mardi 15 février 2011

Révélations de WikiLeaks sur l’affaire Djezzy


L’affaire Djezzy intéresse les Américains. Et pour cause, selon un câble de l’ambassade américaine au Caire, révélé ce mardi 15 février par WikiLeaks, les « investisseurs américains détiennent une participation significative dans Orascom ». Il s’agit des fonds d’investissements Weather Capital,Madison Dearborn Capital Partners et TA Associates ainsi que des investisseurs institutionnels américains qui détiennent des actions cotées en Bourse, selon la même source.

Le document, qui date du 17 décembre 2009, s’intéresse aux problèmes d’Orascom Telecom Algérie (OTA), la filiale algérienne d’Orascom Telecom qui exploite la marque commerciale Djezzy. A l’époque, le gouvernement algérien venait de réclamer 596,6 millions de dollars d’arriérés d’impôts à OTA, couvrant les années 2005, 2006 et 2007.

L’ambassade américaine relate notamment une rencontre avec Alex Shalaby, président de Mobinil –-filiale d’Orascom en Égypte–-, un homme présenté comme un proche de Naguib Sawiris. Selon M. Shalaby, les dommages causés à Djezzy par les incidents qui ont suivi le match de qualification au Mondial sont estimés à 62 millions de dollars. Mais Orascom Telecom se préoccupe surtout du redressement fiscal de 596,6 millions infligé par le gouvernement algérien à Djezzy. Cette dernière, détenue à 96 % par Orascom Telecom, représente 60 % du chiffre d’affaires et des bénéfices de sa maison mère, selon le câble américain. En conséquence, un coup dur pour OTA aura un impact direct sur la santé financière d’Orascom Telecom, précise le document.

Selon Alex Shalaby, OTA et le gouvernement algérien avaient conclu un accord prévoyant une exonération fiscale entre 2005 et 2007. Un avantage obtenu à un moment où l’investissement en Algérie était considéré comme comportant un risque très élevé, précise‑t‑il. En outre, selon Shalaby, les comptes d’OTA ont été vérifiés par des auditeurs internationaux et locaux. Mais le gouvernement algérien a décidé de réclamer des arriérés d’impôts correspondant à la période censée être couverte par l’exonération. Lors de cette rencontre, Alex Shalaby a révélé que le gouvernement algérien bloquait également le rapatriement des dividendes d’OTA.

Alex Shalaby a noté que le calendrier de la demande fiscale algérienne n’avait aucun lien avec le match Algérie‑Égypte marqué par de graves incidents. Selon lui, le gouvernement algérien serait mécontent car OTA était un concurrent direct de Mobilis. Alex Shalaby a également mentionné le discours du président Bouteflika, en juillet 2009, dans lequel il évoquait la vente d’Orascom Cement à Lafarge. Selon lui, le gouvernement algérien a été mécontent de cette transaction. « Il s’est alors tourné vers OTA en la prenant comme cible pour se venger », précise‑t‑il.

Alex Shalaby a expliqué qu’Orascom Telecom pourrait contester le redressement fiscal via un arbitrage international. Mais, « ce processus prend généralement un temps très long pour aboutir à un règlement », a‑t‑il noté. Il a décrit les initiatives prises par Naguib Sawiris pour faire face à la situation financière née des difficultés rencontrées en Algérie.

Alex Shalaby a révélé qu’Orascom Telecom avait déjà approché le gouvernement égyptien mais il ne savait ce que le Caire pourrait faire pour aider à résoudre le problème. Il a expliqué n'avoir pas eu connaissance de redressements fiscaux en Algérie ayant touché d'autres compagnies internationales. Alex Shalaby a enfin annoncé qu’il envisageait de consulter les investisseurs américains et, qu’éventuellement, il demanderait l'aide du gouvernement américain. Pour lui, le redressement fiscal contre OTA et l’interdiction de transférer les dividendes pourrait nuire aux intérêts des investisseurs américains qui détiennent des parts dans le groupe égyptien.

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