jeudi 2 septembre 2010

Dix ans après avoir accordé la licence à Shorafa, Djezzy sera récupérée par le gouvernement algérien


C’est la première annonce officielle sur le futur de Djezzy : le gouvernement algérien va acquérir le premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie. « Un comité a été installé au niveau du ministère des Finances pour étudier la question de l'évaluation du rachat de l'opérateur privé de téléphonie mobile Djezzy. Un bureau d'étude algérien est en train de travailler avec des bureaux d'études étrangers sur cette question. Ils ont un délai avant la fin de l'année en cours pour conclure leurs travaux », a déclaré Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, jeudi 2 septembre à Alger.

Intervenant devant un parterre de journalistes en marge de la cérémonie d'ouverture de la session d'automne du Conseil de la nation, le ministre a indiqué que les autorités algériennes soumettront une offre aux dirigeants du groupe Orascom, propriétaire de cette filiale qui compte quelque 15 millions de clients dans le pays. Evidemment, le prix de cession de ce fleuron de la téléphonie mobile en Algérie n’est pas encore tranché. Une première estimation est venue de La Deutsche Bank laquelle a rendu public lundi 9 août, une analyse sur la situation de Djezzy en estimant la valeur de cet opérateur à 3,6 milliards de dollars. Trop cher. En dépit du sérieux et de la réputation de cet organisme bancaire allemande, de nombreux analystes considèrent que l’opérateur égyptien qui a obtenu la première licence privée en 1999 est surcoté.

Le futur rachat de Djezzy devra donc signer la fin de l’aventure en Algérie pour cet opérateur égyptien qui a connu une ascension fulgurante depuis son arrivée au pays. Alors qu’il constituait un acteur économique incontournable au cours de la dernière décennie, Djezzy a essuyé une première bourrasque en juillet 2009 lorsque le gouvernement algérien lui a imposé un redressement fiscal de prés de 600 millions de dollars. A ce contentieux financier s’est ajouté un refroidissement des relations entre Alger et le Caire suite à l’agression des joueurs de l’équipe algérienne lors d’un match comptant pour la qualification au mondial 2010 en Afrique du Sud. Depuis, rien ne va plus entre Djezzy et les autorités algériennes.

Alors que le patron du group Orascom, Naguib Sawiriss, a déjà engagé des discussions avec des entreprises étrangères afin de céder sa filiale algérienne, le gouvernement a fait valoir son droit de préemption sur Djezzy. Plombé par le redressement fiscal, interdit de transfert de ses dividendes, empêché d’importer du matériel et des pièces de rechange, chassé des écrans de la télévision algérienne alors qu’il y était un généreux annonceur, le leader de la téléphonie est voué à la disgrâce.

L’arrivée du groupe égyptien Orascom en Algérie en 1999– sa filiale de téléphonie OTH a été crée en 1997 – a été rendue possible grâce à l'entregent de Mohamed Shorafa, un homme d’affaires émirati qui avait la particularité d’avoir connu le président Bouteflika a l’époque ou celui-ci était pris en charge, au milieu des années 1980, par l’émir d’Abou Dhabi, le cheikh Zayed Ibn Sultan. Renvoyant l’ascenseur pour son bienfaiteur, le président Bouteflika a pesé de son poids pour que Shorafa, agissant pour le compte du Group Orascom, puisse obtenir la première licence privée de téléphonie mobile. Shorafa reparti aux Emirats avec un beau pactole, Sawiriss a pu ainsi développer et faire prospérer Djezzy avec le concours des autorités algériennes au point de venir 9 ans plus tard, leader dans son secteur. Le gouvernement va donc reprendre à Sawiriss ce qu’il lui avait consenti dix ans plus tôt.

Source : Dernières Nouvelles d'Algérie au 02/09/2010

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