de magnat égyptien sur la difficulté d’investir visait aussi les pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord où Sawiris dispose de gros investissements dans les télécoms. «Vous devez vous rappeler que vous êtes dans un environnement non- démocratique. Dans aucun pays, vous ne pouvez investir sans la bénédiction du numéro 1. Si vous ne pouvez pas l'obtenir, vous ne devriez pas être là», a-t-il encore jugé, en considérant par ailleurs que le Maroc, la Jordanie et l’Egypte sont toujours des pays attractifs. La bénédiction du numéro 1, a-t-il dit…Il ne croyait pas si bien dire lorsqu’on sait que Sawiris n’aurait sans doute pas pu poser les pieds en Algérie sans le généreux et précieux coup de pouce, mieux la bénédiction, des plus hautes autorités algériennes. Même pas la reconnaissance du ventre !
Fin de l’idylle
Entré sur le marché algérien en février 2002, après avoir remporté une licence pour 737 millions de dollars en juillet 2001 grâce à l’entregent de l’homme d’affaires émirati Mohamed Al Shorafa, une vieille connaissance du président algérien Abdelaziz Bouteflika, Djezzy a bénéficié de plusieurs avantages concédés par les hautes autorités du pays et réalisé des bénéfices mirifiques. La bienveillance des autorités algériennes à l’égard du milliardaire égyptien a été si grande que ce dernier a obtenu des aides financières de banques publiques algériennes pour racheter deux cimenteries en Algérie avant de les revendre au groupe Lafarge pour 8 milliards de dollars en empochant au passage une plus value de plus de 2,5 milliards dollars. Il est vrai qu’à l’époque Djezzy, le navire amiral d’Orascom, était au faîte de sa puissance et le pays constituait une mine d’or pour les Sawiris.
Pourparlers avec Vimpelcom.
La piste sud-africaine étant abandonnée en raison du veto d’Alger d’exercer son droit de préemption, Sawiris est en pourparlers pour fusionner sa société de portefeuille, Weather Investments, qui détient un peu plus de la moitié d'Orascom ainsi que les opérateurs en Italie et en Grèce, avec le groupe de télécommunications Vimpelcom. Selon l’agence Reuters, citant des analystes, l'Algérie pourrait encore perdre toute transaction.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire