jeudi 6 octobre 2011

Le processus d’attribution de la licence 3G gelé

L’attribution de la licence de téléphonie mobile de 3e génération prend des allures de feuilleton interminable.

Après de nombreux atermoiements, le ministère des Postes et des Technologies de l’information et de la communication a décidé, le 19 septembre dernier, de lancer le processus d’appel à concurrence.

Coup de théâtre : mardi, à la surprise générale, les autorités en charge du secteur décident de reporter sine die le retrait des cahiers des charges. Le délai de retrait des dossiers avait été fixé du 26 au 30 septembre avant d’être reconduit au 2 octobre, tandis que la date limite de dépôt avait été décidée pour le 7 octobre. Le département de Benhamadi a donc décidé de tout geler. Il motive d’ailleurs sa décision dans un communiqué dans lequel il explique que les opérateurs ayant déjà retiré le dossier de soumission «ont émis le souhait de disposer de davantage de temps pour leur permettre de mieux préparer leurs dossiers de candidature».

Mais il ne s’agit nullement d’un renoncement, selon les responsables du secteur. Le communiqué du ministère précise dans ce sens qu’il a été décidé «de procéder à un report des échéances de différentes étapes du processus en question, lequel demeure une priorité dans le programme du gouvernement en matière de généralisation de l’accès et de l’usage des TIC par la disponibilité du haut débit et très haut débit que permet essentiellement la technologie 3G et 3G+». L’attribution de cette nouvelle technologie avait été présentée, faut-il le rappeler, comme le moyen idoine de réduire la fracture numérique grâce à la convergence mobile. Il est donc devenu évident pour les responsables du secteur que le marché du mobile peut être un vecteur central pour rendre l’internet accessible à tous.

Précipitation

D’autant que le marché algérien compte près de 33 millions d’abonnements de téléphonie mobile. Il s’agit aussi, selon eux, d’asseoir les bases de l’économie numérique grâce à une technologie qui permettrait une large diffusion des transactions électroniques et du e-commerce. Les objectifs assignés sont nobles, mais les voies et moyens pour y arriver sont sujets à débat. Il est vrai que depuis son lancement, le processus d’appel d’offres est sujet à polémique. Le cahier des charges établi pour l’occasion a été vivement critiqué, notamment en ce qui concerne les débits proposés à la concession. Les autorités ont proposé d’exploiter dans un premier temps un débit de 128 kilobits par seconde, ce qui a été qualifié de «plaisanterie» par certains observateurs.

L’obligation faite aux opérateurs de recourir exclusivement à Algérie Télécom pour l’accès réseau international internet semble aussi poser problème dans la mesure où il renforce la position monopolistique de l’opérateur historique. Enfin, l’on évoque la possibilité de consacrer le statut d’opérateurs mobiles virtuels dans le cadre de ces nouvelles licences, ce qui ouvrirait grand les portes du marché à des opérateurs étrangers ne possédant pas forcément de concession ou d’infrastructure réseau.

Quels que soient les commentaires à propos de la conduite du processus, les raisons invoquées par les responsables du secteur reflètent surtout la précipitation avec laquelle les pouvoirs publics ont décidé de balancer vers la 3G. Au Maroc, pays voisin disposant d’un réseau 3G depuis 2006, le processus de soumission a duré près de 3 mois. Il aura fallu attendre une année avant de voir les premiers produits sur le marché. En Algérie, on a voulu aller vite en besogne et boucler le processus d’attribution en un mois. L’exploitation commerciale était, elle, prévue pour début 2012. La réalité du terrain a vite fait de rattraper ces projections fantaisistes. Preuve encore que malgré toutes les professions de foi, on a encore du mal à maturer les projets.

Source : Journal El Watan du 06/10/2011

Aucun commentaire: