samedi 15 octobre 2011

Arrêt ou suspension ? 3G ou ne pas 3G telle est la question !

Arrêt ou suspension ?

La 3G fait rêver et fait parler l’ensemble des acteurs concernés de près ou de loin, y compris les ambassadeurs qui n’ont plus d’équipementiers dans leurs pays mais qui veulent, quand même et toujours, une part de marché. Alors que l’Algérien branché – les sondages disent que 80% de la population possède une parabole – regarde des publicités vantant les mérites de la technologie de troisième génération, il jette un coup d’œil à son terminal et ne voit pas ce sigle « 3G » s’afficher. Et c’est en 2012 qu’officiellement seront lancés les réseaux 3G des opérateurs qui auront été retenus par le dossier de qualification qui a été lancé par l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT)

Ce dossier de pré-qualification a fait couler beaucoup d’encre sans que, aujourd’hui, nous sachions exactement ce qu’il demandait. Ce qu’il faut retenir c’est que c’est la première fois qu’un cahier des charges a été fait par un groupe d’experts algériens sans faire appel à un bureau d’études étranger. Cette expérience acquise doit être maintenant partagée. D’après les compteurs internationaux et les différents organismes des Nations unies, le haut débit mobile fait croître le PIB de 1 point au minimum et dans le monde ce sont 3 points de gagner grâce à Internet. Dans le cas de l’Algérie, ce sera 1,38 et un gain au minimum de 5 milliards de dollars selon les nombreux experts que nous avons vus. Quel va être cette 3G algérienne ? Et surtout quelle sera sa bande passante ? Tout porte à croire que la bande passante pour un abonné sera au minimum de 384 Kbs en mode descendant, ce qui est suffisant pour beaucoup de choses. Elle autorise ainsi le développement d’applications telles que la visiophonie sur téléphone mobile. Ceci dans un premier, sans oublier la forte concurrence qui va être présente entre les opérateurs choisis et un fixe LTE d’Algérie Télécom, même si ce dernier est utilisé pour « la densification dans les régions où il n’y a pas de téléphone », avait souligné Moussa Benhamadi, ministre des PTIC, lors d’une conférence de presse. Le déploiement de la 3G se fera normalement en deux étapes. Les deux premières années, ce sera la 3G et après deux ans, les opérateurs télécoms passeront à la 3G+ et plus loin si les technologies sont matures. Les réseaux de télécommunications font partie des domaines stratégiques dans lesquels le gouvernement algérien est prêt à investir lourdement. Plusieurs milliards de dinars sont déjà en jeu dans des projets de réseaux sans fil à très haut débit. On distingue plusieurs paramètres ou indicateurs pour que la transition puisse se réaliser : les opérateurs mobiles, l’agence de régulation et l’abonné qui permettent d’affiner l’analyse de la structuration du marché de la téléphonie mobile et enrichir les perspectives analytiques sur les liens complexes entre régulation et normalisation, qui commencent à susciter la curiosité dans d’autres domaines d’activité. Et pour cela, de nombreux travaux dans le domaine social mais aussi économique étudient depuis une dizaine d’années les évolutions de la régulation des industries de services. Nul ne peut contester que les dynamiques de libéralisation du marché ont été au cœur d’importantes reconfigurations institutionnelles.

La régulation

Initiée au Etats-Unis des la première moitie du XXème sicle pour régler la répartition des fréquences radio, la diffusion de régulation dans le monde est devenu l’un des piliers de ce que l’on a appelé le nouveau management public. Et elle ne s’est pas arrêtée à la répartition des fréquences. Dans le monde, il y a des agences de régulation dans des domaines d’applications aussi variés que les télécoms, la sécurité alimentaire, les médicaments, les transports, l’énergie, les marchés financiers, etc.


Il ne s’agira pas ici pour nous de mener ce type de comparaison mais d’affiner la compréhension des contraintes technologiques et financières qui ont pesé sur le développement et la régulation de la téléphonie mobile. Les enjeux fondamentaux d’une économie de réseau sont la construction du réseau, sa dimension, la coexistence de plusieurs réseaux, leur interconnexion éventuelle et le débit ou le flux distribué. La notion de réseau est étroitement liée à celle du marché. Pour le dire en quelques mots, un réseau définit un marché, que celui-ci soit concurrentiel ou non.
Le paysage de la 3G est encore plus difficile et complexe, puisque les efforts de rapprochement ont conduit à développer de multiples consortiums et des instances de coordination, comme la 3GPP, dans le but de favoriser la convergence des technologies dans le cadre de la standardisation UMTS, ou la 3GPP 2 qui a abouti au standard CDMA 2000. Au final, les trois principaux standards adoptés pour la 3G (l’UMTS en Europe et au Japon, le CDMA 2000 en Amérique du Nord, le TDSCDMA en Chine) sont une illustration du protectionnisme industriel qui s’est développé à partir du moment où les réseaux 2G étaient constitués.


La normalisation de la 3G, puis les premières réflexions sur l’IMS (IP Multimedia System, 4G), ont donné lieu à un foisonnement d’initiatives de normalisation. On considère aujourd’hui que plusieurs centaines d’instances jouent un rôle dans ces processus. Si seulement trois organisations sont reconnues par l’OMC – l’UIT (télécoms), ISO (généraliste) et CEI (électricité) -, elles coopèrent avec des organisations régionales (ETSI, CEN, CENELEC…), des agences nationales et les organismes de partenariat (3 GPP et 3 GPP2) composés eux-mêmes de membres de ces organismes et de membres de consortiums comme le consortium GSM, le WIMAX Forum, les Cable Labs ou l’Open Mobile Alliance et d’autres encore.


Ce qui fait que ces interdépendances sont devenues de plus en plus complexes rendant plus difficile encore la régulation. En effet, et le dernier séminaire sur la normalisation organisé par l’ARPT et l’UIT et qui va toucher l’ensemble des régions du monde semble anticiper les enjeux de la régulation à venir. Les régulateurs semblent courir derrière les normalisateurs car certaines décisions de régulation sont influencées directement par la politique de normes (technique, licences, offres de référence…). Il faut se rendre à l’évidence, les régulateurs n’ont pas la capacité de « R & D » pour agir sur le processus de normalisation. En revanche, ils ont de plus en plus besoin d’être partie prenante dans les processus de normalisation pour anticiper les répercussions sur la régulation comme la sélection des candidats aux licences ou pour expliciter les contextes économiques et sociaux dans lesquels devront se déployer les nouvelles normes.
Il est donc essentiel pour eux de participer au travail qui s’opère dans les grandes arènes de normalisation, ne serait-ce qu’à titre d’information. Le fait que l’ARPT ait organisé un séminaire dans ce sens constitue une illustration parmi d’autres de ce phénomène égulation/normalisation.


Si l’on regarde de plus près, peu de travaux académiques sur la régulation des marchés s’intéressent aux interdépendances entre régulateurs et normalisateurs mais il est admis que les standards jouent un rôle croissant dans la régulation mondiale, que ce soit dans le domaine de la régulation des opérateurs mobiles ou de la gouvernance des entreprises ou des banques ou de leurs informations financières, ou dans le domaine de la production des biens et des services. Ce qui fait qu’à aujourd’hui, l’analyse empirique des interdépendances entre normalisateurs et régulateurs n’en est encore qu’à ses débuts. Il y a beaucoup à faire dans les années à venir…

Les opérateurs mobiles

Trois opérateurs mobiles exercent leurs talents en Algérie. Chacun à sa manière. Comme en Grande-Bretagne, c’est Orascom Telecom Algérie, plus connu sous son nom commercial Djezzy, qui a le plus de clients. On ne parle pas d’abonnés comme vous le lisez car un abonné est une personne qui a contracté un abonnement. Si nous regardons la définition de Wikipédia, c’est contrat de fourniture, convention ou marché de service forfaitaire qui se fait d’avance pour une période donnée, par lequel on paie à un prix déterminé ce qui se paie d’ordinaire successivement et par portion avec un échéancier de facturation convenu à la signature. Qui parle d’abonnement chuchote le post-paid, c’est-à-dire le paiement d’un service fait. Comme tout le monde le sait, l’Algérie est un pays pre-paid (plus de 95% des utilisateurs de mobiles sont des prepaid), c’est-à-dire que l’on paie à l’avance le service que l’on va vous rendre ou faire. Cet état fait que l’opérateur mobile ne sait pas exactement ce qu’il va faire le lendemain. Il prend des risques chaque jour et son développement est en partie un jeu de risques quand on sait qu’un opérateur doit favoriser le développement de contenus, étendre la connectivité et promouvoir la concurrence d’accès Internet.


En effet, pour les opérateurs, la rentabilité économique était fondée sur l’exploitation du réseau, quelle que soit, pourrait-on dire, la technologie employée, pourvu que le cycle d’innovation/investissement soit maîtrisé.


L’histoire de la téléphonie mobile commerciale peut être examinée à l’aune de ces enjeux. En effet, l’examen de la technologie et des réseaux déployés depuis les années cinquante montrent une quête permanente d’augmentation du débit. Cette quête a longtemps eu pour objectif de connecter le plus grand nombre d’utilisateurs. Cet objectif étant potentiellement atteint en Algérie à partir de 2005-2006 avec les succès du déploiement des réseaux de la 2ème génération du GSM, la version NMT (analogique) n’a malheureusement pas été suffisamment utilisée dû aux problèmes qui se sont passés dans les années 1990. Ce qui fait que la quête du débit s’est réorientée vers des enjeux plus qualitatifs, c’est-à-dire sur la possibilité d’offrir d’autres services aux utilisateurs, qui ont déjà leur terminal mobile dans la poche, tels que l’image et l’interconnexion aux autres supports numériques (informatique, audiovisuel). Pour aller plus loin, le débit d’un réseau téléphonique dépend donc de deux choses : du nombre de personnes qui peuvent l’utiliser simultanément et de la quantité d’information échangée. Ces deux aspects sont liés mais pas identiques.


Si on scrute leurs infrastructures techniques, on peut dire que Nedjma, qui a déjà swappé son Core et quelques BTS, se trouve en tête du peloton et que passer à la 3G en termes d’infrastructure ne lui posera aucun problème. Mobilis, qui a un Core 2.5G depuis 2003, pourra aussi aller assez vite d’autant plus que son équipementier est assez aguerri dans ces passages (2G vers 3G) qui peut être un peu de software et un peu de hardware mais il lui faudrait swapper ses BTS. Pour Djezzy, l’information que nous avons est qu’il possède un Core pouvant être très rapidement upgradé vers la 3G mais qu’il lui faudrait complètement swapper ses BTS et sa radio. Si l’on s’en tient à l’ensemble des informations sur les trois opérateurs, il n’y aura aucun problème pour le que trio soit à temps avec les délais du cahier des charges préliminaires.

L’abonné

Comme nous l’avons cité plus haut, le marché algérien se compose à plus de 90% en utilisateurs mobiles pre-paid, c’est-à-dire qu’ils payent leurs services avant de l’utiliser. Il coûte, en général, beaucoup plus cher que le post-paid mais il a l’avantage de toucher tout le monde. Et chaque utilisateur est libre de charger ou de ne pas charger son compte. Le nombre d’abonnements par abonné à des services mobiles s’établissait à 1,29 en 2007 dans le monde, selon le cabinet Informa Telecoms & Media. Celui-ci ne devrait progresser que très légèrement, à 1,32 en 2013.
Ainsi, depuis l’avènement de la téléphonie mobile, la fièvre du mobile a conquis toute la population. Aussi observe-t-on que la téléphonie mobile a suffisamment conquis les marchés, tant elle est présente dans les ménages que dans les services et les localités urbaines et rurales. Qu’il s’agisse des jeunes comme des vieux, des femmes comme des hommes, des instruits comme des non alphabétisés, cet outil est quotidiennement utilisé pour informer, communiquer, échanger sur notre environnement interne et externe. A ce sujet, il est d’ailleurs curieux de constater que même les individus sans emploi et donc sans aucune source de revenus fiables disposent d’un portable pour communiquer. Et pourtant le recours au téléphone portable n’est point gratuit. Il est d’ailleurs une source de dépense que les différents abonnés, quelle que soit leur source de revenu, s’obstinent à utiliser au besoin. Toutefois, malgré la forte pression financière liée à l’usage du téléphone portable sur les revenus des individus, il n’en demeure pas moins que les effets positifs sont réels dans la mesure où le modèle d’analyse des effets a abouti à des résultats probants, tant en ce qui concerne l’impact positif sur le social, que les effets positifs induits dans le cadre de la réalisation des activités économiques, la quête du travail ou les démarches professionnelles.


En Algérie, selon la décision n°04/SP/PC/ARPT du 01er février 2009, « est considéré abonné, au sens de la présente décision, toute personne physique ou morale, utilisant les services prépayés de la téléphonie mobile de type GSM dans le cadre d’un contrat en vertu duquel il est dûment identifié, qui émet ou reçoit, au minimum une fois au cours des trois (03) derniers mois, un appel, un SMS, un MMS ou recharge du crédit ». Par cette décision, tous les utilisateurs de mobiles sont des abonnés pour l’ARPT.


Nous avons un peu défini l’abonné mais pour que cet abonné aille vers la 3G, il faut comprendre la relation entre le développement du contenu local, Internet et les prix d’accès. Si l’on s’en tient à l’étude qu’ont faite les ISP, le prix de la 3G sera cher même si l’on ne demande qu’un 384 kbs pour les deux premières années. Le prix d’accès à l’Internet local pourrait alors entraver ou favoriser le développement de la 3G et donc du contenu local. Par conséquent, le contenu local pourrait aider à démontrer les avantages économiques des infrastructures étendues à l’ensemble du pays, d’autant plus si, et seulement si, le montant de la broadband est bas, ce qui favoriserait le développement de contenus locaux en langues locales.


Le téléphone portable a-t-il permis aux individus d’améliorer leurs activités économiques à travers une meilleure communication, un gain de temps, les négociations de contrat, trouver un emploi ? Tout porte à croire que la réponse est positive. La 3G pouvant permettre à l’Algérie encore d’aller plus loin car non seulement le numérique (fabrication de matériel électronique et informatique, SSII, télécommunications, boutiques spécialisées) est le premier secteur d’emploi mais aussi influe, touche et améliore les conditions de vie l’ensemble de la population.

Source Hebdomadaire ITMag au 15/10/2011

Aucun commentaire: