mercredi 26 octobre 2011

L’indisponibilité de la «portabilité des numéros» freine la concurrence

En Algérie, on ne peut migrer d'un opérateur de téléphonie mobile vers un autre sans perdre sans numéro.

Le service « portabilité des numéros de téléphone », qui permet à un abonné de changer d’opérateur mobile sans changer son numéro ni bousculer ses contacts, n’est toujours pas à l’ordre du jour en Algérie. Pourtant, les experts estiment que les conditions de sa fourniture sont réunies. Il permettra, selon eux, de relancer une « concurrence saine » entre les opérateurs qui devront récompenser davantage la fidélité du client.

L'introduction du service de la portabilité des numéros dans la téléphonie mobile en Algérie n'est pas pour demain. Vieille revendication des opérateurs ayant fait leur entrée tardivement sur le marché de la téléphonie mobile algérien, ce service, qui permet à un client la migration d'un opérateur vers un autre tout en conservant son numéro, se heurte à un blocage qui ne dit pas son nom.

A l'ARPT (Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications), on se mure dans le silence, préférant ignorer le retard accusé dans la fourniture de ce service, alors qu’il est déjà disponible chez le voisin marocain et le sera bientôt en Tunisie.

Qu’est-ce qui donc empêche la disponibilité de ce service en Algérie ? A en croire les experts, techniquement rien n'empêche de le fournir. Il suffit à l'Autorité en charge de la régulation d’en prendre la décision et d’enjoindre aux opérateurs de le proposer à leur clientèle. « Ce qui manque, c'est la volonté et la prise de conscience », regrette Mebarek Boukaba, expert en Technologies de l’information et de la télécommunication (TIC).

Techniquement, les trois opérateurs seront tenus de coopérer et d’adopter le mode de gestion le plus simple, à savoir le routage indirect. « Ce système, explique Mebarek Boukaba, consiste à faire transiter l'appel par le réseau de l'opérateur initial avant de parvenir chez le réseau de l'opérateur de la nouvelle souscription ».

Limiter le gaspillage des numéros

Pour Mebarek Boukaba, la portabilité des numéros « est, avant tout, le droit du client de disposer de son numéro » et son indisponibilité « est un frein à la concurrence ». « Il permet, dit-il, de redéfinir la notion de propriété lors de l'attribution des numéros de téléphone ». Les numéros de téléphone, faut-il le préciser, sont considérés « à tort » comme propriété de l'opérateur et non du client, notamment en Algérie, où des tranches de numéros sont attribuées aux opérateurs selon les préfixes (0770, 0550, 0660 et 090). Or, de nombreux pays ont adopté une numérotation avec un seul préfixe pour tous les opérateurs du mobile.

Ce choix organisationnel de la téléphonie mobile en Algérie a également son lot de conséquences, notamment sur la gestion des ressources nationales en numéros. « L'introduction de la portabilité devrait limiter le gaspillage des numéros et assainir la situation des numéros non fonctionnels », estime Mebarek Boukaba. Il s’établirait alors une « concurrence saine où seuls les opérateurs au service commercial le plus performant résisteront », ajoute-t-il.

L’impératif de « fidélisation des clients »

Après avoir achevé la phase du partage des parts du marché national de la téléphonie mobile, où le taux de pénétration est estimé théoriquement à 100%, les opérateurs ont atteint leur objectif de différenciation. Il leur reste à atteindre celui de fidélisation de leurs clients. « Le défi serait alors, pour les trois opérateurs de la téléphonie mobile, de mettre le cap sur les programmes de fidélisation », explique cet expert des TIC. Si la fidélité n'est pas assez récompensée chez un opérateur donné, le client aura toute la latitude de rejoindre ceux qui lui proposent mieux.

Pour l'heure les clients devront prendre leur mal en patience et se contenter du seul service de la portabilité en interne, celle consistant à migrer d'une formule de souscription à une autre chez le même opérateur.

Source : Maghreb Émergent au 26/10/2011

Aucun commentaire: