mercredi 12 octobre 2011

Le Blackberry toujours perturbé

Le smartphone de RIM connaît des pannes depuis lundi. Le Canadien reconnaît la défaillance d'un commutateur central au sein de son infrastructure. Les services restent ralentis.

Depuis lundi, la petite lumière rouge des Blackberry, qui clignote pour signaler l'arrivée d'un e-mail, se fait étrangement discrète, donnant aux propriétaires des smartphones de RIM un illusoire sentiment de tranquillité. Car des e-mails les attendent réellement, mais n'arrivent tout simplement pas sur leur téléphone. Idem pour les messages instantanés envoyés par Blackberry Messenger. Impossible également de naviguer sur Internet depuis leur terminal mobile.

Le fabricant canadien est confronté depuis le début de la semaine à une panne massive de ses services de messagerie et de navigation sur Internet. Un première épisode a paralysé les données lundi après-midi en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, avec un retour progressif des e-mails tard dans la soirée, tandis que les autres services restaient perturbés. Mais, mardi après-midi, les Blackberry ont de nouveau fait la grève des données, et la panne s'est étendue à des pays supplémentaires (Inde, Brésil, Chili et Argentine). Les perturbations ont aussi gagné l'Amérique du Nord ce mercredi.

Architecture centralisée

Confronté à un incident massif touchant tous les continents, RIM s'est d'abord contenté de présenter ses excuses aux utilisateurs privés de service. Les explications ne sont arrivées que tard mardi soir. Les perturbations rencontrées « ont été causées par un problème de commutateur de coeur de réseau dans l'infrastructure de RIM. Bien que le système soit conçu pour basculer vers un commutateur de secours, la bascule, qui fonctionnait lors de tests, ne s'est pas faite », a indiqué le Canadien dans un e-mail. Un scénario confirmé par un spécialiste du secteur : « Ce type de panne est peu courante, et quand elle se produit, cela se remarque vraiment. Il y a normalement un basculement sur un serveur de secours, mais cette option, probablement testée en laboratoire, n'a pas fonctionné ». Conséquence ? Les données se sont accumulées, et les écluser va maintenant prendre du temps. « Nous travaillons à rattraper ce retard et restaurer un service normal le plus rapidement possible », souligne RIM.

« La panne de RIM pointe les risques liés à une technologie proxy/compression/optimisation du trafic des terminaux internet mobile sans itinéraire bis direct vers Internet », a commenté sur Twitter le consultant anglais Dean Bubley. Concrètement, RIM a une architecture complètement centralisée, avec toutes les données (mails, messages instantanés...) transitant par ses serveurs centraux. Pour tenir moins de place dans les réseaux, ces informations sont réencodées et des logiciels permettent de gérer la bande passante avec économie. C'est un héritage historique, datant de l'époque où, RIM, pionnier dans les PDA, devait pallier la faiblesse des réseaux en place. Corollaire de cette organisation : le noeud central constitue une zone de fragilité très localisée dans le réseau.

Le co-PDG sous pression

Le constructeur n'en est pas à sa première panne géante. A deux reprises, en décembre 2009, les utilisateurs de Blackberry en Amérique avaient été privés de leur service d-e-mails. Selon les éléments communiqués à l'époque par RIM, le problème provenait « d'un défaut dans deux versions de BlackBerry Messenger (les versions 5.0.0.55 et 5.0.0.56) récemment mises sur le marché».

Ce « blackout » des Blackberry, très remarqué dans les bureaux et sur la toile, intervient au plus mauvais moment pour le groupe. Ce dernier, longtemps chouchou incontesté des entreprises, est désormais concurrencé sur son territoire naturel par les iPhones d'Apple et autres smartphones sous Android. Le co-PDG du Canadien, Mike Lazaridis, se retrouve dans le collimateur du fonds d'investissement Jaguar Financial, qui souhaite changer les patrons de la société et la vendre. Le fonds a indiqué avoir le soutien de 8 % des actionnaires du fabricant de mobiles.

Source : Les Échos au 12/10/2011

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