lundi 3 mai 2010

Secteur des télécommunications: où va le gouvernement?

Quelle est la stratégie de l’Algérie en matière de télécommunications ? Près de dix ans après l’ouverture du secteur à la concurrence, le pouvoir peine à définir une stratégie cohérente pour ce secteur pourtant stratégique. Dernière illustration de ces errements, l’affaire d’une éventuelle cession de Djezzy.


Les discussions entre Orascom Telecom Holding (OTH), maison mère de Djezzy, et le sud-africain MTN ont fait réagir le gouvernement. Selon Karim Djoudi, ministre des Finances, l’Algérie va appliquer son droit de préemption prévu dans la nouvelle loi concernant les entreprises étrangères. L’Etat algérien est prêt à débourser la somme nécessaire pour acquérir la totalité du capital de Djezzy.

Mais au-delà de la simple application d’une loi, cette décision du gouvernement est-elle bien réfléchie ? Le doute est permis au moins pour trois raisons. D’abord, c’est ce même gouvernement qui affirmait il y a seulement quelques mois que la privatisation d’Algérie Télécom et de sa filiale mobile Mobilis était la seule voie juste pour développer le secteur. Aujourd’hui, il cherche à nationaliser un opérateur détenu à 97% par un groupe étranger.


Que s’est-il passé entre début 2009 et aujourd’hui qui pourrait justifier un tel revirement stratégique ? Le gouvernement ne le dit pas. La seule explication avancée officieusement concerne la transaction impliquant Lafarge et Orascom Cement dans le ciment, en 2008. Dans ce dossier, l’Etat algérien s’était légitimement estimé lésé car n’ayant pas été consulté, il s’est retrouvé devant le fait accompli : accepter malgré lui le retour du français Lafarge sur le marché algérien alors qu’il avait tout fait pour « négocier » cette permission.

L’autre interrogation concerne l’avenir de Djezzy si l’opérateur est racheté par l’Etat. La gestion chaotique d’Algérie Télécom et de Mobilis illustre à elle seule l’incapacité de l’Etat à gérer des entreprises de ce secteur – comme d'autres d’ailleurs. Dans le mobile, Algérie Télécom est le seul opérateur historique au monde qui n’est pas leader sur son marché domestique. Et en 2010, les Algériens doivent patienter un mois parfois plus, pour avoir une ligne de téléphone fixe. L’accès à l’ADSL reste un luxe réservé aux seuls habitants des grandes villes.

Enfin que va faire l’Etat avec deux opérateurs mobiles ? Va-t-il fusionner Mobilis et Djezzy ? Un tel projet va créer un méga-monopole dans le mobile qui ne favorisera ni le client ni Nedjma, le troisième opérateur mobile, qui a investi plusieurs centaines de millions de dollars sur le marché algérien et peut légitimement s’attendre à de meilleures conditions de concurrence. Ou le gouvernement va-t-il débourser 10 milliards de dollars pour racheter Djezzy et ensuite engager une réflexion ?

Dimanche, Hamid Bessalah, ministre de la Poste et des TIC, a appelé Djezzy à s'expliquer sur le dossier des négociations entre sa maison mère OTH et MTN. Mais les vraies explications sont surtout attendues du côté du gouvernement.

Source : Tout Sur l'Algérie au 03/05/2010

Aucun commentaire: