mardi 25 mai 2010

Le gouvernement n’a pas obtenu de réponse Djoudi met la pression sur OTA


Le flou total continue à caractériser l’affaire OTA qui n’est pas encore à son épilogue.

Hier encore, Karim Djoudi, ministre des Finances, est revenu sur le sujet pour dire cette fois-ci que “le groupe égyptien Orascom Telecom Holding (OTH) n’a pas encore affiché sa volonté de vendre sa filiale de téléphonie mobile Djezzy à l'État algérien”. Une déclaration qui nous renvoie, pratiquement, à la case départ lorsque des informations ont filtré sur OTA qui aurait investi dans des négociations avec le groupe sud-africain MTN. À ce moment-là, Hamid Bessalah était intervenu sur les ondes de la radio et assurer ne détenir aucune information sur le sujet. Quelques jours plus tard, Djoudi fait sa première sortie et brigue en guise d’épée de Damoclès la réglementation en vigueur. Or, ce droit de préemption dont dispose l’Algérie n’est possible que si l’entreprise mère affiche clairement sa volonté “d’entrer en discussions avec le gouvernement algérien pour pouvoir céder OTA (Orascom Telecom Algérie)”. Ce qui n’est pas le cas encore, comme affirmé hier par le ministre, à nos confrères de l’APS en marge d’une session du Sénat qui coïncide avec la visite de deux jours du président sud-africain. Le dossier OTA sera-t-il abordé, se demande-t-on, alors au moment même où de nouvelles parties manifestent leurs intérêts en direction de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy après que des privés algériens eurent définitivement été exclus de la course. Les candidats, certes, ne se bousculent pas au portillon mais l’on apprend de sources sûres que les Émiratis s’y mettent à leur tour et voudraient être les futurs acquéreurs. Ce qui n’est pas en soi une mauvaise idée, selon certains spécialistes du domaine qui voient du mauvais œil “la reprise” de Djezzy par l’État qui de leur avis, enregistre aujourd’hui bien des difficultés à gérer ATM Mobilis. Difficile alors de voir en l’affaire OTA une simple histoire commerciale à plus forte raison que les différentes déclarations, émanant de responsables, sont caractérisées par une certaine cacophonie. La réglementation en vigueur, quant à elle, semble bien claire sur ce chapitre entaché, toutefois, par des zones d’ombre qui empêchent toute lecture dissociée de l’arrière-pensée politique.


Du côté d’OTA-Djezzy, l’on se refuse à tout commentaire sur le sujet. Ce qui en soi suppose également plusieurs hypothèses dont il est difficile d’exclure celui de vouloir plier bagage. En attendant l’apparition de nouveaux éléments dans l’affaire, ce sont des centaines d’employés, dans l’expectative, qui s’inquiètent de leur avenir même si les autorités algériennes les ont rassurés à ce propos. Ces mêmes autorités qui, malgré une gestion chaotique du dossier, campent sur la même position et refusent de voir OTA cédée à une partie étrangère et poussent indirectement le groupe égyptien OTH dans l’impasse. La seule porte de sortie résiderait dans la déclaration de Djoudi qui a déclaré hier que “nous avons des positions très claires en ce qui concerne ce dossier”. Et d’avertir encore : “Nous exercerons notre droit de préemption de 100% sur le capital de Djezzy et nous prendrons le prélèvement fiscal à hauteur de 20% sur les plus-values.” Il est à rappeler que la loi de finances complémentaire 2009 stipule que l'État ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d’un droit de préemption sur toutes les cessions de participation des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers, et ce, afin de mieux observer et réguler le patrimoine économique algérien. Le droit de préemption permet à l’État de récupérer les projets qu’un investisseur étranger désire transférer à une partie tierce. En mars dernier, le ministère des Finances avait mis en garde contre un éventuel manquement à cette obligation légale qui frapperait toute transaction éventuelle de nullité.

Source : Journal Liberté du 26/05/2010


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