jeudi 3 février 2011

Tunisie – Trois options pour solder le cas de Zitouna Telecom perdue par Sakher El Materi


Que faire des 25% de part détenus officiellement par le consortium Zitouni Telecom de Sakher El Materi et Hamdi Meddeb ? Pour l’heure, ils sont la propriété de l’Etat tunisien. Le gouvernement de transition envisage plusieurs scénarios pour régler la situation a indiqué, Sami Zaoui, secrétaire d’Etat chargé des Technologies de la communication. Un choix qui pourrait servir de modèle pour les nombreuses autres entreprises détenues par la famille Ben Ali-Trabelsi.


Selon les comptes-rendus de la presse tunisienne, les autorités n’ont pas indiqué si elles comptaient conserver ces parts dans l’escarcelle de l’Etat ou si elles seront cédées à des privés. Les 50% de parts d’Orascom Telecom dans Tunisiana ont été cédées pour la somme de 1,2 milliards de dollars, Qtel augmentant ses parts de 25% pour atteindre 75% tandis que le consortium Materi-Meddeb prenait 25%. Il devait donc mobiliser 600 millions de dollars auprès des banques tunisiennes pour payer sa part auprès de banques à cet effet. Des sommes qui devaient, selon la rumeur, être placées à l’étranger. Qtel aurait, selon cette version, accepté de payer la part de Materi qui devenait actionnaire sans avoir rien déboursé. Une version démentie formellement par Tunisiana qui les qualifie « d’allégations dénuées de tout fondement ». Qtel avait indiqué, il y a une dizaine de jours « être prête, dès à présent, à effectuer les changements au niveau de l’actionnariat de Tunisiana en fonction de ce que le nouveau gouvernement de Tunisie décidera. Qtel précise que tout changement au niveau de l’actionnariat de Tunisiana nécessite l’accord préalable des autorités gouvernementales de Tunisie». En fait, Qtel était sorti de son mutisme pour démentir une information indiquant que Sakher El Materi les aurait contactés pour vendre ses parts. Une chose est sûre, les banques qui ont avancé l’argent ont pris les devants. Les avoirs de Princesse Holding de Sakher El Materi ont fait l’objet d’une décision de saisie du Tribunal de première de Tunis suite à une requête du consortium qui a financé l’achat de 25% d’Orascom Telecom pour le recouvrement de dettes dont le montant provisoire s’élève à 138.022.300,000 dinars. Le consortium en question regroupe notamment Biat, la STB, l’ATB, Attijari Bank et l’Arab Banking Corporation (ABC).


La fin des Ben Ali, un « bol d’oxygène » pour l’économie


Le site Africain Manager a détaillé les trois options qui s’offrent pour l’avenir des 25% de Zitouna Télécom. La première est que les 25% de Zitouna Telecom deviennent propriété du consortium bancaire. Cela nécessitera une décision de justice et les procédures ont été déjà engagées. Une telle option implique l’aval du Conseil supérieur de l’investissement qui doit valider tout changement de la structure du capital de Tunisiana. La seconde option est que l’Etat prenne possession des parts de Zitouna Telecom pour les introduire en Bourse. La plus value que l’Etat en tirerait servirait à alimenter un fonds pour l’emploi voire la création d’un Fonds souverain d’investissements. La troisième option serait une cession de 25% à une troisième partie. Tout dépendra en définitive de la décision des autorités de transition. Et le choix fait pour Zitouna Télécom pourrait servir de modèle pour régler le sort des entreprises de Poulina Holding et ceux du clan Trabelsi. Et il y aurait beaucoup à faire car selon certaines estimations, la famille Ben Ali a mis la main sur au moins 40% de l’économie tunisienne. Béatrice Hibou, chercheur au CNRS (Ceri-Sciences Po), auteur du livre « la force de l’obéissance. Economie politique de la répression en Tunisie » a estimé, dans une déclaration au Figaro, que le départ de la famille Ben Ali est un vrai ballon d’oxygène pour l’économie tunisienne. « De nombreux entrepreneurs ont vu leurs activités perturbées par les captations de richesses du clan présidentiel. Ou ils ont préféré rester petits pour ne pas être ennuyés...»


Source : Maghreb Émergent au 03/02/2011

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