jeudi 27 octobre 2011

ALGER MAINTIENT LE CAP SUR SON RACHAT AVANT LA FIN DE L’ANNÉE

Comment Djezzy était programmé pour finir entre les mains de la mafia juive, en Russie.

Dernier clap du feuilleton Djezzy ? Tout porte à le croire, après la fin de non-recevoir opposée par Alger à VimpelCom. Il est vrai que Djoudi a reçu le patron de Vimpelcom pendant cinq heures, cependant, Alger n’a rien vu venir de bon. Le géant russe de la téléphonie mobile a fait envoyer Jo Launder, PDG de VimpelCom, alors que le véritable patron, Michael Fridman, était ailleurs. Et c’est parce que le véritable patron de VimpelCom, très introduit en Russie, mais aussi aux États-Unis, en Espagne et en Israél, était à l’affût que l’Algérie campe toujours sur sa position dans le dossier Djezzy, qui dure depuis maintenant deux ans. Le travail d’évaluation financière de Djezzy est mené actuellement par le cabinet spécialisé FTI Consulting, l’un des plus importants au monde dans ce domaine. FTI a été engagé par le cabinet d’avocat Sherman & Sterling LLP qui a obtenu en janvier dernier le contrat auprès du gouvernement algérien. Par ailleurs, selon le journal russe Kommersant, VimpelCom a prolongé jusqu’au 15 novembre un accord avec Weather Investments, maison mère d’Orascom Télécom, prévoyant un partage de risque sur le dossier Djezzy. Cette décision, qui a fait plonger l’action Orascom Télécom à la Bourse du Caire, intervient au lendemain de la visite de Jo Lunder, PDG de Vimpelcom, à Alger

Il faut noter que Vimpelcom a fusionné en mars dernier avec le groupe italien Wind Télécom qui détient 51% d’Orascom Télécom Holding (OTH), qui est le propriétaire d’OTA. Un éventuel règlement à l’amiable de ce contentieux qui permettrait à l’Algérie de prendre une participation de 51% dans le capital de Djezzy, était prévu par VimpelCom, mais Alger reste surtout gênée par les véritables maîtres de l’ombre. VimpelCom, détenu par le groupe russe Alfa et par l’opérateur norvégien Télénor, pourrait payer ses participations à Weather Investment, le fonds de Naguib Sawiris, patron d’Orascom, à la fois en numéraire (1,8 milliard de dollars) et avec 20% de ses titres évalués à 3,5 milliards, selon des sources proches du dossier. Si la fusion est menée à terme, VimpelCom se retrouvera à la tête d’un gigantesque ensemble comptant 174 millions d’abonnés mobile dans le monde (bien devant Orange par exemple qui compte 132 millions de clients). L’opérateur se hissera ainsi à la cinquième place mondiale, derrière les géants que sont AT&T, Verizon, Deutsche Telekom. Il pèsera 21,5 milliards de dollars de revenus avec un excédent brut d’exploitation de 9,5 milliards de dollars et une capitalisation de 17,5 milliards de dollars... Surtout, le géant russe pourra enfin sortir de ses frontières avec des positions fortes en Italie (Wind est le n° 3 du marché transalpin), en Asie et en Afrique. Orascom est en effet présent au Bangladesh, en Afrique du Nord, au Pakistan, en Centrafrique, au Rwanda, au Burundi… IL ÉTAIT UNE FOIS… DJEZZY Lorsque Djezzy démarre en 2001, il devient vite le « chéri » des Algériens. C’est en juillet 2001 que le groupe Orascom Télécom remporte la deuxième licence de téléphonie mobile en Algérie, pour un montant de 737 millions de dollars. Alors que le téléphone portable plafonnait et demeurait l’apanage des seuls « gros bonnets », Djezzy avait eu le mérite de mettre à portée des plus démunis sa célèbre puce rouge. Désormais, le simple salarié pouvait se doter d’un téléphone portable et discuter librement. La société entière s’émancipait et découvrait les bienfaits d’une discussion personnalisée et à distance… Opérateur de droit algérien, Djezzy restait de « parents » d’origine égyptiens. Créé en juillet 2001, il devient vite leader dans le domaine de la téléphonie mobile, avec le premier million d’abonnés atteint en 2003, puis avec 13 millions d’abonnés au mois de Décembre 2007. Le marché algérien de la téléphonie mobile est juteux, et Sawiris investi à fond : Djezzy se lance dans la capitale et les grandes villes du littoral, puis investi le pays tout entier. Très vite, il compte plus de 3000 employés, et avec 2,5 milliards USD d’investissement depuis 2001, Sawiris fait banco. Rien ne lui résiste. La presse fait ses louanges et récolte des centaines de millions de pub par mois. La manne publicitaire est trop importante, et les responsables commerciaux de Djezzy « phagocytent » plusieurs journaux, pour devenir en 2006-2007 de véritables « rédacteurs en chef » parallèles ayant droit de regard sur certains titres de la presse privée. Les espaces médiatiques et publicitaires encensent Djezzy en long et en large, à longueur de semaines et des mois que Dieu fait. Djezzy a de quoi pavoiser : il met sur pied 70 centres de service à travers tout le territoire national à disposition 7j/7, plus de 370 opérateurs Roaming dans plus de 174 pays, et couvre dans un court laps de temps plus de 93% de la population. En mai 2008, Djezzy a atteint 14 millions d’abonnés. S’ensuit, son célèbre lancement de la solution BlackBerry de Djezzy. Puis, lancement du MMS (MultiMedia Messaging System). En fin 2006, Ould Abbas, alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale, décerne à OTA le trophée du meilleur employeur sur le marché de l’emploi algérien.L’ascension est irrésistible. Paradoxalement, c’est à partir de là que la chute va commencer. Encouragé par cette réussite fulgurante, Sawiris va se lancer dans des opérations scabreuses, qui vont lui porter préjudice. La division ciment d’Orascom construction cède les deux cimenteries acquises en Algérie à bas prix au français Lafarge. Les autorités grincent des dents. En fait, à la fin de 2007, Lafarge a mis l’équivalent de 8,8 milliards d’euros pour racheter Orascom ciment. En raison de ce scandale, le gouvernement adopte dans sa loi de finances complémentaire 2010 un article instituant «le droit à l’exercice du droit de préemption de l’État sur toute cession d’actifs détenus en Algérie par des investisseurs étrangers, en frappant de nullité toute transaction réalisée à l’étranger sur leurs actifs». Désormais, « les bonnes affaires », en Algérie, vont relever du passé composé. S’ensuivent diverses brouilles, et Sawiris crie sur tous les toits qu’il travaille désormais dans un « environnement hostile ». Le redressement fiscal dont OTA fait l’objet sonne le glas des relations OTA avec l’État algérien. L’État le somme de s’acquitter de ses dettes vis-à-vis des impôts. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sonne la charge. Ouyahia précise que « l’affaire remonte à 12 mois et ne date pas d’aujourd’hui ». Orascom Télécom Algérie (OTA), filiale du groupe égyptien Orascom, reçoit la notification des impôts algériens pour 600 millions de dollars d’arriérés fiscaux et de pénalités sur les exercices 2004, 2005, 2006 et 2007. Naguib Sawiris est résolument critique à l’égard d’Alger. Il déclare aux médias français : « Il y a un vrai changement de climat en Algérie où les investissements étrangers ne sont plus les bienvenus ». Il critique ouvertement Bouteflika dans les colonnes de la presse cairote, à tort et à travers. La Direction générale des impôts apporte des précisions à ce sujet. Dans un communiqué rendu public, elle précise que « la société OTA a fait l’objet d’un contrôle fiscal, au même titre que d’autres entreprises établies en Algérie, contrôle qui a débuté en date du 3 juin 2008, suivant avis de vérification remis à la société le 20 mai 2008. Le contrôle fiscal a concerné les exercices 2004, 2005, 2006 et 2007». La précision de la DGI ajoute: «Nonobstant le contrôle de l’exercice 2004, dont les résultats ont été notifiés à l’entreprise, les propositions des redressements des exercices 2005 à 2007 ont été adressées à la société en date du 12 juillet 2009, soit 13 mois après la première intervention des services de contrôle. Après épuisement de la procédure contradictoire et l’analyse de la réponse de la requérante, datée du 16 août 2009, le service de contrôle de la direction des grandes entreprises a arrêté les résultats définitifs qui ont été portés à la connaissance de la société Orascom Télécom Algérie par envoi du 16 novembre 2009. » Dès lors, il ne restait plus rien à faire sur le terrain des bonnes relations, et l’activité commerciale reprenait ses droits après des années de flirt… contrarié.

Source : Quotidien Le Courrier d'Algérie du 27/10/2011

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