jeudi 24 novembre 2011

La nouvelle stratégie de Sony dans les smartphones

Des smartphones Sony Ericsson, qui perdront prochainement le "Ericsson" pour devenir des smartphones Sony.

Sony Ericsson vise 15% du marché français des smartphones en 2012. Entretien avec David Mignot, directeur général de Sony Ericsson France, sur les ambitions et la stratégie de la marque, maintenant qu'elle appartient à 100% à Sony.

Malgré des résultats financiers en berne et une baisse de ses ventes en volume au troisième trimestre, Sony Ericsson n'est pas le constructeur le plus mal loti pour aborder le marché du smartphone en 2012, et faire concurrence à Samsung et Apple. La société, dont 100% du capital appartiendra bientôt à Sony, a réussi là où Nokia a échoué, en recentrant sa gamme sur les smartphones. Grâce à Sony, elle espère désormais proposer une offre intégrée qui lui permettra de se différencier.

David Mignot, directeur général de Sony Ericsson France, Belgique et Luxembourg, participait ce matin à une table-ronde, en présence de son homologue chez Sony, sur le thème des mutations du marché du smartphone. Il revient sur ce qui va changer pour la marque.

Comment voyez-vous évoluer le marché des smartphones?

C'est le début d'une nouvelle histoire dans l'ère de la téléphonie mobile, au sens où le smartphone tel qu'on le connaît est acquis, il représente déjà la moitié des ventes de téléphones, l'année prochaine ce sera les deux tiers. La vraie révolution est celle de la convergence des écrans, dont on parle depuis des années. Tous les écrans vont enfin être connectés entre eux : téléviseur, PC, tablette, smartphone. On peut déjà transférer tout son contenu d'un écran à un autre. Et tous ces écrans vont être connectés au réseau internet, grâce au Wi-Fi et à la 3G. Nous aurons toujours avec nous un écran connecté, chacun pour un usage spécifique. La convergence, cela veut dire que n'importe quand, n'importe où, le consommateur aura accès à ses contenus.

On vous voit venir avec l'offre désormais intégrée de Sony, qui vend tous ces écrans et aussi du contenu.

C'est une des raisons pour lesquelles Sony a racheté Sony Ericsson. L'objectif est très clair : dans ce nouvel écosystème qui s'annonce, il est important pour un groupe comme Sony de maîtriser l'ensemble des écrans connectés. On peut y ajouter la Playstation Vita. Pour Sony Ericsson, cela va accélérer le développement de nos smartphones. Nous voulons être beaucoup plus fort et ne pas vendre seulement du matériel, mais aussi des services et des contenus. A ce titre, Sony regroupe deux plateformes, Playstation Network et Sony Entertainment Network, qui seront accessibles depuis tous les écrans.

Les brevets ont-ils beaucoup compté dans le rachat ?

Oui, ils revêtent une importance capitale. Nous avons la chance d'être protégés par des brevets dont nous détenons cinq séries majeures.

Il y avait déjà de multiples synergies entre Sony et Sony Ericsson auparavant. Que change la prise de contrôle par Sony ?

Le fait de maîtriser l'ensemble de la chaîne permet d'assurer une meilleure continuité de l'interface utilisateur et une plus grande harmonie en termes de service et d'expérience utilisateur. Ce sera plus simple. C'est l'un des enjeux majeurs: la convergence doit être simple.

Cela signifie-t-il un changement de stratégie pour Sony Ericsson en France ?

Non, cela renforce notre stratégie. Vendre uniquement des smartphones, cela devient restrictif.

Allez-vous abandonner la marque Ericsson et devenir "Sony"?

Elle va disparaître, mais quand, nous ne savons pas encore.

Le rapprochement va-t-il se traduire par un regroupement des équipes ? Une nouvelle organisation ?

L'organigramme de Sony change au niveau mondial, mais nous restons deux organisations séparées. C'est aussi le cas en France. Car nos marchés sont différents, commercialement parlant. Nous vendons aux opérateurs télécoms, Sony vend surtout aux réseaux d'électronique grand public. Nos organisations actuelles sont efficaces. Sony a pour ambition de mieux approcher les opérateurs et notre expertise en la matière est importante pour eux. Pour ce qui est de la conception des produits et de la R&D, Sony Ericsson conserve ses équipes basées dans la Silicon Valley, en Suède et au Japon.

Tout cela semble logique, mais qui va concevoir les tablettes, à cheval entre les deux univers ?

Nous restons sur l'accord préexistant entre Sony et Sony Ericsson. A savoir que Sony pouvait développer tous les produits sauf ce qui touche à la voix.

Quelle est la part de marché de Sony Ericsson en France et quels sont vos objectifs pour 2012 ?

Nous sommes à 7% de part de marché sur les téléphones, 10% sur les smartphones. Nous sommes numéro deux sur la plateforme Android (derrière Samsung, ndlr). Notre ambition est d'atteindre 15% de part de marché sur les smartphones en 2012 (c'était l'objectif déclaré pour fin 2011 à Challenges en août dernier, ndlr).

Quel est votre modèle le plus vendu ?

Nos trois modèles phares sont l'Xperia Arc S, l'Xperia Ray et le Mini Pro.

L'Xperia Play, tourné vers les jeux vidéo, n'aurait pas remporté le succès escompté. Quel est son bilan ? Aura-t-il un successeur ou le rapprochement avec Sony, qui sort la Vita début 2012, implique-t-il de concentrer les forces sur cette seule console ?

L'Xperia Play avait un objectif bien précis : accompagner la consommation de plus en plus importante de jeux sur smartphones. Il créait un nouveau segment. Les résultats sont positifs en termes d'usages : 75% des applications téléchargées sur ce téléphone sont payantes, soit l'inverse du ratio moyen. De plus, les éditeurs majeurs développent des jeux pour l'Xperia Play. Nous proposons un catalogue de 200 jeux. Fifa 2012 et PES 2012 sont sortis en avant-première sur le téléphone. Comptez sur nous pour continuer à développer des produits comme cela. Et puis, il ne faut pas mélanger la Vita, un produit de gamer, avec l'Xperia play, qui est avant tout un téléphone. Pour faire une analogie, nous avons des capteurs 8 mégapixels sur les smartphones, mais Sony continue de vendre des réflex.

Source : L'Expansion au 24/11/2011

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