jeudi 20 octobre 2011

Comme une impression de déjà-vu

Tempête dans un verre d’eau ? Révolution reportée à une date ultérieure ? Les Algériens s’interrogent sur le gel de l’opération de lancement de la 3G en Algérie.

Une chose est sûre : ça ne fait rire personne. Cela a constitué pourtant le sujet chaud de l’été dernier. Interviews, séminaires et articles dans la presse, il a défrayé la chronique. Pas un jour sans qu’on nous explique que la 3G va changer notre vie et particulièrement notre manière de communiquer et de consommer Internet qui devient ainsi mobile. On voulait nous donner l’impression qu’il s’agissait d’un « tsunami qui se prépare ». En réalité, on a eu droit à une impression de « déjà-vu ». Les décideurs tergiversent, promettent, font machine arrière pour finalement abandonner tous les projets annoncés tambours battants. La 3G, la 3G… On l’annonce sur tous les toits comme s’il s’agissait de nous amener sur la planète Jupiter.

Selon la thèse officielle, le report des échéances des différentes étapes du processus d’octroi de la licence 3G vient suite au souhait des opérateurs de disposer davantage de temps pour mieux préparer leurs dossiers. Etrange quand même comme argument ! Car, jusque-là, les opérateurs en question étaient plutôt pressés de passer à la 3G. Dans aucune de leurs déclarations ils n’ont parlé de leur souhait de reporter cette échéance sauf s’il faut y voir dans cette retenue, la précaution de ne pas contrarier les plans du gouvernement qui voulait, du moins en apparence, lancer cette technologie en Algérie. Résultat des courses : retour à la case départ comme dans un jeu de l’oie. Les opérateurs devront à nouveau lancer leurs dés et avancer leurs jetons et espérer décrocher le gros lot au finish… Dans un autre registre, la Journée mondiale de la poste, célébrée le 9 octobre de chaque année, n’a pas fait grand bruit chez nous. Mohamed Laïd Mahloul, le très discret directeur général d’Algérie Poste, a annoncé la mise en service de nouveaux services innovants pour les utilisateurs algériens. Des prestations inédites, à l’image du paiement de factures par terminal de paiement électronique (TPE), la mise en production de son propre centre de personnalisation des cartes magnétiques dont le siège a été inauguré par le ministre des PTIC et d’un espace de libre-service constitué uniquement d’automates avec un seul agent de guichet chargé d’orienter les clients. Il s’agit là d’une opération pilote symbolisant la poste du futur. En attendant, la poste d’aujourd’hui fait face à de nombreux dysfonctionnements et réclamations comme la mauvaise distribution du courrier et la crise de liquidités.

Les Algériens s’attendent à un meilleur service public et ne peuvent se contenter de vagues promesses d’amélioration. La poste doit opérer sa mutation au plus vite surtout au niveau des mentalités. Algérie Télécom a eu la lumineuse idée de lancer une tombola en ligne au profit des clients résidentiels. Très bonne initiative mais il faudrait que les services techniques jouent le jeu pour que les problèmes de dérangements, de raccordements et de qualité de la connexion soient pris en charge rapidement et surtout sans faire intervenir « les petites connaissances » car la « maarifa » a toujours le bras long. Sinon, il ne sert absolument à rien de lancer des tombolas ou même un autre concours du genre. La direction générale d’Algérie Télécom a souvent manqué de vision et surtout d’un manque d’anticipation dus à son monopole. L’opérateur des opérateurs n’a pas de véritables concurrents sur le marché et, par conséquent, évolue à son rythme, à l’image du débit offert pour se connecter à Internet. L’Algérie, en dépit d’un potentiel énorme dans le domaine des TIC, traîne toujours les pieds. Il serait intéressant de suivre les activités de la délégation algérienne qui participera pour la première fois à l’« ITU Telecom World 2011 », un événement mondial consacré aux technologies de l’information et de la communication (TIC) qui se tiendra du 24 au 27 octobre à Genève. Le pavillon Algérie mettra en exergue les grands projets réalisés, ainsi que les chantiers lancés dans le domaine depuis la dernière décennie, précise le ministère des PTIC. Peut-être le ministre donnera-t-il une explication pour le renvoi de la 3G à une date ultérieure. Alors restons à l’écoute, restons attentif… La e-Algérie censée représenter « l’heure de gloire » du secteur est de moins en moins mentionnée dans les propos. Le plan est plein de bonnes intentions : accès à Internet haut débit, équipement informatique des écoles, développement pour une meilleure concurrence dans la téléphonie mobile, développer la production de contenu local et national et l’usage des services numériques…
Mais derrière cet inventaire, il y a quelques avancées concrètes mais aussi nombre de mesures déjà annoncées, certaines vagues et d’autres non financées.

Source : Hebdomadaire ITMag au 20/10/2011

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