mercredi 23 février 2011

3G ou 4G ? L’Algérie à la croisée des chemins


La technologie 3G ne cesse de faire parler d’elle depuis quelques mois en Algérie. Qu’il s’agisse des autorités, des professionnels du secteur, des nouvelles technologies ou même des particuliers, tout le monde semble avoir conscience de l’intérêt de ce service, considéré comme étant une technologie à adopter absolument. Plus récemment, un autre sujet a fait parler de lui, celui de la 4G. L’on se demande, désormais, s’il ne vaudrait pas mieux passer à la 4G plutôt que la 3G.

Une façon de rattraper un retard en sautant simplement une étape. Mais au-delà des débats, aucune décision définitive ne semble avoir été prise. La situation est quelque peu floue et avec pour seule conviction le fait de croire que l’Algérie doit adopter une nouvelle technologie permettant aux appareils téléphoniques portables d’être des outils fiables lorsqu’il s’agit de se connecter à Internet. Des sources proches du dossier nous assurent que le passage à cette nouvelle technologie séduit les autorités algériennes mais un certain nombre de difficultés semblent se dresser face à ce choix.

« L’Algérie a décidé d’adopter cette technologie mais nous nous retrouvons actuellement face à un dilemme et il nous faut trancher. Adopter la 3G comporte des risques car elle pourrait devenir obsolète puisqu’elle se fait graduellement remplacée par la 4G dans le monde. Nous allons donc nous retrouver dans une situation où nous aurions investi du temps et de l’argent pour, en fin de compte, nous retrouver avec une technologie dépassée», indiquent nos sources. La solution de la 4G se dégage donc tout naturellement. Nos sources signalent, à ce propos, qu’une « étude en rapport avec ces technologies de nouvelles génération et les possibilités de leur adoption en Algérie est actuellement en cours ». Cette étude devra vraisemblablement donner suffisamment d’éléments d’information pour permettre une prise de décision réelle.

Une question de contenu

Cependant, les choses ne sont manifestement pas aussi simples, puisque, outre le choix de la version à introduire en Algérie, d’autres questions doivent trouver des réponses. Il s’agit de la question très épineuse du contenu algérien. Beaucoup hésitent en ce qui concerne l’adoption de la 3G ou même de la 4G, considérant que le préalable devra être l’enrichissement du contenu algérien. Ce simple élément risque de générer un grand retard puisque le contenu algérien fait lui aussi débat depuis fort longtemps et reste, il faut l’avouer, assez pauvre. D’autres estiment, en revanche, que le plus important est l’introduction de ces technologies en Algérie, affirmant que le contenu suivra de façon systématique. L’autre question à trancher est celle de la licence liée aux services 3G ou, le cas échéant, 4G. « Faut-il que ces licences soient accordées gratuitement aux opérateurs de téléphonie mobile ou, au contraire, faut-il les céder gratuitement ?». Une autre question qui semble diviser pas mal d’acteurs du secteur des TIC. Une partie considère que la gratuité devrait être un élément encourageant l’évolution rapide de ces nouvelles technologies, une manière comme une autre de rattraper le temps perdu.

D’autres ne voient pas de raison pour laquelle les opérateurs de téléphonie mobile ne paieraient pas ce service, puisque leur objectif final est d’en tirer financièrement profit. Cependant, la grande question en ce qui concerne ce sujet est, en fait, de savoir pourquoi l’Algérie a pris tant de retard pour se retrouver aujourd’hui face à un choix difficile alourdi par de multiples interrogations. La réponse qui nous a été donnée par M. Younes Grar, ancien conseiller du Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication et actuel chef d’entreprise spécialisée dans les services de téléphonie, est assez simple. « Nous n’avons pas pris la décision au bon moment», nous dira-t-il. Il considère, à ce sujet, que l’Algérie aurait dû prendre la décision de passer à la 3G il y a quelques années. Sans cette réticence, les algériens ne se seraient pas retrouvés à la croisée des chemins entre la 3G et la 4G.

Dans toute cette confusion, il existe quand même deux certitudes. La première est que l’Algérie veut aller vers les technologies de nouvelle génération. La deuxième, moins brillante il faut le dire, est que personne ne sait quand cette technologie sera utilisée chez nous.

Le mauvais élève

Le retard de l’Algérie dans ce domaine est mis en relief par l’avancée enregistrée par nos voisins immédiats, la Tunisie et le Maroc. Si la Tunisie en est à ses premiers pas avec la 3G, adoptée depuis un peu plus d’une année, le Maroc lui a fait du chemin dans ce domaine. Notre voisin de l’ouest a fait connaissance avec cette technologie depuis bientôt quatre ans. La 3G y a fait, semble-t-il, un triomphe. Vers la fin de l’année 2009, le nombre d’utilisateurs marocains de services 3G a atteint les 566 575. La tendance est manifestement à la hausse au Maroc puisque ce chiffre représente une progression de 182,85% en comparaison avec l’année précédente. De même que durant le troisième trimestre de l’année 2009, la progression du nombre d’usagers a été de 20,86%. En 2007, lors du lancement de ce service, le nombre d’utilisateurs était de 32 722 abonnés. Interrogé, un chef d’entreprise marocain spécialisé dans le domaine des technologies fera remarquer, toutefois que le service 3G n’est pas accessible à tous les citoyens en raison de son coût. Il s’adresse plutôt à une catégorie assez particulière composée essentiellement de chefs d’entreprises et de professionnels. Il nous informe que, d’une manière générale, la qualité du service est « très bonne ».

Il est possible par ailleurs de faire une extrapolation sur la base de l’expérience de nos voisins, notamment en ce qui concerne le coût de ce genre de technologie. L’on peut s’attendre en Algérie, dans un premier temps du moins, à des tarifs quelque peu élevés. Cette technologie est toutefois très attractive puisqu’elle permet aux usagers de se connecter avec une capacité de 1 Mégabits par seconde. Il est utile de signaler, enfin, que les spécialistes du domaine des TIC assurent que dès l’année 2014, le plus grand nombre d’internautes se connecteront au réseau mondial à partir de leurs téléphones portables. Ces appareils sont désormais loin d’être de simples outils permettant de téléphoner. Il s’agit, et ce sera encore plus vrai à l’avenir, de véritables ordinateurs de poches.

Technologie de nouvelle génération : le service pour encourager la création de contenu

L’absence de contenu algérien spécifique aux services de la 3G ou de la 4G
représente l’un des obstacles faisant face à l’adoption de l’une ou l’autre de ces technologies. Si certains soutiennent dur comme fer que l’introduction de technologies Internet de nouvelle génération pour mobile ne peut se faire en l’absence de contenu algérien, d’autres considèrent que c’est précisément le passage à ces technologies qui permettra d’encourager la création de contenu algérien. M. Younes Grar, directeur général de la société Animapp, société spécialisée dans le contenu mobile estime que «même si l’absence de contenu peut représenter un handicap pour l’adoption en Algérie de technologies de nouvelles génération, il est toujours possible de commencer d’abord par adopter ces technologies. Ce sera, de toute manière, un point de départ », nous dit-il en substance. Il donnera à ce propos l’exemple d’Internet. « Durant les années 1990, on se posait la même question. On pensait que l’absence de contenu national allait retarder l’évolution d’Internet en Algérie. Cela n’a pas été le cas. Après l’adoption de la technologie Internet, certains quotidiens nationaux ont commencé à créer leurs sites web. Le contenu algérien est donc apparu après que notre pays se soit connecté au réseau mondial. La même chose pourrait être envisagée pour la 3G ou la 4G », assure M. Grar.

D’après notre interlocuteur, tout se fera naturellement après l’adoption de la technologie qu’il s’agisse du contenu ou même des tarifs à appliquer pour les services à offrir aux utilisateurs. Il faut dire aussi que beaucoup de professionnels et de particuliers semblent impatients de voir la 4G, sinon la 3G, proposées en Algérie et ce, en raison des nombreux avantages qu’elles représentent en matière d’accès à Internet. Contrairement aux autres technologies, celles-ci permettent aux utilisateurs de portables de se connecter à partir de n’importe quel endroit à condition qu’il soit couvert par le réseau téléphonique. On nous informe, par ailleurs, que des entreprises spécialisées dans le contenu mobile ont été créées en Algérie.

Très peu nombreuses puisqu’on ne parle actuellement que de trois entreprises, celles-ci pourraient être les pionnières de la 3G ou de la 4G si l’une de ces technologies venait à être adoptée en Algérie. « Ces entreprises sont en fait spécialisées dans le domaine du développement des sites web et commencent à réaliser des applications pour iPhone », nous informe-t-on. M. Younes Grar précise, en outre, que la société Animapp est très intéressée par les technologies 3G et 4G. « Ces technologies offrent un débit très appréciable permettant d’offrir un contenu très riche et varié. On pourrait enrichir le contenu par de la vidéo en temps réel. Il est également possible de suivre les émissions d’une chaîne de télévision, faire de la télémédecine, de la télémaintenance, de la télésurveillance à partir de son mobile. Ces technologies offrent donc un champ d’applications très vaste», explique-t-il. Il fera remarquer, par ailleurs, qu’actuellement « avec la GPRS/EDGE (qu’on appelle 2.5G), il est impossible d’avoir de la vidéo vu le débit très limité (128Kbps). La 3G ou 4G offrent, quant à elles, des débits pouvant égaler ou dépasser ce qu’offre l’ADSL (20 Mbps) ».

Evoquant encore une fois les entreprises s’intéressant à ce domaine, notre interlocuteur dira que celles-ci sont « pour le moment en attente de l’évolution de ce marché en Algérie, pour décider de faire l’investissement nécessaire qui est assez lourd. Former des compétences dans ce domaine pendant des mois et espérer décrocher un projet, c’est le risque que peu d’entreprises prennent pour relever ce défi », notera-t-il

Licences 3G et 4G : les opérateurs dans l’expectative

Le passage à la 3G ou la 4G est avant tout une affaire d’opérateurs de téléphonie mobile. Ces nouvelles technologies semblent, il faut le dire, intéresser les opérateurs algériens. Proposer un accès à Internet rapide à partir du mobile pourrait, en effet, représenter un argument très convaincant pour attirer davantage d’abonnés. La question que se posent les opérateurs actuellement est liée à la licence d’exploitation de ces nouvelles technologies. Au moment où l’on ignore encore laquelle des technologies va-t-on choisir (3G ou 4G), l’on ignore aussi si leur exploitation de la part des opérateurs de téléphonie mobile sera gratuite ou pas. Les avis divergent à ce sujet puisque beaucoup estiment que la licence devrait être payante, les opérateurs ayant eux même des objectifs commerciaux. D’autres considèrent que la licence devrait plutôt être accordée gratuitement pour encourager le développement de ces nouvelles technologies.

En attendant, les opérateurs semblent se préparer aux nouvelles technologies. Chez Nedjma du moins, l’on semble assez bien préparés. « Nedjma est toujours dans une dynamique de progrès, d’innovation et d’amélioration continuelle de ses services. Le réseau de Nedjma est équipé à 100 % de la technologie GPRS/EDGE et jouit d’une grande flexibilité pouvant lui permettre de supporter les services les plus innovants telle que la 3G et le Wimax», nous dit-on chez cet opérateur. Les opérateurs téléphoniques attendent la décision des autorités en ce qui concerne la technologie à adopter plusieurs annonces ayant été faites dernièrement par les officiels au sujet de la 3G et de la 4G.

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