dimanche 8 août 2010

Pas encore de «crise Blackberry» au Maghreb


Le smartphone de la firme canadienne RIM, le Blackberry, n’est plus en odeur de sainteté dans plusieurs pays, dont l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Inde, et, prochainement au Maghreb ? Une tempête souffle sur ce portable. Ce n’est pas la censure « morale » qui est la plus invoquée mais des impératifs sécuritaires. Au Maghreb, la « crise » n’est pas encore là. Les attitudes des gouvernements et leurs motivations varient.

La tempête a commencé à souffler sur ce Smartphone mardi dernier, lorsque Ryad avait annoncé son intention d’interdire à partir de vendredi 6 août la fonction messagerie de l’appareil, qui fonctionne avec la technique dite «Blackberry». Cette technique, est utilisée pour recevoir ses e-mails en mode «push», c'est-à-dire en temps réel, sans avoir besoin d'aller se connecter à un serveur, sur 1 à 10 comptes de messagerie différents. Le mode de compression réduit la taille du message, ce qui facilite la synchronisation de ses courriels avec le serveur de messagerie électronique via le réseau de téléphonie mobile sur lequel l'appareil est connecté (GSM, GPRS, UMTS, etc.). Ainsi, envoyer un courriel est aussi simple que d'envoyer un SMS ou un MMS. Le seul «hic», c’est que le message file tout droit vers un des serveurs du fabricant, Research In Motion (RIM) au Canada ou aux Etats-Unis, pour ensuite être réorienté à des milliers de kilomètres de là vers sa vraie destination. Suffisant pour nourrir les pires craintes d’espionnage, de menace à la sécurité, et de cyber-terrorisme. Samedi, Ryad est revenu sur sa décision de suspendre la fonction messagerie de l’appareil, mais il a fallu que RIM eut accepte d’installer un serveur en Arabie Saoudite pour surveiller les flux de messages. Au Maghreb, le débat ne fait que commencer, même si dans quelques pays occidentaux, en France ou aux Etats-Unis, la fonction messagerie de l’appareil est prohibée pour les hauts responsables.

Peu de nuages

Au Maghreb, seule la Tunisie semble pour le moment prendre au sérieux la « menace » que représente le Blackberry. Selon la presse tunisienne, Tunisiana GSM, filiale d’Orascom, a suspendu partiellement jeudi 5 août le service messagerie du Blackberry. Tunisiana n’a cependant suspendu que le seul le service e-mail dont les adresses sont domiciliées à l’étranger, selon des sources proches de l’opérateur tunisien, citées par la presse locale. Pour autant, l’opérateur a précisé que le service messagerie du Blackberry sera rétabli dès que les clients auront adopté une adresse domiciliée en Tunisie. Ils sont 400 clients concernés par cette mesure, et ils ont été avertis de cette suspension, effective depuis jeudi 5 août. Pourtant, le gouvernement tunisien avait interdit depuis décembre dernier aux ministres et hauts fonctionnaires d’utiliser ce téléphone multifonction. A Alger, où le Blackberry a atterri via la filiale algérienne d’OTA et Mobilis, filiale du groupe Algérie Telecom, peu de nuages flottent sur le ciel de ce smartphone, très peu utilisé d’ailleurs. Des sources proches de l’opérateur historique algérien, citées par la presse algérienne, laissent entendre que son introduction sur le marché algérien n’avait à l’époque obéit qu’à des considérations commerciales, mais pas sécuritaires. Pour autant, aucune réaction pour le moment n’a été enregistrée du côté du gouvernement.

Algérie : Blackberry ou patates, c’est «Kif-kif»

L’Algérie pourrait vite interdire tout simplement le Blackberry, et non pas le service messagerie pour au moins deux raisons : la première étant liée au refus du fabricant de livrer à ses clients les codes de décryptages des e-mails, la seconde étant que très peu d’algériens, comparativement au demi-million de saoudiens, utilisent ce Smartphone. Pourquoi ? Parce qu’il a été mis sur le marché algérien comme une simple marchandise de «patates» bonnes à éplucher : peu de réseau Wifi, pas de centres de maintenances, ni de service après vente. Résultat : la plupart de ses utilisateurs l’ont mis au placard. Au Maroc, par contre, aucune réaction négative pour le moment contre le Blackberry, qui a été introduit en 2007 par Maroc Telecom et son concurrent Meditel comme solution informatique pour les professionnels du multimédia. Mais, dans ce domaine, tout peut arriver, et vite. A moins que les pays maghrébins décrètent séparément l’interdiction du Blackberry, beaucoup plus pour des raisons sécuritaires que financières et commerciales.

Source : Maghreb Emergent au 08/08/2010

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