dimanche 27 février 2011

Les 51% d’Investec à "Orange Tunisie" inquiètent France Télécom

France Télécom tire un bilan positif de l’exercice 2010 dans les pays de la rive sud de la Méditerranée ou le groupe est implanté. Le groupe nourrit de grandes ambitions pour l’année 2011. Il doit cependant réviser ses calculs.

Les 51% d’Investec de Marwen Mabrouk, gendre de Ben Ali, à Orange Tunisie inquiètent le groupe France Télécom qui détient 49%. La chute des régimes de Ben Ali, en Tunisie, et de Moubarak, en Egypte, oblige le groupe à se poser des questions sur l’avenir de son investissement dans ces deux pays. Le premier mois de l’année 2011 a ainsi bousculé les calculs du groupe. Dans l’évaluation annuelle des résultats du groupe , son Directeur général, Stéphane Richard, déclare : «nous avons renforcé la dimension internationale du groupe en 2010 en déployant notre marque en Tunisie, en nous implantant au Maroc avec une prise de participation dans Meditel et en clarifiant nos relations avec notre partenaire en Egypte. Notre objectif de doubler notre chiffre d'affaires dans les pays émergents d'ici à 2015 est d'ores et déjà bien avancé. Ces résultats encourageants nous permettent d'aborder 2011 avec confiance». Le même responsable a admet cependant que le contrôle de l’Internet dans les deux pays au moment ou Ben Ali et Moubarak s’accrochaient à leur pouvoir a affecté les chiffes d’affaires du groupe. La coupure d'Internet pratiquée par l'ancien régime de Hosni Moubarak devrait affecter le chiffre d'affaires de février 2011 », a indiqué le patron du groupe. Le directeur financier du groupe, Gervais Pellissier, a soutenu que «si les autorités ne bloquent pas le système, ce genre d'évènement accroît l'usage de nos outils... En Tunisie et en Egypte, le trafic a augmenté de façon sensible».

Inquiétude post-révolutions

L’avenir du groupe dans ces deux pays est source d’inquiétude. En Tunisie, le groupe a scellé une alliance avec Mabrouk, en joint-venture, « Orange Tunisie », depuis le mois de mai dernier. France Telecom détient 49%. Les 51 % appartiennent à Investec, une filiale du groupe Mabrouk. France Télécom est associé en Egypte avec le premier opérateur mobile du pays, à savoir Mobinil. La satisfaction tirée des bilans de la fréquentation Internet durant l’année 2010 a cédé ainsi la place aux inquiétudes de l’après révolutions. L’inquiétude du groupe est compréhensible vu l’importance du marché, en Egypte, un pays surpeuplé, comme en Tunisie. Les responsables de France Télécom gardent visiblement une oreille très attentive aux nouvelles orientations du gouvernement tunisien. Les liens entre la famille Mabrouk et celle de Ben Ali posent problème. Marié à Cyrine Ben Ali, une des filles de l’ex tyran de Carhage, Marwen Mabrouk a pu constituer un véritable empire opérant dans plusieurs secteurs : les finances, les télécommunications et le commerce. Le gouvernement tunisien peaufine actuellement de nouvelles mesures visant à confisquer les parts que possèdent les différents proches de Ben Ali dans plusieurs secteurs économiques. Une décision, dans ce sens, a été prise lors d’une réunion ministérielle tenue le vendredi 25 février. « Les autorités tunisiennes viseraient le coactionnaire Mabrouk », craignent les responsables de France Télécom. Le secrétaire d’État auprès du ministère de la jeunesse, Mr Slim Amamou - un jeune blogueur promu membre du gouvernement d’union nationale- a indiqué au soir du 25 février que les biens de la famille Mabrouk, qui détient des parts chez Orange Tunisie, seront saisis. Le journaliste tunisien Amine Kochlef, écrit sur son blog, que « la décision sera prise directement par le gouvernement et non par décision de justice pour éviter la possibilité de faire appel ». Marwen Mabrouk va vivre manifestement une suite identique à celle de Sakher El Matri dans le monde des affaires. Les 25 % des parts de Sakher El Matri dans l’opérateur téléphonique Tunisiana ont été récupérés par l’Etat. Interrogé par l’hebdomadaire Challenge.fr, en date du 21 janvier, Marwen Mabrouk s’est défendu. « Parce que je n'ai rien à me reprocher. Je possède un groupe industriel ancien et je n'ai aucun lien - ma femme non plus - avec les malversations de la famille Trabelsi. Sur le plan privé, ma femme est certes la fille de l'ex président, mais elle est issue du premier mariage. Cela n'a rien à voir avec la deuxième famille. Et je suis séparé de ma femme depuis un an».

Source : Maghreb Emergent au 27/02/2011

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