dimanche 16 mai 2010

Orascom Telecom Algérie : Djoudi et Bessalah se contredisent

Karim Djoudi, ministre des Finances, et Hamid Bessalah, ministre de la Poste et des TIC, se sont une nouvelle fois exprimés dimanche 16 mai sur le dossier Orascom Telecom Algérie (OTA). Interrogé par des journalistes en marge d’une séance de travail à l’Assemblée nationale, Karim Djoudi a affirmé que « l’Etat souhaite acheter 100% des parts de Djezzy mais à condition que le propriétaire égyptien Orascom Telecom Algérie (OTA) stipule clairement son intention de vendre. » « L’état n’as pas encore soumis d’offre à Orascom. », a-t-il ajouté avant de préciser : « l’Etat doit prendre des conseillers pour déterminer la valeur de Djezzy. » Comprendre : les deux parties ne sont pas en négociations et le gouvernement algérien attend des propositions de la part d’Orascom Telecom.

Quelques minutes plus tard, Hamid Bessalah a tenu des propos qui contredisent ceux de son homologue des Finances concernant l’état des discussions avec Orascom Telecom. « Nous sommes en contact permanant avec OTH et nous sommes en train de construire le transfert d’OTA vers l’Algérie », a déclaré le ministre de la Poste et des TIC qui s’exprimait en marge d’une cérémonie de remise des prix de l’Algerian start up initiative (financement de projets dans le domaine des TIC soutenu par des Algériens établis dans la Silicon Valley aux Etats Unis). « Les responsables de OTH sont plus disposés à respecter la procédure et les règles en vigueur pour que l’opération de transfert puisse se concrétiser », a ajouté Hamid Bessalah. Comprendre : les deux parties sont proches d’un accord prévoyant le rachat d’Orascom Telecom Algérie (OTA) par l’état algérien.

Dans ce contexte, qui croire ? Depuis quelques semaines, les deux ministres ont multiplié les sorties publiques sur ce dossier, avec quelques contradictions dans leurs déclarations. Avant aujourd'hui, les Algériens ont eu droit à des « fuites» bien organisées selon lesquelles une rencontre avait eu lieu entre le patron de Djezzy et le ministre Karim Djoudi, rencontre qui aurait permis de « calmer le jeu » et de se dire certaines vérités.

Celles de l’état algérien d’abord : « vous n’auriez pas dû négocier avec le sud-africain MTN sans notre feu vert. La loi est claire. Si vous voulez partir, vous devez nous informer. Nous déciderons si oui ou non nous voulons racheter Djezzy et dans quelles conditions ». Ensuite celles de Djezzy : « nous voulions rester en Algérie mais vous avez tout fait pour nous pousser vers la porte de sortie : redressement fiscal, interdiction de transférer nos profits… ».

Depuis le début de la crise entre le gouvernement algérien et la firme égyptienne Orascom, il faut relever un point important : les décideurs algériens n’ont encore rien dit sur cette affaire. Ils ont juste délégué deux ministres Hamid Bessalah et Karim Djoudi avec un mandat : rappeler les dispositions de la loi et surtout gagner du temps. Car le temps dans cette affaire ne joue effectivement pas en faveur d'Orascom. Et chaque jour qui passe est un jour de trop pour la firme égyptienne qui perd des opportunités d’affaires et des points en Bourse dans un climat financier international morose. Quant aux Algériens, ils ne semblent pas pressés de conclure cette affaire. Cela explique le silence des décideurs.

Ce n’est pas divulguer un secret que de dire que dans cette affaire, les deux ministres algériens n’ont pas « l’habilitation » nécessaire pour décider. Si décision il faut prendre – et il faudra bien en prendre une tôt ou tard -, elle sera prise par le président Abdelaziz Bouteflika. Les « dossiers lourds », disent les observateurs sont directement gérés par le président et uniquement par lui. Au delà de l’aspect économique de ce dossier, il y a en effet l’aspect des relations bilatérales entre l’Algérie et l’Egypte qui doit aussi être pris en considération.

Source : Tout Sur l'Algérie au 16/05/2010

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