mardi 27 septembre 2011

La 3G pourrait remettre de la concurrence dans l’Internet

La 3G annoncée pour le premier trimestre 2012 sera une aubaine pour les clients potentiels dans les zones non couvertes par le téléphone fixe et bien entendu pour les usagers des mobiles. Une migration des abonnés ADSL vers la 3G est envisagée. Si la concurrence entre les opérateurs joue, comme cela s’est fait au Maroc, les prix pourraient aller à la baisse. Une sortie de biais du monopole de fait exercé par Algérie Télécom sur l’accès Internet à domicile depuis la cessation de l’activité de la comète Eepad en septembre 2009.

La téléphonie 3e génération (3G) est annoncée pour le premier trimestre 2012. Il a fallu au moins trois ans à l’Algérie pour trancher entre la 3G et la 4G, décider de lancer un appel d’offre et fixer une échéance pour la mise en œuvre commerciale. Comme pour la téléphonie mobile et à un degré moindre pour l’Adsl, l’Algérie est en retard par rapport aux voisins (Maroc, Tunisie, Libye et Egypte) pour le haut débit mobile. La Tunisie est le dernier en date à avoir introduit la 3G, l’offre Internet mobile y est disponible depuis 2009. Arrivé à saturation en matière d’offres de service (texte et voix), le secteur de la téléphonie mobile en Algérie va devoir doubler d’ingéniosité pour amener les consommateurs vers l’offre data, et plus précisément au high speed data (Internet, multimédia, téléchargements…). La 3G va "amener des investissements" en Algérie et permettre de "créer des emplois" et attirer "beaucoup de petites compagnies spécialisées dans la création de contenu" nous avait déclaré Joseph Ged en août dernier.

Smartphones et pub sur le Net

Outre le développement du contenu destiné à l’abonné Internet mobile en Algérie, le déploiement de la 3G devrait permettre une hausse des ventes des smartphones (iPhone, BlackBerry et autres Android) et, même, celui des tablettes (iPad…), conçus spécialement pour des connexions mobiles à haut débit et disposant d’applications dédiées à l’Internet. En attendant la mise en place de services e-Banking et e-Commerce, qui relèvent de la compétence des pouvoirs publics, le marché des applications mobiles devrait se diriger vers celui des Webradio, de la presse online, la visioconférence, le streaming et autres téléchargements. Autant d’applications qui permettront de tirer vers le haut la publicité sur les sites Internet algériens qui offrent des contenus élaborés (texte, audio, vidéo, téléchargements) aux internautes.

Par ailleurs, le retard pris par l’Algérie dans le lancement de la 3G pourrait être converti en avantages techniques. Les équipements à déployer seront bien plus récents que ceux des opérateurs de la région qui se sont placés sur ce segment depuis plusieurs années déjà. Tunisie Telecom qui propose la technologie de 3e génération que depuis le début du 2etrimestre 2011, s’est placée d’emblée sur la norme 3G++ du très haut débit mobile (THDM) pouvant atteindre un débit (théorique) de 42 Mbps.

L’Adsl en danger ?

Depuis son lancement en 2006 et jusqu’à à septembre 2009, le nombre d’abonnés à la 3G au Maroc a dépassé les 560.000 abonnés, contre 480.000 pour l’Adsl. L’intérêt grandissant pour l’Internet mobile au Maroc est expliqué par le faible taux de pénétration du téléphone fixe (4% de la population). En Algérie, ce taux est quatre fois plus important, mais le déploiement lent de l’Adsl et des tarifs encore élevés par rapport aux débits offerts, pourraient être incitatifs pour une bonne partie des utilisateurs.

De manière générale, la 3G a des chances de bousculer l’Adsl, en particulier pour les utilisateurs mobiles, mais également dans les zones non couvertes par le téléphone fixe. Bon nombre de clients Adsl d’Algérie Télécom, qui détient le monopole sur le téléphone fixe, pourraient migrer vers la 3G. Surtout si les conditions de qualité de service (débit et couverture) et de prix le favorisent. La question des tarifs sera tout aussi déterminante que celle de la qualité de service. Si l’abonnement à la 3G suit celui en vigueur pour la 2G (en moyenne 2.500 DA/mois les 256 Kbps, soit trois fois plus cher que l’Adsl), et si la concurrence est absente sur ce segment de la téléphonie mobile, l’évolution du parc d’abonnés au haut débit mobile risque d’être lente. Au Maroc, la bataille commerciale entre les trois opérateurs fournissant des services 3G a permis une baisse de 40% des tarifs par rapport à ceux du lancement. Outre la question des tarifs, la qualité de la connexion va également jouer en faveur ou contre l’opérateur qui se lancera vers le plein d’abonnement avant de dimensionner convenablement ses réseaux 3G.

Pour quelle mise à prix ?

Tous ces paramètres dépendront de la mise à prix de la licence 3G. Selon les déclarations du ministre des PTIC, Moussa Benhamadi, les pouvoirs publics opteraient pour un partage des revenus avec les opérateurs contre une licence à bas prix. En matière de coûts, les expériences voisines sont diverses. En Tunisie la licence 3G a été attribuée à l’opérateur historique Tunisie Telecom pour un montant de 80 millions de dollars, pour un marché d’environ 11,5 millions d’abonnés aux mobiles en 2010. Ce qui correspond à un coup de licence par abonné de l’ordre de 14,2 dollars. En Egypte, le coût de la licence 3G avait été fixé en 2006 à 578 millions de dollars pour Mobinil et Vodafone Egypt, soit en moyenne 73 dollars par abonné. Toujours en 2006, la licence 3G a coûté 40 millions de dollars à chacun des trois opérateurs marocains : Maroc Telecom, Meditel et Wana. Avec un nombre total d’abonnés de la téléphonie mobile de 16 millions à cette époque, le coût d’acquisition de la licence 3G était de 7,5 dollars par abonné. En Algérie, le nombre d’abonnés des trois opérateurs mobiles était de 30 millions à fin 2009.

Source : Maghreb Émergent au 27/09/2011

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