jeudi 27 octobre 2011

L’ANRT marocaine plus productive que l'ARPT algérienne

En plus d’êtres rares, les données publiées par l’ARPT sont souvent dépassées.

En dix ans d’existence, l’Agence de régulation des postes et télécommunications (ARPT) présente un bilan bien maigre, largement en deçà de ce que peuvent espérer les professionnels, analystes, usagers et autres opérateurs en quête des moindres statistiques leur permettant de se faire une idée de l’évolution du secteur des TIC en Algérie. Une comparaison des activités de l’ARPT, basée sur les informations disponibles sur son site Web, à celles de l'ANRT marocaine, montre un manque flagrant de production de données et d’indicateurs sur le secteur.

En une décennie, l’ARPT a produit six « études et enquêtes » sur le secteur de la téléphonie (mobile et fixe), neuf « rapports annuels » (le dernier concerne l’année 2009), 8 « bulletins trimestriels » (dont la publication a été arrêtée en mai 2007), neuf autres rapports et communications sur les activités du secteur des postes et du courrier accéléré international, et six autres documents sur le processus d’octroi des licences de téléphonie mobile et fixe, ainsi que sur l'établissement de réseaux publics de télécommunications par satellite de type VSAT.

Le régulateur algérien des télécoms a également géré les dossiers liés au nouveau « plan de numérotation à dix chiffres » (2008), le « service universel de télécommunications », et la « certification électronique ».

Concernant ses activités publiques, l’ARPT a organisé, en dix ans, deux conférences de presse, à l’occasion du Forum El Moudjahid, dont la dernière date de 2008, et au total une dizaine de séminaires, journées d’études et autres « portes ouvertes ».

Dans la rubrique « Observatoire » de son site Web, on trouve les principales publications de l’ARPT recueillies dans la sous-rubrique « Enquêtes et études ». Il s’agit de six documents au total : un « sondage sur la téléphonie mobile », effectué en 2003 lorsque le marché était occupé par deux opérateurs, trois rapport intitulés « observatoire du mobile » (entre 2005 et 2006), et deux « observatoires des tarifs » (2004 et 2005).

Des données insuffisantes pour des lectures affinées

Dans les documents consacrés à l’observatoire du mobile, l’ARPT fournit des données du « marché global de la téléphonie mobile » en Algérie (parts de marché de chacun des opérateurs, taux de pénétration…), ainsi que la répartition et l’évolution des abonnements prépayés et post-payés de l’ensemble du parc mobile.

Le plus récent « observatoire des tarifs » (fixes, mobiles, Internet et liaisons spécialisées) a été publié en février 2006. L’étude passe en revue les prix des cartes SIM par opérateur et par offre, le crédit initial, la validité du crédit, les frais d’activation GPRS-MMS, ainsi que les tarifs de la minute de communication ou d’un sms vers le même réseau mobile et un réseau concurrent, vers un numéro fixe, et à l’international. A croire que rien n’a bougé en cinq années !

Les données livrées par l’ARPT sont certes importantes mais elles ne suffisent pas pour faire des lectures affinées de l’état du secteur des télécoms, et des TIC en général, en Algérie. L’irrégularité des études et la périodicité (annuelle) des rapports ne permettent pas de suivre de près son évolution. Par exemple, en l’absence de rapports trimestriels, l’on se rend compte, à l’occasion d’un communiqué, que 34 ISP (fournisseurs d’accès Internet) n’ont pas exercé pendant plusieurs années. Et aucune explication n’est fournie sur les raisons les ayant poussé à cesser leurs activités !

On constate aussi, dans les documents de l’ARPT, que la partie « data » est totalement ignorée. Et pourtant, depuis au moins 4 ans, les trois opérateurs de téléphonies mobiles proposent des offres « Internet mobile » (de 2e génération – 2G) à travers des clés USB dotées de cartes SIM-Data. Le nombre d’abonnés à ces services n’est jamais mentionné dans les rapports du régulateur. La disponibilité de données sur l’Internet-mobile aurait permis de mieux cerner et de prévoir la tendance à quelques mois (espérons-le) du déploiement de la 3G.

Les rapports de l’ARPT manquent aussi de précision, en particulier dans le volet Internet. Ainsi, il nous est délivré le nombre d’abonnés à Internet sans aucun détail notamment sur la qualité des connexions et, surtout, sur le nombre d’abonnés par type d’offres (Adsl et autres) et par débit. Nous ne savons rien non plus sur la part des clients Internet institutionnels (entreprises et administrations) ni celui des abonnés résidentiels.

L’ANRT, le régulateur marocain, bien plus communicatif

Doté d’une structure organisationnelle équivalente à celle de l’ARPT (en nombre de départements), le régulateur marocain des télécommunications fournit une matière bien plus abondante, permettant des lectures plus précises de l’environnement des TIC au Maroc.

L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) rend public trimestriellement des « tableaux de bord » (rubrique « Observatoire ») consacrés distinctement à la téléphonie fixe, à la téléphonie mobile, aux publiphones et aux marchés de l’Internet. On y trouve aussi des analyses relatives à « l’évolution des marchés du fixe, du mobile et de l’Internet » comportant les faits marquants des trois derniers mois. Sans parler des enquêtes annuelles sur le « marché des technologies de l’information » et des indicateurs sur le parc des « noms de domaines ".ma" ».

Dans « L’état du marché de l’Internet », les enquêtes fournissent des détails sur l’évolution du nombre d’abonnés pour chacun des débits proposés. On sait, par exemple, qu’au Maroc plus de 90% des abonnés ont plus de 2 Mbps. Dans le détail, cela donne : 41,99% ont un débit de 2 Mbps, 27,28% (4 Mbps) et 26,27% ont 8 Mbps.

La question des prix dans le secteur de la téléphonie (mobile et fixe) est mesurée par le « revenu moyen par minute - ARPM ». On peut aussi avoir les tendances des tarifs de l’Internet Adsl et de la 3G ainsi que des informations relatives à l’usage moyen sortant par client et par mois pour la téléphonie fixe et mobile. Dans le cas de la 3G, les données de l’ANRT distinguent les abonnés « voix-data » et les clients « data » uniquement. Pour l’Internet aussi, une analyse de la qualité des débits est également fournie. Tout cela dans une périodicité trimestrielle pour chacun des tableaux de bords décrits plus haut.

Dans la rubrique « Enquête et études », l’ANRT développe une multitude de thématiques telles que « le développement de l'activité des centres d’appel », les « prestataires du Service Internet », les « services de Télécommunications auprès des entreprises ». Des résultats d’enquêtes menées sur les activités des ISP (providers) et des cybercafés (services offerts, profils des techniciens, équipements, principaux logiciels utilisés, tarification, nombre de clients et volume horaire de connexion par client…). Bref, une masse d’informations qui aide énormément à comprendre et à décrypter le marché des TIC au Maroc et, surtout, à faire des projections pour d’éventuels investissements. C’est ce qui fait grandement défaut en Algérie.

Source : Maghreb Émergent au 27/10/2011

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