mercredi 30 novembre 2011

Conflit entre la direction et le syndicat à Algérie Télécom : Le bras de fer persiste


Alors que le P-DG, dans un message transmis aux travailleurs, dit ne pas pouvoir accorder 30% d’augmentations de salaires, compte tenu de la situation financière de l’entreprise, les syndicats récusent ces arguments et menacent de passer à l’action.

Le ton monte entre le syndicat d’entreprise et la direction d’Algérie Télécom qui, par messages interposés, se rejettent la responsabilité sur l’échec des négociations ayant trait à la revalorisation des salaires. C’est dans ce climat tendu que le syndicat d’entreprise a choisi d’entreprendre, hier, les premières démarches pour l’organisation de la tenue d’une réunion extraordinaire de son conseil national. Cette décision a été prise au lendemain du long message adressé aux travailleurs par le P-DG d’Algérie Télécom,

M. Benhamdi, dans lequel il affirme que dans l’état actuel, l’entreprise ne peut donc faire face à aucune augmentation de salaires sans toucher à son équilibre économique. Le P-DG, qui s’aligne sur la décision du conseil administratif, qui a refusé d’octroyer l’augmentation de 30% de salaires telle que réclamée par les représentants des travailleurs, dresse un constat peu reluisant sur la situation de l’entreprise.

Ainsi le document souligne que le chiffre d’affaires d’AT n’a connu aucune progression ces quatre dernières années et risque de stagner pour les 4 années à venir. “Les encaissements projetés pour ces mêmes quatre années à venir auront tendance à rester au même niveau”, souligne le P-DG. Et d’ajouter : “Une augmentation de 30% induirait une masse salariale de 50% par rapport au chiffre d’affaires alors que sans augmentations, elle se situerait autour de 34%.” Le P-DG cite des comparaisons avec les autres opérateurs dont la masse salariale se situe entre 10 et 15%.
M. Benhamdi tient à expliquer dans son message que “la trésorerie projetée restera insignifiante face aux importants besoins d’investissement, ce qui obligerait l’entreprise à s’orienter vers un financement externe avec une charge financière associée élevée”. Autre justification du P-DG, la créance sur clients à recouvrement probable qui, selon lui, est bien au-dessous du niveau de la dette d’Algérie Télécom. De ce fait, l’entreprise a proposé au partenaire social des augmentations échelonnées de 2012 à 2014 avec des taux respectifs de 10%, 10% et 5% mais indexées sur une progression de chiffres d’affaires de l’entreprise. Les syndicalistes jugent ces propositions irréalistes et à la fois contradictoires. “D’une part, on nous dit que la situation de l’entreprise va stagner lors des 4 prochaines années et, d’autre part, on nous suggère des augmentations conditionnées à la même période”, nous a affirmé, hier, un responsable syndical. Notre interlocuteur juge les explications du P-DG “non convaincantes” et se demande comment une entreprise d’un tel gabarit n’arrive même pas à motiver ses travailleurs par des augmentations pourtant justifiées et à la fois modestes. Commentant les déclarations du P-DG sur la situation financière de l’entreprise, notre source s’interroge sur la capacité de ses dirigeants à améliorer sa situation alors que le taux des internautes en Algérie est seulement de 3%, il est à 50% au Maroc alors qu’Internet est l’une de notre principale source de financement. “Ce n’est pas la faute aux travailleurs si on n’arrive pas à équiper les foyers en ADSL ou améliorer nos équipements pour face à la concurrence.” Notre interlocuteur s’interroge sur la capacité de l’entreprise à recouvrer ses 172 milliards de créances de nos gros clients. “Nous arrivons juste grâce à la mobilisation de nos employés à recouvrer 97% des créances des seuls clients ordinaires”, précise-t-il, ajoutant que cette situation dure depuis 2003, date du partage des deux entreprises AT et Algérie Poste.

Par ailleurs, et dans un message transmis aux travailleurs, le syndicat d’entreprise note que “la revendication des 30% d’augmentation de salaires relève de la rationalité et d’une nécessité pour assurer un traitement juste et digne aux salariés contribuant à la cohésion sociale leur assurant une amélioration de leur cadre de vie répondant à leurs attentes en matière de pouvoir d’achat dont l’incidence ne sera que positive pour le développement de notre entreprise et sa pérennité”. À noter que le syndicat, soucieux de la situation d’AT, a proposé, lors de la dernière réunion avec les dirigeants de l’entreprise, une augmentation de 20% à consentir en janvier 2012 sans condition et une autre de 10% pour janvier 2013, tout en rejetant les propositions formulées par les responsables de l’entreprise.

“Une réunion extraordinaire du conseil national du syndicat d’entreprise est programmée pour la prise des décisions appropriées et des actions à entreprendre en conformité avec les lois et règlements”, conclut le message des syndicalistes.

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